"Macron détruit notre futur avec méthode" (Jean-Luc Mélenchon)

mercredi 7 septembre 2022.
 

Me revoilà devant mon clavier. Ces AMFIS d’été ont été un extraordinaire moment de masse et d’amitié. Dans la société du bruit en continu où un clou chasse l’autre on oublierait nous-mêmes trop vite ce que cela a représenté d’accueillir 5 000 personnes pendant trois jours et d’en inviter 150 à nous alimenter de débats et conférences, de mener tranquillou un petit festival de musique et de mobiliser 400 bénévoles pour faire tourner le tout nuit et jour.

Un point pour nous : nous avons imprimé nos thèmes politiques sur la rentrée. L’action plutôt que la résignation : taxation des superprofits (une pétition est disponible en ligne) et marche contre la vie chère.

Samedi, je m’exprime à la Braderie de Lille dans le stand des Insoumis-Nupes aux côtés des députés Quatennens et Bernalicis. Je réserve donc un peu de mes pensées pour ce moment.

Ici, pour ce post de retour, je jette un rapide coup d’œil. Je me souviens des macronistes ignorant avec mépris les alertes et propositions de notre campagne présidentielle sur les dangers du nucléaire ukrainien. Et voilà, six mois après, Laurence Boone, ministre macroniste, interrogée sur ce risque. Elle reconnait enfin qu’il y a un problème. Puis elle affirme la nécessité d’un contrôle sur place. Ça tombe bien : ça a déjà été décidé et c’est en cours. On lui demande s’il faut aussi envoyer des casques bleus sur place « comme le propose Mélenchon ». Réponse pavlovienne : « pas de démagogie ! ». Un ministre macroniste sait-il parler sans insulter ? La Première ministre nous insulte, le Garde des Sceaux insulte Aymeric Caron. Tous éructent, invectivent à tout propos. Ils sont vulgaires et grossiers comme des hobereaux qui méprisent tout ce qui n’est pas leur caste.

Où est la démagogie dans ma proposition ? Notez le nom de cette dame ministre. Vous saurez qui appeler si une centrale ukrainienne est frappée par la guerre. Mais peut-être qu’elle ne sera plus ministre. Chez Macron c’est : « Après moi le déluge ». Et comme le déluge arrive vite… D’autant qu’ils ont peur. Selon le « Canard enchainé », Macron a réuni ses candidats battus aux législatives pour leur demander de se préparer à y retourner. La dissolution reste une menace pour eux aussi. Nous ? « On est prêt ! »

De son côté, à peine rentré d’Algérie Macron convoque un « Conseil de Défense ». Mais ce n’est pas pour parler de la guerre en Ukraine ni du réarmement de l’Allemagne ni de la répartition des tâches de fournitures militaires aux Ukrainiens entre Hollandais et Allemands annoncée par le chancelier Olaf Scholz. Ce n’est pas non plus pour parler du gaz et du pétrole algérien dont il avait oublié d’aller négocier les livraisons quand je le proposais (« démagogie » ?).

Scotché dans les mœurs du début du siècle dernier, il croyait qu’il suffisait d’aller à Alger pour donner des consignes et aussitôt être obéi. Il vient de réaliser que l’Algérie est indépendante et qu’on ne l’impressionne pas facilement. Et que les Italiens sont passés avant lui avec une bonne offre pour leurs achats d’énergie. Donc pas de pétrole ni de gaz algérien pour le monsieur de Paris. Et comme 29 réacteurs sur les 56 de la merveilleuse industrie nucléaire sont fermés, ça craint beaucoup pour l’approvisionnement du pays qui lui n’est plus aussi indépendant qu’il a été.

Adieu les couplets sur le nucléaire production constante, sûr et pas cher. À cause du nucléaire et du sous-équipement en énergie alternative, la France va revenir à la bougie. Et mieux vaudrait que ce soit aussi dans les cavernes. N’hésitez pas en effet à acheter une caverne avant l’hiver si on vous en propose parce que c’est mieux isolé grâce à l’épaisseur de la roche que les logements passoires thermiques. Ceux-là, cet hiver, peuvent être mis en location comme chambre froide puisque le chauffage sera ou bien impossible ou bien hors de prix. Telle est la magnifique société néolibérale, le marché, le capitalisme et toutes ces choses magnifiques grâce auxquelles la fin de l’histoire peut-être en vue dans un sens que n’avait sans doute pas imaginé l’Américain auteur de la formule.

Le nez sur le guidon, qui voit la pente désormais irréversible prise par le pays sous la direction macroniste ? Après l’effondrement de l’hôpital public, voici celui de l’école publique. Crève-cœur total. L’école c’est la deuxième famille de chacun. C’est la garantie de la progression des savoirs, de l’éducation et de l’instruction de chacun de nos petits. C’est la France de 2035 au niveau bac. Macron détruit notre futur avec méthode pour faire naitre son monstrueux projet de société néolibérale.

Ce désastre s’accompagne plus discrètement de la mise en panne de pans entier de l’appareil des services publics dont on découvre à quel point nombre sous estimait leur importance. Exemple encore : météo France saccagé. Et ainsi de suite. Pan par pan, tout dysfonctionne (sauf les sirènes hurlantes des policiers à Paris à certaines heures), tout marche de plus en plus mal. La tiers-mondisation matérielle du pays est largement engagée. Bientôt, ce seront les rationnements d’énergie électrique et de gaz, les pannes du système de l’eau courante, et combien des autres choses les plus banales acquises par les efforts du passé.

Une telle faillite engagera la responsabilité du gouvernement comme on l’a vu avec la gestion de la pandémie de covid. En effet, des citoyens ont pu engager une saisine de la Haute Cour de Justice contre l’ancienne ministre de la Santé. Les refus d’approvisionnement aux particuliers n’effraient pas trop les macronistes. Mais quand il va falloir passer aux entreprises, ça va vite se finir au tribunal contre l’État et les compagnie liées à l’État comme EDF. La logique des tribunaux d’arbitrages va venir mettre son nez là-dedans. Macron le sait. C’est pourquoi il convoque le « Conseil de Défense » une fois de plus pour traiter la crise de l’énergie. Car l’avantage essentiel à ses yeux de ce bidule est que ses délibérations sont secrètes et non susceptibles de recours devant la Haute Cour de Justice.

Et puis, après ça, monsieur Le Maire, ci-devant ministre de l’Économie a « pris ses distance » avec l’idée de sa Première ministre de « ne pas fermer la porte à la taxation des superprofits de crise ». Comme madame Borne avait déjà changé d’avis publiquement la veille, Le Maire s’est donc offert un recadrage sans risque de la Première ministre devant le MEDEF.

Le bazar gouvernemental étend son empire. Peut-il en être autrement ? Macron ne peut se représenter en 2027 donc la guerre de succession est ouverte entre les factions de sa petite coalition d’ambitieux.

D’autant plus que le prestige du chef en jet ski est en baisse sévère. Tout ce qu’il touche tourne à l’eau de boudin. De sa ligne directe coupée par Poutine à la visite en Algérie tout est humiliant. Ambiance Louis XV. Le « bien aimé » en début de règne fut enterré de nuit sous les pierres de ceux qui purent en lancer sur son corbillard. Le macronisme a commencé comme un complot de traitres à leurs partis. C’était un « hold-up » de l’aveu même de son auteur. C’est désormais une pantalonnade qui rend la vie impossible à tous ceux qui ne « sont rien » et ridiculise notre pays devant le monde.


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