La NUPES, formidable outil pour l’avenir, à l’épreuve du feu.

dimanche 4 septembre 2022.
 

Quel avenir pour la NUPES 6 ? Pas de victoire électorale pour la gauche unie, mais avons-nous pour autant perdu ?

Une longue séquence électorale vient de se terminer, avec pas moins de deux élections majeures et quatre tours de vote. Après le verdict des urnes, une nouvelle séquence va s’ouvrir. Quelles images retenir de cette période que la scène politique vient de traverser ? Côté pile : un Macron réélu malgré tout, une extrême droite qui se renforce et qui rentre en nombre dans l’Assemblée. Côté face : l’espoir soulevé par la campagne de l’Union Populaire lors de la Présidentielle, l’union historique de la gauche et le doublement de son nombre de députés.

Disons-le d’emblée, notre camp, celui des humanistes, celui de la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale (la NUPES) n’a pas gagné. Jean-Luc Mélenchon n’est ni Président, ni Premier Ministre. Macron est installé à l’Elysée pour cinq ans de plus, et malgré l’absence de vote de confiance et de majorité, c’est bien son gouvernement qui reste en place. Pas de victoire certes, mais avons-nous pour autant perdu ?

Pour se faire un avis, il faut jeter un coup d’œil dans le rétroviseur et se rappeler dans quelle situation nous étions en début d’année 2022. Macron paraissait alors intouchable et une majorité aux ordres à l’assemblée nationale lui semblait promise. Zemmour nous montrait qu’on pouvait faire pire que Le Pen dans l’obsession identitaire renforçant ainsi la place du discours sécuritaire. De son côté, la gauche ne semblait pas en mesure de définir une ligne d’union (lire ici) avec pas moins de quatre candidats (Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot, Fabien Roussel, Anne Hidalgo), voire cinq si on ajoute le cirque de la primaire populaire. Aucun d’eux ne semblait en mesure de dépasser 10% de votants. Les législatives promettaient d’être un jeu de massacre pour une gauche désunie. La dispersion des candidats, compte tenu du mode de scrutin des législatives, aurait sans doute éliminé la gauche dans de nombreux cas et par là-même offert une large majorité à Macron.

A regarder ainsi le passé, la situation actuelle peut paraître rassurante.

Le score de l’Union Populaire et de Jean-Luc Mélenchon, à près de 22% et quelques 400 000 voix du second tour, a constitué une vraie réussite. Une grande partie des classes populaires et diplômées, des ultra-marins, des jeunes se sont retrouvés autour d’un programme clair de rupture. Ce score porteur d’espoir a permis d’accélérer de manière inattendue les discussions de la gauche politique (lire ici). Les quatre principales forces de gauche ont réussi à s’unir, enfin, a-t-on presque envie d’écrire. Un outil extraordinaire en est né : la NUPES (Nouvelles Union Populaire Écologique et Sociale).

Pour réaliser cette alliance, une clarification de l’orientation politique était indispensable. Seules les urnes, et donc les électeurs, pouvaient l’apporter. Des lignes de fracture qui remontaient au quinquennat Hollande, voire au “non” de 2005 ont pu être tranchées. Citons principalement : le niveau de rupture nécessaire avec l’ordre économique pour plus d’égalité et de biens communs ; la place à donner à la bifurcation écologique - essentielle - et enfin les questions européennes et démocratiques - une nécessaire refonte de la république et de l’ordre européen.

Cette clarification n’empêche pas, bien au contraire, le nécessaire débat tant sur le contenu que sur la forme. Le surgissement de l’inflation dans le champ économique oblige nécessairement à repenser certaines parties du programme, tout comme le contexte politique pousse à chercher le juste positionnement d’opposition, de propositions, de style…

La NUPES a également permis la réconciliation de notre famille. Comme le souligne Clémentine Autain dans un beau billet, (Lire ici) la NUPES c’est : “des insoumis qui cherchent des alliés pour être majoritaires, des écologistes qui choisissent l’ancrage à gauche, des socialistes qui assument de reprendre le fil de leur histoire au long cours, des communistes qui, après une présidentielle d’auto-affirmation, renouent avec le rassemblement.” Échanger de manière régulière ne gommera pas les divergences, mais permettra de mieux les comprendre et de les aplanir. Notre camp qui met en avant la richesse de la diversité ne peut exiger une ligne unique dans ses idées et ses combats.

Enfin, la NUPES est efficace puisqu’elle nous a permis de virer en tête au premier tour des législatives. C’est pour cela que nombreux sont ceux qui veulent défaire cet édifice nouveau. Il a fait trembler la droite lors des législatives et l’assaut médiatique qui s’en est suivi confirme cette crainte. Dès la rentrée, nos adversaires politiques, la droite et l’extrême droite, n’hésiteront pas à nous décrédibiliser et à chercher des maillons faibles. Leurs nombreux relais médiatiques monteront en épingle de légères divergences pour faire éclater l’union. Ils tendront avec une grande bienveillance leur micro à ceux qui se proclament d’une “autre gauche”, qui n’est rien d’autre, l’expérience nous l’a montré, qu’une droite de remplacement quand celle-ci n’est plus en position de prendre le pouvoir. Pensons ici à l’extrême mansuétude dont bénéficient Cambadélis, Le Foll et Hollande alors qu’ils ne représentent presque plus rien ou presque (les 1,7% d’Hidalgo au premier tour).

Face à ceux-là, il faudra être solide. Ils ne laisseront rien passer. Les attaques concertées contre Mathilde Panot, offensives qui prennent le relai de celles contre Jean-Luc Mélenchon, démontrent bien qu’ils n’attaquent pas une personne, mais bien des idées et les changements qu’elles portent. L’existence de la NUPES permet de mieux se défendre collectivement face à leurs assauts.

Cette union, il nous faudra aussi la protéger pour la suite. C’est dans le feu de l’action que se forgent les vraies alliances. La campagne a été un premier test et l’attelage a tenu. Les premiers débats à l’Assemblée un second, et jusqu’à présent, malgré des différences, l’Union fonctionne. Ces premières semaines du nouveau Parlement nous montrent ce qu’on pouvait craindre depuis longtemps : l’extrême droite (RN) peut être un allié pour la droite (LR et LREM). Leur vision du monde économique et de l’ordre politique se rejoignent. Face à des puissants blocs libéraux et identitaires, il faudra que notre bloc populaire, social et écologique demeure uni (pour les trois blocs : lire ici). La division est un luxe que nous pourrons nous permettre.

Grâce à la NUPES, nous n’avons donc pas perdu. Mais nous n’avons pas pour autant gagné. Nous ne sommes que le deuxième bloc à l’assemblée. Alors que nous reste-t-il à faire pour la suite ?

Pour être majoritaire, il sera sans doute nécessaire de conserver nos terrains victorieux et d’aller chercher ceux qui nous manquent : abstentionnistes, “fachés pas fachos”, ce qu’il reste du centre gauche encore perdu chez Macron. Pour faire vivre la NUPES, il sera nécessaire d’y inventer des modes de délibération et d’ouvrir grand les portes aux mouvements sociaux. Sans aucun doute, le travail est immense, mais au regard de celui qui vient d’être accompli, il nous paraît enfin possible.

MattiefloNogi


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