TRIBUNE. Généralisons la grève pour augmenter les salaires et partager les richesses

mardi 18 octobre 2022.
 

Les salariés de divers secteurs se mobilisent pour dire qu’ils veulent de plus justes rémunérations et plus d’égalité. Le député LFI-NUPES des Bouches-du-Rhône Hendrik Davi appelle, dans une tribune, à renforcer le mouvement et donc le rapport de forces pour renouer avec la réalité des victoires sociales.

Les salariés de TotalEnergies et ExxonMobil revendiquent la ré-indexation des salaires sur l’inflation avec une augmentation immédiate de 7,5 % chez ExxonMobil et de 10 % chez Total Énergies.

Ces revendications sont légitimes. Le groupe TotalEnergies a annoncé, fin septembre, qu’il verserait des dividendes pour un montant de plus de 2,62 milliards d’euros à ses actionnaires, en plus de son programme de rachats d’actions à 7 milliards de dollars. Pire, le PDG de TotalEnergies a augmenté son salaire de 3,9 à 5,9 millions d’euros au printemps dernier, le portant à 500.000 euros par mois ! L’indécence du capital n’a pas de limite.

Malgré un contexte de forte inflation, le gouvernement a refusé cet été l’augmentation générale des salaires. La réponse des salariés a donc été de déclencher des mouvements de grève, qui se propagent maintenant comme une traînée de poudre.

Chez EDF, mercredi, huit réacteurs dans les centrales de Cattenom (Moselle), Tricastin (Drôme), Cruas (Ardèche) et du Bugey (Ain) étaient concernés par la grève. Les grèves se multiplient dans les transports et dans les collectivités territoriales à Dijon, Saint-Nazaire ou Aix-en-Provence. Le syndicat SUD-Rail a déposé à la SNCF un préavis pour un mouvement qui débutera lundi 17 octobre au Technicentre du Landy, en Seine-Saint-Denis.

Les mouvements de grève se multiplient aussi dans le privé, comme chez Safran Nacelles, qui fabrique la nacelle de l’Airbus A320neo, chez ATS à Alès, ou dans les cliniques privées, comme celle de Saint-Martin à Caen. Chez Horiba Medical, basée à Euromédecine à Montpellier, 170 des 550 salariés avaient également arrêté le travail mercredi. Grève encore dans les gymnases de Montreuil. Et la liste des conflits sociaux ne cesse de s’allonger.

Enfin, jeudi soir, la CGT, FO, Solidaires et la FSU ont appelé à une journée de grève interprofessionnelle mardi 18 octobre.

Ce retour de la grève est une bonne nouvelle pour la justice sociale. Rappelons qu’elle demeure le meilleur moyen de faire céder les détenteurs des moyens de production. En effet, pendant une grève, les propriétaires des entreprises perdent de l’argent. Cela doit toujours nous rappeler que seul le travail des salariés produit de la valeur dans l’entreprise. Quand un actionnaire part en vacances, cela ne change ni le chiffre d’affaires ni le bénéfice de l’entreprise. Quand un salarié est en grève, la production est à l’arrêt, il n’y a plus de profits pour le capitaliste : c’est pourquoi il panique. Cette panique est d’autant plus grande que la grève peut être contagieuse. C’est pour cette raison que certains médias stigmatisent les grévistes en les traitant d’extrémistes qui grognent.

Si la grève se généralise, nous pourrons obtenir une hausse généralisée des salaires et aller vers un meilleur partage du travail. Avec cet été de canicule et d’inflation, les crises économique et écologique se sont approfondies. Nous pouvons gagner sur plusieurs revendications, qui changeraient la vie de toutes et tous.

Cette crise liée à l’inflation nous montre un fois de plus qu’il est absolument nécessaire d’indexer les salaires, les retraites, les minimas sociaux et les allocations chômage sur l’inflation pour que le plus grand nombre ne paie pas le prix de la spéculation sur l’énergie. Au contraire, nous devons faire payer les profiteurs de crise, en taxant les super-profits. Nous devons bloquer les prix dans l’alimentation, l’énergie et le logement pour subvenir aux besoins de première nécessité. Il faut créer des pôles publics de l’énergie et du transport pour engager une vraie planification écologique. Enfin, nous devons aussi mieux partager le travail avec la retraite à 60 ans, une sixième semaine de congés payés et la semaine de 32 heures.

Si les grèves se renforcent, il est possible d’obtenir la mise en place d’un tel programme. Rêvons un peu. Après 1936 et 1968, nous avons obtenu des acquis sociaux historiques. Tout est toujours possible, quand les salariés se mobilisent dans l’unité.


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