Climat : A l’heure des points de bascule

jeudi 22 septembre 2022.
 

Au niveau de réchauffement actuel de la planète – un peu plus de 1° - cinq des seize points de bascule climatiques que les scientifiques ont identifiés pourraient être franchis. C’est l’enseignement majeur d’une étude publiée dans la revue Science le 9 septembre dernier. Ces points de bascule franchis, le système climatique entre dans un fonctionnement nouveau, irréversible, et à maints des égards imprévisible, même si les températures venaient à diminuer ensuite. La trajectoire d’émission de CO2 actuelle mène à une augmentation de 2,6° d’ici 2100. Progressivement les phénomènes climatiques et leurs conséquences seront tout à fait nouveaux, dans leur caractéristique et dans leur violence.

Ce 9 septembre, le secrétaire général des Nations Unis se rendait au Pakistan, où un habitant sur sept est victime des inondations, soit 33 millions de personnes. Conséquences de l’effet conjugué de la mousson particulièrement intense depuis juin et de la fonte accélérée des glaciers, ce phénomène climatique plonge le pays dans un cauchemar à ciel ouvert.

Des épisodes similaires se reproduiront, il faut s’y préparer. Mais pour les juguler, l’impératif est de maintenir le réchauffement de la planète à + 1,5° à la fin du siècle, et cela passe par la neutralité carbone en 2050. C’est un autre point de bascule, du modèle de société dominant, du système économique mondial et de son rapport à l’énergie, qu’il faut opérer. L’ampleur de la tâche rend ridicule le renvoi à la responsabilité individuelle. C’est tout un système de valeurs à repenser, des points de repères à réécrire. A ce titre, la coupe du monde de foot au Qatar dans deux mois, dans des stades climatisés à ciel ouvert, avec des footballeurs qui se déplacent en jet privé pour faire moins de 400 km ne va clairement pas dans le bon sens.

Mais le propre des points de bascule est de présenter deux alternatives, qui mènent vers des trajectoires opposées. Par nature, un point de bascule n’intervient pas entre deux options proches, ou timorées. Par essence, la bascule conduit à une issue radicale. Dans ce contexte, les choix qui sont à faire ne sont pas compatibles avec le compromis : diviser par deux nos émissions de gaz d’ici 2030 ne s’accommode pas de petits arrangements avec l’existant. Se préparer aux inondations et aux phénomènes climatiques soudains et violents ne laisse pas place aux approximations. Surtout, ça n’est pas en affaiblissant les pauvres que les riches se sauveront mieux.

Macron et ses arrangements avec le monde tel qu’il est n’est pas adapté au contexte. Sa constance à maintenir la richesse de ceux qui se gavent sur le dos des autres n’est pas en phase avec l’aspiration populaire, et l’exigence de solidarité du moment. Les élections du printemps ont commencé à fissurer le dispositif. Les épisodes climatiques de l’été ont rappelé l’actualité du défi auquel il faut faire face. L’enjeu de l’automne est de transformer la peur et la résignation, en colère et en mobilisation. Nous sommes au point de bascule.

Claire Mazin


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