FLEXISECURITE DANOISE : LE CONTE ET LA REALITE

lundi 17 septembre 2012.
 

Les grands médias, la droite libérale et maintenant le gouvernement Ayrault vantent la flexisécurité danoise. Bruxelles veut la mettre en œuvre partout. Etudions là.

UNE FLEXIBILITE TOTALE (et pourtant jugée insuffisante !)

- Code du travail réduit au minimum ; pas de salaire minimum
- On peut licencier pratiquement sans préavis
- Très faibles indemnités de licenciement, 0 pour moins de 12 ans d’ancienneté

Remarque : les indemnités sont un des principaux freins aux licenciements en France. Le MEDEF cherche avant tout à les rendre plus économiques.

- En 2003 25 % des danois ont changé de travail (on se demande comment on peut gérer efficacement des entreprises avec une telle rotation !).

Les indemnités chômage : elles ne sont pas de 90 % pendant 4 ans

- Seule la 1ère année est à 90 % et pas pour tout le monde : le plafond fait perdre plus de 10 % à beaucoup, il faut 52 semaines de travail au cours des 3 dernières années (pas facile à atteindre avec 25 % de mobilité par an)...

Remarque : en France avec le préavis, les indemnités de licenciement et les ASSEDIC, les conventions collectives, on peut toucher nettement plus la 1ère année.

- Après 6 mois ou 1 an commence la période « d’activation » dans laquelle il faut accepter ce qui est proposé ou est fortement pénalisé.

26 % gagnent moins de 70 euros par semaine.

LE TAUX DE CHOMAGE REEL N’EST PAS DE 5 à 6 % Le chiffre officiel du chômage ne tient pas compte de beaucoup de salariés en retraite anticipée, considérés comme inadaptables...D’après le syndicat LO, la réalité est de l’ordre de 12 ou 14 %.

Le rapport Parlementaire français (9 novembre 2004) donne des chiffres suivants :

LE CHÔMAGE AU DANEMARK

Chômeurs 190.000 8,1%

Chômeurs en activation 38.000 1,6%

Chômeurs en fin de droit pris en charge par l’aide sociale 43.000 1,8%

« Passifs » (autres problèmes que le chômage) 95.000 4,0%

Réinsertion 33.000 1,4%

Stagiaires 32.000 1,4%

Retraites anticipées et temps partiel 185.000 7,9%

Retraites anticipées 260.000 11,1%

Congés maladie 77.000 3,3%

La clé de voûte du modèle danois : LA PUISSANCE SYNDICALE

- 80 % des salariés sont syndiqués. A l’échelle de la France c’est comme s’il y avait 22 millions de syndiqués. La principale centrale syndicale est LO,

- 1700 000 membres, équivalent en France de 19 millions.

Une rigidité dont le gouvernement et le MEDEF ne parlent pas : les employeurs sont obligés de n’embaucher que des syndiqués (remarque : ceux qui vantent le modèle danois sont-ils prêts à contraindre les entreprises à embaucher uniquement les syndiqués CGT, ou CFDT ou FO... ?)

C’est ce rapport de forces qui uniformise les avantages, rétablit dans les conventions collectives ce qui n’existe pas dans la code du travail et permet aux danois d’avoir les salaires les plus élevés d’Europe

QUELQUES AUTRES SPECIFICITES DANOISES

- Le Danemark ne fait pas partie de l’Euro, et peut donc maîtriser sa politique monétaire. Il échappe à la politique de la BCE qui fait perdre tant d’emplois (euro fort qui pénalise l’exportation, désindustrialise...).

C’est en créant ou ne perdant pas des emplois que le Danemark fait reculer le chômage et non par la flexibilité

- Les prélèvements obligatoires sont nettement plus importants qu’en France, la TVA est à 25 %, la tranche marginale de l’impôt sur le revenu de 60 %.

Remarque : on entend parfois dire qu’appliquer le modèle danois consisterait à diminuer les charges des entreprises et augmenter la TVA. Ce serait une nouvelle baisse du pouvoir d’achat au profit des actionnaires. Au Danemark il y a un autre équilibre car les salaires sont infiniment plus élevés qu’en France :

LE CLASSEMENT DES PREMIERS PAYS EUROPÉENS SELON LE SALAIRE HORAIRE MÉDIAN BRUT

Rang Pays Ratio du salaire médian

1 Danemark 100

2 Suisse 79

3 Luxembourg 72

4 Norvège 69

5 Allemagne 63

6 Pays-Bas 61

7 Italie 60

9 Royaume-Uni 58

12 Suède 54

13 Belgique 52

14 France 51

Source : FedEE.cité par le rapport parlementaire

- Le Danemark est exportateur de pétrole et de gaz : ramené à l’échelon de la France ce sont 30 / 40 milliards d’euros qui rentrent dans les caisses.
- Très fort secteur public
- Bonne éducation de la jeunesse
- Un certain protectionnisme Pour l’instant le Danemark s’est épargné une bonne partie des erreurs commises par la France et autres participants à l’Euroland. Mais est-ce durable ?. Pas sûr du tout

LE MODELE DANOIS MENACE

Le gouvernement danois se veut le meilleur élève de Bruxelles, ce qui implique la remise en cause des avantages des salariés

- Le monopole d’embauche syndical source de sa puissance est l’objet de critiques depuis des années par la droite, le patronat...

- On veut réduire la formation initiale au profit de l’apprentissage tout au long de la vie (toute ressemblance avec notre « socle minimum »...)

- On veut passer l’âge légal de la retraite à 67 ans

- Durée du travail (proche de la France) jugée insuffisante par l’OCDE...

- Le volet « sécurité », les indemnisations menacées :

- La durée d’1 an à 90 % est en débat car jugée trop longue.

- On parle d’abaisser le plafond d’indemnisation du chômage...

- La protection sociale serait trop généreuse, donc pas assez incitative

- La flexibilité est jugée insuffisante : les danois renâcleraient à prendre leur baluchon et à changer de région à tout propos

D’une façon générale l’Etat providence est menacé

En France la flexisécurité et la « sécurisation des parcours professionnels » sont au programme de tous les gouvernements depuis Chirac.

Nous refusons que le « modèle » danois soit un prétexte à instaurer la précarité

- En France il n’y a pas 20 millions de syndiqués. Dans beaucoup d’entreprises le contrepoids syndical est quasi inexistant, parfois il n’y a pas de convention collective.

En France c’est LA LOI, LE CODE DU TRAVAIL QUI ASSURENT UN MINIMUM DE DROITS POUR TOUS LES SALARIES

- En France le contrat normal, c’est le CDI. Le projet de MM Sarkozy, Fillon...de le dénaturer en « non contrat » danois ou en CNE / CPE à vie est inacceptable

- L’aspect sécurité au Danemark coûte cher car il concerne en permanence 25 % des salariés. Si on voulait l’appliquer, il faudrait mettre 30 milliards d’euros de plus dans les ASSEDIC, la formation.... A défaut du modèle danois il reste uniquement l’absence de droits, la précarité, digne d’un pays sous développé

- La meilleure « activation » de l’emploi, la moins coûteuse, c’est de garder son emploi et non d’être indemnisé 4 ans. Il faut résister au MEDEF qui veut pouvoir licencier vite et avec des indemnités symboliques. Il faut conserver la contribution Delalande qui limite les licenciements des plus de 50 ans

La solution ce n’est pas d’accroitre la flexibilité, la précarité,

La solution c’est de CREER DES EMPLOIS


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