Débat Quatennens Grégoire : deux visions du monde économique

mardi 6 septembre 2022.
 

C’est une ministre macroniste, Olivia Grégoire, qui n’en finit pas de citer Lénine (sans le nommer), en affirmant que « les faits sont têtus ». Comme Clément Beaune et Marlène Schiappa, la ministre déléguée chargée des petites et moyennes entreprises a accepté la proposition de débat de LFI. C’est avec le député du Nord Adrien Quatennens que la joute a eu lieu, sur le thème : « Que faire face à la vie chère ? »

Pendant une heure et demie, dans une ambiance tendue, entrecoupée par les protestations des Insoumis, elle a martelé des chiffres censés relativiser la situation – l’inflation en France, de 6 %, est plus faible que celle des pays européens voisins – et valorisé les « 45 milliards de pouvoir d’achat rendus aux Français » grâce à la loi Pouvoir d’achat, en revendiquant se situer du côté du « réel », et pas de « l’idéologie ».

Le mérite du débat, nettement plus conflictuel que les précédents : deux visions du monde économique sont apparues très clairement. Quand Adrien Quatennens interpelle la ministre sur le fait qu’« en dix ans, les dividendes ont progressé de 70 %, les salaires de 10 % et l’investissement productif a reculé de 5 % », elle réplique : « Que les dividendes augmentent, c’est une bonne nouvelle les amis, ça veut dire que notre économie se porte bien ! Ces dividendes sont taxés à 30 %. Alors oui, je préfère qu’on taxe un peu beaucoup de dividendes, que beaucoup très peu de dividendes. »

La revendication de taxer les superprofits, débattue à l’Assemblée avant l’été, n’est pas oubliée. « Vous considérez que vous vous adressez aux plus possédants comme à des gens vertueux, alors qu’ils font des choix de rente, et des choix de classe », conclut Adrien Quatennens.

À la sortie du débat, Jean-Louis et Madeleine Martin, couple d’enseignants à la retraite venus de Perpignan, maugréent contre le « catéchisme » récité par Olivia Grégoire. Qu’elle prétende à l’objectivité les fait doucement rigoler : « C’est l’idéologie dominante. D’habitude, elle n’a même pas besoin de forcer. » Tous deux reçoivent une pension de 1 600 euros par mois, ce qui fait d’eux « des possédants », sourient-ils. Ils ressentent pourtant déjà les effets de l’inflation. Et ce n’est pas la ristourne de 30 centimes sur le litre d’essence qui les fera changer d’avis. « Quand on voit ce qu’on pourrait faire si on était au gouvernement, j’en pleurerais », conclut la militante.

Mathieu Dejean


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