Rodolphe Saadé est auditionné ce mardi à 9 heures 30 à l’Assemblée nationale, dans le cadre de la mission flash super-profit, à suivre en direct, comme chaque mardi, sur l’insoumission. Suite de notre série sur les profiteurs de crise, ces assistés d’en haut qu’on ne voit jamais. Quand certains préfèrent cibler la France des allocs, parler de la fraude sociale (700 millions d’euros), l’insoumission s’attèle à démasquer le grand capital (80 à 100 milliards de fraude et d’évasion fiscale chaque année). Les assistés d’en haut, ils ont des noms, ils ont des visages. 5ème épisode de notre série sur les profiteurs de crise : Rodolphe Saadé.

Rodolphe Saadé, symbole du self made men à la française ? Pas du tout. Héritier, comme l’immense majorité des milliardaires. Rodolphe Saadé, est le fils de Jacques Saadé. Avant sa mort en juin 2018 à l’âge de 81 ans, Papa transmets sa fortune au fiston : 6 milliards d’euros. Il y a pire pour se faire tout seul. Et lui file les raines de l’entreprise familiale.

Le père Saadé a flairé le bon filon dès la fin des années 70. En 1978, Jacques Saadé lance sa propre entreprise : la Compagnie maritime d’affrètement (CMA). Sa conviction : le potentiel commercial des conteneurs, ces immenses bateaux de transport de marchandise. Et avec la mondialisation, l’explosion des traités de libre échange, des échanges mondiaux de marchandises à travers le globe, l’activité de la CMA, initialement cantonnée à des échanges entre Marseille et Bayrout (dont est originaire la famille), va très vite changer de dimension.

Saadé père mise sur l’Asie et sur la Chine pour l’échange de marchandise. Le grand déplacement du monde, les multinationales à l’origine de 71% des émissions de gaz à effet de serre, c’est le modèle Saadé. Son plus gros coup ? Le rachat, pour une bouchée de pain, de l’armateur Compagnie générale maritime (CGM) au moment de sa privatisation en 1996. Rachat pour lequel il est mis en examen pour abus de biens sociaux en février 1999 dans une enquête sur la privatisation de la CGM, dont il a bénéficié. En 2017, il nomme son fils, Rodolphe, directeur général de l’empire familial, la CMA-CGM.

+ 30 milliards en 2021 : le super-super profit de Rodolphe Saadé Selon Challenges, Rodolphe Saadé fait bondir la fortune familiale de 6 milliards à… 36 milliards d’euros en 2021. Un bond de 30 milliards d’euros, en pleine crise sanitaire. Le casse du siècle. Mais Bruno Le Maire, notre ministre de l’économie, ne connait pas le mot « super-profit ». Le patron de la CMA-CGM sera auditionné ce mardi à 9h30 dans le cadre de la mission super-profit à l’Assemblée nationale, co-présidée par l’insoumis Manuel Bompard.

Autre bataille des insoumis : la concentration des médias. L’appétit de l’ogre Saadé en la matière a de quoi inquiéter. La 5ème fortune du pays lorgne en effet sur M6 et sur la Provence. Quand on voit le cas Vincent Bolloré, qui a propulsé Éric Zemmour dans la campagne présidentielle avec une incroyable force de frappe, qui aujourd’hui censure un livre de Guillaume Meurice, il y a de quoi être inquiet.

Quand certains préfèrent cibler la France des allocs, parler de la fraude sociale (700 millions d’euros), l’insoumission s’attèle à démasquer le grand capital (80 à 100 milliards de fraude et d’évasion fiscale chaque année). Aujourd’hui 5 milliardaires détiennent autant que 27 millions de personnes dans le pays. Les assistés d’en haut, ils ont des noms, ils ont des visages. Mais on ne les voit jamais. Parmi ces 5 milliardaires, vous connaissez désormais Rodolphe Saadé.