Stéphane Troussel : « La gauche doit tenir tous les bouts »

mardi 11 octobre 2022.
 

Conquête de l’électorat populaire rural et urbain, discours sur le travail, demande de radicalité, sécurité : le président socialiste du département de Seine-Saint-Denis défend sa vision de la gauche et prône le rassemblement. Il participera à la marche du 16 octobre.

Comment retisser durablement le lien, abîmé par le quinquennat Hollande et les reniements successifs, entre la gauche et les classes populaires ? À la tête depuis dix ans du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel tente de répondre à cette question dans un livre à paraître le 20 octobre, Seine-Saint-Denis : la République au défi (L’Aube).

L’élu socialiste y parle de son expérience à la tête du territoire le plus jeune et le plus pauvre de France. Porte-parole – discret – d’Anne Hidalgo pendant la dernière campagne présidentielle, il apporte aussi sa contribution aux débats qui traversent le PS et la gauche, en fervent partisan du rassemblement.

Il y a dix ans, quand vous deveniez président du conseil départemental, le Parti socialiste (PS) dirigeait la Seine-Saint-Denis, la région Île-de-France et le pays, il avait la majorité à l’Assemblée nationale et au Sénat… Dix ans plus tard, il fait 1,7 % à l’élection présidentielle. Que s’est-il passé ?

Stéphane Troussel : Quand la gauche oublie que sa famille, c’est toute la gauche, elle finit irrémédiablement par perdre. C’est l’histoire de ces dix dernières années. Cet objectif de rassemblement n’est pas qu’une affaire électorale. Ça a une influence sur celles et ceux qu’on veut représenter et sur les politiques qu’on veut mener. Je considère que la mission historique de la gauche, c’est d’abord de porter les intérêts des catégories populaires et de la jeunesse. Quand on l’oublie, on perd.

Le rapport aux catégories populaires a justement été l’objet de vifs débats à gauche ces derniers mois. Le leader communiste, Fabien Roussel, a opposé plusieurs fois les catégories populaires entre elles, et récemment la « gauche du travail » et la « gauche des allocs ». Qu’est-ce que cela vous inspire ?

La manière dont il a posé le débat est au mieux maladroite, au pire une façon de créer un buzz médiatique qui permet à un dirigeant communiste d’exister. Ici, on se bat en permanence contre ce discours-là. Et les communistes eux-mêmes le font ! Ce qu’il y a derrière, c’est l’idée néolibérale selon laquelle il faudrait inciter le smicard à regarder l’allocataire du RSA plutôt que Bernard Arnault. Je passe mon temps à lutter, dans les débats contre nos oppositions, contre ces discours. On ne reprend pas les mots et les postures de l’adversaire.

Pensez-vous, comme François Ruffin, que la gauche est associée à un camp qui a abandonné le travail ? Vous soulignez dans le livre qu’on n’entend plus l’expression de « classes laborieuses », très utilisée par la gauche dans le passé.

J’ai rencontré François Ruffin avant l’été, puis nous avons débattu à la Fête de l’Huma. Je sens, comme lui, que le décrochage des catégories populaires est le sujet qui doit préoccuper la gauche, lui permettre de rassembler de nouveau. J’en viens, c’est mon milieu, mes parents ont débuté comme petits fonctionnaires territoriaux, je suis le premier de ma famille à avoir eu le bac. J’ai une fierté, un attachement aux catégories populaires et à ce qu’elles représentent. Je ne supporte pas les mises en cause, les moqueries et les stigmatisations. Je ne me résoudrai jamais à ce qu’on abandonne les catégories populaires à l’abstention ou à l’extrême droite. C’est viscéral.

A-t-il raison, pour autant, d’opposer les catégories populaires rurales et urbaines, et d’inciter la gauche à construire des stratégies différentes pour les conquérir ?

Je ne crois pas qu’il les oppose. Mais évidemment, il n’y a pas les mêmes sujets et les mêmes préoccupations. Notre rôle, c’est de leur montrer que leurs intérêts sont convergents. La désertification médicale, l’absence de commerces ou de transports, c’est vrai à Romorantin comme à Clichy-sous-Bois. Quand il vient débattre avec moi, c’est aussi une manière de dire qu’on veut converger.

Il ne faut pas se raconter d’histoires : Ruffin ne faisait pas la même campagne dans les quartiers nord d’Amiens qu’à Flixecourt. Et alors ? Moi, quand je fais la campagne de Fatiha Keloua-Hachi [nouvelle députée socialiste de Seine-Saint-Denis – ndlr], vous croyez que je fais la même campagne aux Marnaudes de Rosny que dans les quartiers pavillonnaires de Villemomble ? Évidemment que non.

C’est-à-dire ?

C’est simple. On a fait un tract avec la tronche de Mélenchon dans les cités des Marnaudes et du Pré-Gentil à Rosny, on ne l’a pas fait dans les quartiers pavillonnaires de Villemomble. Par contre, on n’a rien renié de ce qu’on est, ni du programme que portait Fatiha.

François Ruffin dit aussi qu’il entend, chez les classes populaires, un discours de plus en plus fréquent sur les « assistés » ou les « cas sociaux ». Entendez-vous la même chose en Seine-Saint-Denis et, si oui, qu’y répondez-vous ?

Oui, on l’entend évidemment. Ma réponse, c’est l’action publique que je mène. Ici, les prestations que nous mettons en place sont universelles. Nous n’avons pas de riches en Seine-Saint-Denis. Alors, on fait en sorte que tous les gamins aillent dans le même collège en sixième, que tous les seniors aient le droit à la carte Ikaria pour les convaincre de rester ici. Quand on mène la bataille pour que l’État reprenne le financement du RSA, ce n’est pas pour avoir plus d’allocataires du RSA mais pour pouvoir mieux les accompagner individuellement. Je ne peux pas accepter que la Seine-Saint-Denis soit le territoire qui crée le plus d’emplois mais que les jeunes de Seine-Saint-Denis n’aient pas le boulot qui se crée ici.

Sauf que le sous-texte de la ligne Ruffin, c’est aussi que la gauche a perdu une partie de ces classes populaires rurales à force de parler de violences policières ou de lutte contre les discriminations…

Je ne vois pas de contradiction à me préoccuper du type de l’usine Matra à Romorantin et de mes prolos de Seine-Saint-Denis. Notre responsabilité, c’est précisément de les faire converger. Quand on a une extrême droite qui, pour la troisième fois en 20 ans, est au second tour de la présidentielle, la gauche ne doit rien lâcher dans la lutte contre le racisme et les discriminations. Je sais ce que ça fait comme dégâts pour les jeunes, dans la capacité à trouver du boulot, à trouver aussi leur place dans la société. La gauche doit tenir tous les bouts.

Comment tient-on tous les bouts, par exemple, sur un sujet comme la sécurité ? Comment en parler sans reprendre les mots et les solutions de la droite, sans oublier les violences policières et les contrôles au faciès ?

J’habite La Courneuve, et je ne l’ai pas quittée depuis cinquante-deux ans. La dernière fois, au marché des Quatre-Routes, je me suis fait engueuler par Claude, un communiste de 80 ans. Dans quelques semaines, me dit-il, il n’aura plus de médecin, il y a de moins en moins de commerces et il se sent en insécurité dans le quartier. Face à cela, je peux toujours lui parler de notre campagne pour taxer les superprofits mais si on ne règle pas ces problèmes-là, je sais ce qui se passera à terme. Malgré son histoire personnelle, malgré tout, il fera partie de ces gens qui permettront à l’extrême droite de devenir majoritaire dans le pays.

D’où la nécessité, dites-vous dans le livre, de « prendre un nouveau virage » en matière de sécurité ?

Ceux qui sont victimes de l’insécurité sont toujours les plus fragiles et les plus pauvres. Je suis pour que la gauche s’empare pleinement de cette question. Sinon, on laisse ces questions qui taraudent la société française dans les mains de l’extrême droite. Dire cela ne veut pas dire qu’on occulte le reste. À chaque fois qu’il y a eu des affaires de violences policières, j’ai pris position publiquement. J’ai créé récemment un observatoire départemental des discriminations. Je défends le récépissé contre le contrôle au faciès, je veux une police de proximité, qui inspire de la confiance. C’est ça, tenir tous les bouts de la chaîne.

Sur la transition écologique, le débat n’est pas facile non plus entre la gauche et les classes populaires. Quelle offre politique porter à gauche sur ce sujet-là, pour régler la dichotomie entre fin du monde et fin du mois ?

La carte parue il y a quelques jours sur les quartiers les plus énergivores de Paris est éloquente. Ceux qui souffrent le plus du dérèglement climatique, des nuisances industrielles, de la pollution atmosphérique, ce sont d’abord les plus modestes. Pour traiter de cette question de transition écologique, la gauche doit parler d’inégalités. Ici, les habitants n’abandonneront pas leurs véhicules polluants si on ne leur installe pas des transports collectifs performants. La densité des stations de métro est exceptionnelle dans Paris intramuros, et inexistante au fin fond de la Seine-Saint-Denis, à Clichy et à Sevran. Pour mener cette bataille, il faut la replacer sur le plan des inégalités.

Sur le plan politique, la gauche peut-elle aspirer à représenter les classes populaires quand elle leur ressemble aussi peu ?

Je suis très préoccupé par cette question de la représentativité. Même si je ne supporte pas qu’on m’interdise de représenter La Courneuve et les catégories populaires, je vois bien que le sujet de l’incarnation compte pour éviter le décrochage populaire et le retrait civique.

Qu’est-ce qui a longtemps fait la force du PCF dans ces quartiers ? C’est que, pour se faire représenter à l’Assemblée nationale, il choisissait Muguette Jacquaint [députée de la ​​3e circonscription de la Seine-Saint-Denis de 1981 à 2007 – ndlr], ouvrière chez Sonolor, qui avait mené le combat contre la fermeture de l’entreprise qui fabriquait les transistors pour téléviseurs. Elle incarnait La Courneuve, ces femmes qui travaillaient et qui se battaient.

Bien évidemment, il faut avoir ça à l’esprit, et cela passe par représenter tous les jeunes de la Seine-Saint-Denis, par le non-renouvellement et le non-cumul des mandats, par les modes de scrutin, et des formes de discrimination positive de fait. Aux municipales, je suis heureux d’avoir un tout petit peu contribué à ça.

Le quinquennat de François Hollande a-t-il aussi laissé des traces dans le désamour entre les classes populaires et la gauche ?

Pour beaucoup de gens, c’est une grande blessure, une grande déception. La victoire de Hollande doit beaucoup à l’extrême mobilisation des quartiers. Je me souviens de l’enthousiasme en 2012, des klaxons à la Cité des 4000 à La Courneuve… Je me souviens aussi du ressentiment des mêmes habitants, qui nous reprochent les mots de Manuel Valls, la déchéance de nationalité ou le fait qu’on file des milliards aux entreprises sans aucune contrepartie.

Je ne fais cependant pas partie de ceux qui jettent tout en bloc. Quand on crée 60 000 postes dans l’Éducation nationale, qu’on avance sur l’égalité femmes-hommes, qu’on vote le non-cumul des mandats ou le mariage pour tous, on ne peut pas dire que tout se vaut. Mais on avait tous les pouvoirs, on exerçait les responsabilités, on avait pris des engagements et, à la fin, les gens n’ont pas voté pour nous. On a une responsabilité, évidemment.

Dix ans plus tard, les habitant·es des quartiers populaires ont massivement voté Mélenchon à la dernière élection présidentielle. Vous êtes-vous senti débordé par cette aspiration populaire à une gauche plus radicale ?

Les électeurs sont intelligents et ils ont bien compris le système de l’élection présidentielle. Ils ont compris qu’il fallait essayer d’envoyer son candidat au second tour. Ils l’avaient fait dix ans plus tôt avec François Hollande, qui avait fait 47 % chez moi, à La Courneuve ! Les électeurs prennent le bulletin de vote qui leur paraît le plus utile pour faire gagner leur camp.

Pendant la campagne, les gens ont vu combien la Seine-Saint-Denis a été utilisée par l’extrême droite sur l’immigration, la laïcité ou la sécurité. Face à cela, la fermeté et la radicalité de Mélenchon, notamment face à Zemmour, ont été le seul stimulant pour les faire réagir en Seine-Saint-Denis.

Vous semblez résumer le vote Mélenchon à un vote de rejet de l’extrême droite ou à un vote utile. Est-ce à dire qu’il n’y a pas eu d’adhésion à sa candidature ?

Non, pas du tout. Il y a une demande de radicalité dans l’électorat de gauche et Mélenchon a su l’incarner bien plus, bien mieux que nous. Face au délitement des services publics et à l’explosion des inégalités, Mélenchon est celui qui, à gauche, répond mieux et plus fort que les autres.

Quels enseignements en tirez-vous pour le Parti socialiste ? Cela vous invite-t-il à épouser cette demande de radicalité, à mettre à jour votre logiciel et votre offre politique ?

C’est aussi pour cela que j’ai voulu écrire ce livre. Je pense que la situation du pays est effrayante. Nous sommes engagés dans une course de vitesse contre l’extrême droite. Là où on pensait il y a quelques années que la société avait des anticorps suffisamment puissants, on a désormais compris que tout est possible. Regardez le Brésil, l’Italie et même les États-Unis : l’extrême droite, ça n’arrive pas qu’aux autres. Il n’y a plus de plafond de verre pour l’extrême droite dans notre pays.

Cette situation donne des responsabilités encore plus grandes à la gauche. Issu d’une famille communiste, j’ai fait le choix du socialisme alors que tout m’invitait à prendre ma carte au PCF. En 1993, quand je quitte le giron communiste, c’est parce que je ne comprends pas ce que fait le PCF en tapant sur Mitterrand, face à une droite radicalisée.

J’ai l’absolue conviction qu’il n’y a pas de victoire durable pour la gauche sans rassemblement. Mais en même temps, je ne suis pas complexé par les Insoumis, comme je ne l’ai jamais été par les communistes. J’ai adhéré au PS dans les années 1990 parce que je croyais dans ce que portait le parti. Aujourd’hui, la situation de la gauche ne m’effraie pas. Elle est même stimulante. Face à la situation du pays, enfin l’horizon se rouvre un peu à gauche.

Un point dont vous parlez assez peu dans le livre, c’est la campagne d’Anne Hidalgo. Elle n’était pas sur la ligne que vous portez aujourd’hui, ni dans le même rapport aux autres composantes de la gauche.

En tout cas, c’est ce qu’elle a fait comme maire de Paris. Elle a toujours souhaité et incarné le rassemblement de la gauche et des écologistes à Paris, et c’est exactement pour ça qu’elle a gagné aux municipales.

Mais elle a perdu à l’élection présidentielle. Et, en Seine-Saint-Denis, elle a fait 1 % des suffrages exprimés, ce qui ressemble à une raclée…

Oui, je ne peux pas vous dire l’inverse. Je ne vois pas ce qu’a apporté dans la fin de campagne le fait de chercher en permanence ce qui nous distinguait des autres candidats. J’assume cette divergence avec Anne Hidalgo. D’ailleurs, vous aurez remarqué que j’étais un peu moins présent à la fin de la campagne.

Il faut tenir les deux bouts : la demande de radicalité et la nécessité de faire des compromis.

Dans votre livre, vous expliquez que vous n’aimez pas les expressions « gauche de gouvernement » et « universalisme républicain », qui ont été répétées par Anne Hidalgo pendant la campagne.

Je pense que ça ne sert à rien de sauter comme des cabris en répétant matin et soir « universalisme républicain ». Il y a tout un tas de gens pour qui ça sonne creux, dans le meilleur des cas. Dans le pire, c’est perçu comme une arme contre leur place dans la société. Pour autant, je suis profondément universaliste et républicain : je me bats tous les jours contre les tensions communautaires et séparatistes, je ne suis pas naïf. Mais il y en a de toute nature. Les ghettos de pauvres, c’est d’abord la responsabilité des plus riches de notre société qui mettent de la distance et se séparent des autres.

Des socialistes se sont dits redevables à Jean-Luc Mélenchon d’avoir évité une disparition de la gauche en 2022. La gauche ne pourra cependant pas reposer sur lui éternellement. Comment préparez-vous cette période de transition ?

Je suis assez d’accord avec le constat : vraisemblablement, sa troisième candidature à l’élection présidentielle a permis à la gauche de ne pas totalement s’effondrer. Mais, à la fin, on n’a pas gagné. Or, je ne me suis pas engagé au PS au milieu des années 1990 pour témoigner, ou pour tenir le drapeau de la pureté idéologique. C’est pourquoi j’aime l’expression de « radicalité tenable » : je veux changer concrètement la vie des gens. J’ai appris il y a très longtemps qu’un pas en avant vaut mieux que mille programmes. Je veux exercer les responsabilités, je veux qu’on mette les mains dans le cambouis.

Vous pensez que Jean-Luc Mélenchon ne le veut pas ?

En tout cas, la société est diverse, plurielle, elle a des intérêts divergents. Il faut donc chercher à rassembler, à faire des compromis. Je n’ai pas de leçons à recevoir en matière d’opposition aux politiques libérales de Macron. Mais ça ne sert à rien, le jour où on commémore la rafle du Vél’ d’Hiv, de faire un signe d’égalité entre Macron et Pétain sur Twitter [le 16 juillet, l’Insoumise Mathilde Panot a affirmé qu’Emmanuel Macron « rendait honneur à Pétain » – ndlr]. Cela ne sert pas notre cause collective. Il faut tenir les deux bouts : la demande de radicalité et la nécessité de faire des compromis. Martine Aubry est typique de ce qu’on doit être à gauche : il faut avoir la nuque raide quand il s’agit de défendre nos valeurs, tout en mettant les mains dans le cambouis.

Vous écrivez pourtant dans votre livre : « Lorsque nous pensons qu’il suffit de gérer et d’administrer les choses sans vouloir transformer en profondeur la société pour plus d’égalité, les gens ne voient plus l’utilité de la gauche et s’en détournent »...

Bien sûr.

Et donc ? Allez-vous marcher par exemple avec La France insoumise (LFI) le 16 octobre, contre la vie chère et pour la justice climatique ?

J’y serai. Je pense d’ailleurs que ça a été une des forces des communistes, notamment à la tête des municipalités, d’articuler la gestion et la perspective politique. J’adore la gestion des politiques publiques, mais j’ai besoin d’un truc qui me dépasse, d’une perspective globale.

D’ici 2027, que faites-vous de la Nupes ?

La difficulté du PS ces dernières années, c’est que les gens ne savaient plus dans quel camp nous étions. Cet accord a donc plusieurs mérites. D’abord, il nous replace dans un camp, celui de la gauche. Il montre ensuite que, contrairement à la théorie des « gauches irréconciliables », il n’est pas impossible de se rassembler. Qualifier Mélenchon d’extrême gauche, comme certains responsables socialistes l’ont fait, c’est utiliser les mots de l’adversaire. Ces mots nous empêchent de gagner.

La gauche a toujours été plurielle, ça ne l’a pas empêchée de se rassembler. Mitterrand s’est allié avec les communistes quand ils étaient encore alignés sur Moscou et qu’il y avait le mur de Berlin. Sur l’Europe, certains socialistes nous expliquent qu’on peut s’allier avec les communistes et les écologistes, mais pas avec les Insoumis. Pourtant, c’est Julien Bayou qui a écrit un livre sur la désobéissance européenne, et ce sont les communistes qui ont voté « non » à Maastricht, à la différence de Jean-Luc Mélenchon. Il faut aborder les choses sérieusement et ne pas se jeter dans les bras de nos adversaires.

Mathieu Dejean et Ilyes Ramdani


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