Déclaration finale et intervention de Marc Dolez (député socialiste) lors du FORUM « Maintenant, à gauche ! » du 24 novembre 2007 avec Buffet, Mélenchon, Aschieri, Autain, Billard, Coquerel, Coupé, Debons, Defaix, Dolez, Lienemann, Picquet, Salesse...

mardi 4 décembre 2007.
 
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1) Déclaration finale au nom de tous les organisateurs

Cette journée débat vient de mettre en évidence à quel point les questions de résistance à la mise en œuvre du projet sarkozien et celles de la construction d’une alternative politique de transformation sociale ne pouvaient être dissociées. Elle l’a fait dans la diversité des expériences, la diversité des acteurs sociaux, des sensibilités politiques, des personnalités des intervenant-e-s ...

Sans réduire la pensée des uns et des autres, il en ressort l’impossibilité de hiérarchiser mobilisations et perspective politique parce que les mobilisations sont non seulement impératives pour mettre en échec la déconstruction du modèle social hérité des 60 dernières années mais aussi parce qu’elles sont de puissants accélérateurs d’idées.

Mais il en ressort simultanément l’impossibilité d’esquiver la question politique, la question du contenu du projet de transformation et la question de la construction de la force pour le porter. La somme des mobilisations ne fait pas le projet. Et sans projet les mobilisations perdront beaucoup en portée transformatrice.

1 - Nous trouvons ainsi dans nos débats d’aujourd’hui une ample confirmation de la conviction qui avait animé notre appel au début de l’été dernier : « l’objectif est de faire converger l’ensemble de la gauche de transformation sociale pour que son projet renouvelé ambitionne de devenir majoritaire à gauche. Pour y parvenir, pas d’échappatoire : il faudra bien que cette gauche devienne de façon durable force politique ». Cet objectif est d’autant plus indispensable que se poursuit le glissement de la direction majoritaire du PS dans ses renoncements.

Voilà notre cap : aller vers une nouvelle force politique, pour une gauche de transformation sociale, assumant tout simplement la mission historique des forces d’émancipation et de justice. Rien de plus mais rien de moins. Parce que plus que jamais la construction d’un nouveau projet émancipateur appelle une confrontation des cultures politiques des formations instituées et des multiples mouvements sociaux intervenant dans les champs du social, du féminisme, de l’écologie, de l’altermondialisme... Il appelle un ancrage dans le mouvement social. Il s’agit de capitaliser ce qui a déjà été fait et aller au delà, inventer le dépassement de la forme dominante d’un capitalisme mondialisé et financiarisé comme jamais, réconcilier exigences écologiques et développement économique, fonder l’efficacité sur le développement des capacités humaines, renouveler la démocratie et s’appuyer sur ce qu’il y a de progressiste dans nos fondements républicains

2 - Nous trouvons aussi dans nos débats des éléments qui enrichissent et parfois compliquent notre réflexion.

L’enrichissement très encourageant réside dans l’élargissement du nombre de celles et ceux qui désormais se placent dans cette même perspective d’une nouvelle force rassemblée, dans la curiosité et l’intérêt qu’elle suscite, les débats qu’elle provoque dans toutes les sensibilités. Il réside aussi dans l’occasion à saisir que représentent le retour de la question européenne et la nouvelle bataille du référendum pour montrer la nécessité du rassemblement et relancer les initiatives unitaires.

Mais en même temps, nous constatons que les traumatismes de la division de la séquence présidentielle sont loin d’être résorbés et que le passage à une nouvelle étape ne se décrète pas. La fragmentation des forces antilibérales, le repli sur soi, identitaire ou la polarisation sur des débats internes qui ont par ailleurs leur pleine légitimité ne facilitent pas les rapprochements que nous pouvions souhaiter beaucoup plus rapides. Et pas plus qu’hier, aucune force ne peut prétendre reconstruire aujourd’hui ou demain autour d’elle. Aucun parti ne peut prétendre détenir à lui seul les clés de la synthèse et de la reconstruction politique.

Pourtant nous continuons à penser que le temps nous est compté. La période permettant de prendre appui sur un niveau élevé de critique sociale, d’ambitions transformatrices, de courants d’opinion et de réseaux mobilisés n’est pas indéfiniment extensible et le projet Sarkozien est précisément d’aller vite pour en finir avec un pareil contexte.

3 - C’est pourquoi nous appelons à se fixer aujourd’hui ce cap, cette perspective, la construction d’une force cohérente et durable, une nouvelle force politique, pluraliste, autour d’un projet de transformation sociale. Nous ne préjugeons pas des cheminements et des agendas mais nous sommes déterminés sur le résultat.

C’est dans cet esprit que nous vous proposons de nous atteler à quelques tâches qui permettent d’engager ce processus.

- La première est d’aller en 2008 vers la perspective des ETATS GENERAUX de toutes les forces de transformation sociale ... et si les questions les plus susceptibles de nous rassembler à ce stade sont celles du contenu des politiques alternatives, du projet alternatif, plaçons-les au cœur de nos débats et avançons ensemble. Sans préalable à ce stade sur les réflexions en cours des uns et des autres sur la stratégie pour le porter. Sans protocole, sans concurrence d’initiateurs, concrétisons en 2008 ces Etats généraux. Et nous proposons d’ores et déjà la mise en place d’un COMITE UNITAIRE DE PREPARATION qui garantisse le pluralisme et l’ouverture de cette grande initiative.

- La seconde est d’initier partout des espaces de débats avec le type de démarche que MAG a tenté de mettre ici en œuvre aujourd’hui. Nous savons les ravages de la division et les tentations de repli. Nous voulons inverser cette tendance, faciliter les rencontres, faire converger les énergies, créer des carrefours. Il ne s’agit surtout pas de rajouter une structure miniature à un paysage suffisamment fragmenté. Quelles qu’en soient les modalités ou les appellations, nous suggérons de susciter partout une démarche de dialogue entre formations et sensibilités politiques, collectifs ou comités, réseaux, militants et citoyens...pour retisser des liens et débattre du type de perspective commune auquel travailler ensemble.

- La troisième est de saisir toutes les occasions de mobilisation sociale pour proposer et débattre des alternatives nécessaires et de faire de la campagne pour l’exigence d’un référendum sur le nouveau Traité européen un axe fort de l’action commune de la gauche de transformation.

Avec ces propositions, nous en appelons donc à toutes et tous pour construire une dynamique réunissant les conditions de l’apparition d’une nouvelle force politique.

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3) Intervention de Marc Dolez, Député socialiste du Nord et animateur du réseau Forces Militantes

« Mes chers camarades,

Pour rentrer immédiatement dans le vif de mon propos, je dirai qu’il y a urgence à enclencher le processus de construction d’une nouvelle force politique à gauche, urgence dictée à la fois par la situation politique et sociale, dont nous partageons largement l’analyse, et par l’état actuel de la gauche.__ La construction de cette nouvelle force politique est en effet indispensable pour porter le projet de transformation sociale, que je crois aussi nous appelons largement de nos vœux, pour imposer majoritairement à gauche la rupture avec toutes les politiques économiques menées depuis 25 ans, c’est-à-dire depuis le tournant libéral de 1983.

Avant de savoir avec qui construire cette nouvelle force, il faut d’abord répondre à la question : pour quoi faire ? Nous y avons répondu pour l’essentiel dans le courant de la journée, ce qui exclut de construire une chapelle de plus tout comme l’idée d’un parti de toute la gauche qui irait des communistes au Modem !

Cette nouvelle force a donc vocation à rassembler toutes les forces de la transformation sociale, qui peuvent venir d’horizons différents : républicains, communistes, écologistes, altermondialistes, féministes... et bien sûr socialistes.

A cet égard, et s’il était besoin de vous rassurer, je vous indique qu’au Parti Socialiste il y a beaucoup de militants qui ne se résignent pas et qui ne renoncent pas, beaucoup de militants qui veulent lutter contre le capital et son système. S’ils n’ont pas encore renoncé à se battre à l’intérieur du Parti Socialiste, beaucoup, dont je suis, ne se font plus guère d’illusions sur la possibilité d’enrayer sa mutation en parti démocrate et la possibilité de le replacer au cœur de la gauche.

Pour réussir la construction de cette nouvelle force politique, la participation de socialistes, aux côtés de beaucoup d’autres, est absolument indispensable, comme cela a été le cas, il y a 2 ans, dans la bataille du non au T.C.E.

Construire cette nouvelle force, c’est en réalité refuser le bipartisme actuel : nous le constatons aujourd’hui de manière affligeante, que cela soit sur les retraites, l’université et le traité européen, UMP et PS sont d’accord sur le fond, mise à part la méthode !

Nous, nous affirmons que droite et gauche ont de profondes divergences sur le fond. Il y a urgence à engager le processus car la situation l’exige et c’est pourquoi je ne pense pas qu’il faille attendre davantage pour en afficher clairement la perspective et prendre des initiatives en ce sens.

Attendre davantage ne faciliterait rien, car il y aura toujours une bonne raison d’attendre : une échéance électorale, le congrès de telle ou telle organisation. Cela pourrait être l’une des conclusions de notre journée, nous pourrions par exemple décider de l’organisation d’Etats Généraux de la gauche pour la transformation sociale et ce dès le printemps 2008.

Dans la période qui vient, il importe aussi de jeter les bases de cette nouvelle force en menant ensemble la bataille pour l’exigence démocratique du référendum et refuser que la souveraineté populaire soit bafouée. Dans le débat sur l’avenir des retraites, nous devrions ensemble récuser l’idée de devoir travailler plus longtemps et plaider pour un alignement par le haut.

Le parti que nous avons à construire doit être à la fois celui de la protestation et de la proposition.

C’est notre responsabilité collective, une responsabilité historique, que de participer à cette construction. Si non, qui d’autre le fera ?

Parce que cette perspective répond à une aspiration profonde de notre peuple, nous allons la concrétiser. Alors, au travail ! »


RAPPEL : PROGRAMME DU FORUM TENU LE 24 NOVEMBRE

1) Programme : Comment résister à l’offensive de Sarkozy ? Où va la gauche ? Comment reconstruire l’espoir ? Vers une nouvelle force politique ? Forum-débat le 24 novembre

Au mois de juin 2007, au lendemain de la victoire de la droite, nous avons créé Maintenant, A GAUCHE !, club de réflexions et d’initiatives pour contribuer à la reconstruction d’une gauche de transformation. Face à la contre-révolution libérale-conservatrice de Sarkozy, devant l’atonie d’une gauche social-libérale en refus d’alternative, alors que les résistances sociales se développent, il y a urgence à faire converger les forces de toutes celles et tout ceux qui ne se résignent pas à l’ordre injuste dominant. Oui, il est grand temps de faire du neuf à gauche !

Texte de l’Appel consultable sur www.maintenantagauche.org

Pour prendre contact : maintenantagauche@orange.fr

9h30-18h00

Au Caveau de la République

1 bd Saint Martin Paris - Métro République

Accueil : 9H30

Introduction de la journée : 9h45-10h00.

1 - Table-ronde : Table-ronde 1 : Le mouvement social au défi de la contre-révolution néo-conservatrice : comment résister à l’offensive tous azimuts de Sarkozy ? (10h-12h00)

2) Table-ronde 2 : Où va la gauche ?

Au-delà des résistances, comment porter un nouveau projet de transformation répondant aux défis de notre temps ? Comment reconstruire l’espoir ? (13h30-15h30)

3) TEMOIGNAGES et INTERVENTIONS - De la résistance à l’alternative : vers une nouvelle force politique pour une gauche de transformation sociale ? (15h30-17h30)

Témoignages : un représentant de Die Linke (Allemagne) et du Bloc de Gauche (Portugal)

Interventions en faveur d’une force nouvelle.

Conclusion.

> Avec :

* Gérard ASCHIERI (FSU)

* Clémentine AUTAIN (féministe, élue de Paris)

* Martine BILLARD (députée Les Verts)

- Jean Jacques > BOISLAROUSSIE (Les Alternatifs)

- Bernard CALABUIG (PCF)

- Pierre > CARASSUS (MARS-GR)

- Pascal CHERKI (PS)

- Eric COQUEREL (Mars - > Gauche Républicaine)

- Annick COUPE (Solidaires)

- Claude DEBONS > (ancien responsable syndical)

- Bernard DEFAIX (Convergences > Services Publics)

- François DELAPIERRE (Pour la République > Sociale)

- François DESANTI (CGT Chômeurs)

- Hayat DHALFA (Mars- > GR))

- Marc DOLEZ (Force Militante - député PS)

- Didier ERIBON (philosophe)

- Charlotte GIRARD (Pour la République Sociale)

-  Jacques GENEREUX (économiste, PS)

- Jean Marie HARRIBEY (ATTAC)

- Pierre KHALFA (militant syndicaliste et altermondialiste)

- François LABROILLE (élu régional Ile de France)

- Frédéric LEBARON (Raisons d’Agir)

- Marie Noëlle LIENEMANN (membre de Gauche Avenir - députée européenne PS)

- Roger MARTELLI (PCF)

- Jean Luc MELENCHON (PRS)

- Claude MICHEL (syndicaliste CGT spectacle)

- Christian PICQUET (LCR Unir)

- Christophe RAMAUX (économiste)

- Yves SALESSE (coordination collectifs antilibéraux)

- Francis SITEL (courant UNIR LCR)

- José TOVAR (syndicaliste)

- Catherine TRICOT (PCF)

- Marie Pierre VIEU (PCF)

- Claire VILLIERS

- un représentant de la LCR

- un représentant de AC LE FEU,

- des responsables d’associations de chômeurs

- des responsables syndicaux de différents secteurs

- des acteurs politiques et sociaux, etc.


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