La guerre d’usure de la Turquie dans le nord de la Syrie

mercredi 24 août 2022.
 

La Turquie multiplie les attaques dans les zones kurdes, mais une action d’envergure se heurte aux réticences de Washington, de Moscou et de Téhéran.

La menace d’une offensive dans le nord de la Syrie, agitée depuis mai par le président turc, Recep Tayyip Erdogan, ne s’est pas encore matérialisée. Son projet de prolonger la « zone de sécurité », profonde de 30 kilomètres, que l’armée turque et ses supplétifs syriens ont conquise depuis 2016, se heurte aux réticences des Etats-Unis et de la Russie. Il s’agissait alors de chasser les combattants kurdes syriens des Unités de protection du peuple (YPG) – la principale composante des Forces démocratiques syriennes (FDS), qui contrôlent le Nord-Est syrien. Dans l’intervalle, la Turquie se livre à une guerre d’usure contre la milice kurde, qu’elle considère comme un groupe terroriste lié au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Plus un jour ne passe sans des bombardements et des attaques au drone contre les combattants kurdes, qui font aussi de nombreuses victimes civiles. De la ville de Kobané, que les forces kurdes ont reprise à l’organisation Etat islamique (EI) en 2015 avec l’appui de la coalition internationale emmenée par Washington, à Kamechliyé, plus aucune zone n’est épargnée. Selon le dernier décompte du collectif Airwars, qui répertorie uniquement les victimes civiles, il y aurait au moins 54 attaques ayant fait près de 120 victimes depuis le début de l’année.

Les combattants kurdes vivent sous la menace des drones turcs. Le Centre d’information du Rojava, basé à Kamechliyé, a répertorié au moins 68 attaques au drone depuis le début de l’année, qui auraient fait au moins 41 morts et 77 blessés. « Au cours de l’année écoulée, la Turquie a étendu sa campagne de drones dans le nord-est de la Syrie et le nord de l’Irak. Nombreux au sein des forces kurdes considèrent que cela relève d’un accord tacite entre la Turquie et les Etats-Unis, comme alternative à la poursuite par la Turquie d’une offensive terrestre », affirme Dareen Khalifa, du centre de réflexion International Crisis Group (ICG).


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