Affaire Benalla, mépris des Outre-mer : Yaël Braun-Pivet, nouvelle présidente de l’Assemblée nationale

vendredi 1er juillet 2022.
 

Yaël Braun-Pivet (Renaissance ex LREM) est la nouvelle présidente de l’Assemblée nationale. Elle est désormais le 4ème personnage de l’État. Mais qui est-elle ? Ancienne présidente de la commission des Lois, elle s’était illustrée au moment de l’affaire Benalla en refusant d’ouvrir une deuxième commission d’enquête à l’Assemblée nationale. En 2018, elle s’était positionnée contre la constitutionnalisation de l’IVG. Enfin, elle a préféré le confort du perchoir de l’Assemblée nationale à la défense des territoires Outre-mer. Elle ne sera restée à ce ministère que 36 jours. Notre article.

Affaire Benalla : la calamiteuse gestion de Yaël Braun-Pivet

Alexandre Benalla : un nom synonyme d’avis de tempête en macronie en 2018. L’ex-chargé de mission au palais de l’Élysée avait été licencié en juillet après avoir été identifié sur des vidéos en train de tabasser violemment des manifestants à Paris le 1er mai. Tollé général contre le chef de l’État et ses soutiens. L’affaire était trop grave. Les oppositions avaient demandé l’ouverture immédiate d’une commission d’enquête. Yaël Braun-Pivet en avait été la présidente. Organisation « partiale », minimisation de la gravité de l’affaire ont été les reproches les plus fréquents. Elle « [protégeait] le Président », selon Alexis Corbière, qui l’avait qualifiée de « Benalla de l’Assemblée nationale ».

La première commission d’enquête avait été clôturée le 1er août 2018. Après de graves informations révélées par la presse fin 2018, Yaël Braun-Pivet avait refusé catégoriquement la réouverture de la commission d’enquête. Ce, alors qu’Alexandre Benalla « disposait toujours de passeports diplomatiques, et qu’il effectuait des voyages d’affaires auprès de dirigeants africains ». Les oppositions voulaient éclaircir les liens qui auraient encore pu unir Alexandre Benalla et l’Élysée. Yaël Braun-Pivet n’avait pas hésité à accuser les oppositions de vouloir instrumentaliser l’affaire.

Une macroniste contre la constitutionnalisation du droit à l’IVG

Nous étions revenus dans nos colonnes sur le revirement d’Emmanuel Macron et ses soutiens sur le droit à l’IVG dans la Constitution. Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, a annoncé vendredi dernier le dépôt d’une proposition de loi pour constitutionnaliser ce droit. Aurore Bergé, cheffe de file des députés macronistes lui a emboîté le pas le lendemain. Que pense Yaël Braun-Pivet de cette question ? Comment un boomerang, ses positions la rattrapent : elle s’était positionnée contre en 2018.

« Je ne crois pas que l’inscription de ces droits dans la constitution, d’une part soit nécessaire, d’autre part soient utile. À mon sens, il n’est nul besoin de brandir des peurs relatives à ce qui se passe dans d’autres pays pour estimer que ces droits sont menacés dans le nôtre », avait-elle déclaré. Cette phrase résonne différemment, après la décision de la Cour Suprême américaine de s’attaquer frontalement au droit à l’IVG.

Le perchoir de l’Assemblée nationale plutôt que les Outre-mer : le mépris de Yaël Braun-Pivet

36. C’est le nombre de jours que Yaël Braun-Pivet aura passé en tant que ministre des Outre-mer. Sûrement la ministre la plus éphémère à ce poste. Plutôt le confort du perchoir de l’Assemblée nationale que la défense de ces territoires en proie aux plus grandes difficultés. La députée de la Réunion Karine Lebon (Gauche Démocrate et Républicaine) a dénoncé un mépris pour l’Outre-mer : « C’est un mépris exercé par la Macronie à notre égard. Je l’avais déjà dit : le Ministère de l’Outre-mer n’est pas un lot de consolation ».

L’enthousiasme de Yaël Braun-Pivet était pourtant palpable ce 25 mai 2022 sur France Inter. Le ministère des Outre-mer ? « Une proposition qui ne se refuse pas » expliquait-elle aux journalistes Léa Salamé et Nicolas Demorand. « Il faut prendre le temps de construire l’avenir avec les gens. C’est ce que je ferai sur chacun de ces territoires. […] Le portefeuille des Outre-mer est le plus beau portefeuille qui soit. » Jean-Hugues Ratenon, député LFI de la réunion, n’a pas caché son agacement : « Encore une fois, nous constatons que l’Outre-mer est une variable d’ajustements. […] L’Outre-mer ne l’intéressait pas et d’ailleurs est-ce que l’Outremer intéresse véritablement ce gouvernement ? ». En espérant que, dans sa nouvelle fonction, Yaël Braun-Pivet ne se rendra coupable ni de mépris, de partialité.


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