Forêts : Macron l’enfumeur

mardi 15 novembre 2022.
 

Après cet été d’incendies, 72 000 hectares de forêt brûlés, soit 6 fois plus qu’à l’ordinaire, Macron a fait le 22 octobre un beau discours. Avec enfumage de circonstances. Il a beaucoup remercié, jusqu’à la nation entière, promis la construction de 16 Canadairs, la plantation d’un milliard d’arbres sur dix ans (plus précisément « financer la capacité (sic) à replanter 140 millions d’arbres durant ce mandat », ce qui ne fera pas le compte), inciter à la plantation les compagnies aériennes en compensation à leurs vols domestiques, etc.

L’essentiel est cependant bien ailleurs selon des associations et des syndicats mobilisés début novembre pour soutenir l’ONF (Office national des forêts). Son budget devait être débattu à l’Assemblée mais un 49.3 a évité tout amendement intempestif. L’ONF, on le sait, a pour missions principales de gérer les forêts, y compris son exploitation, et d’en prévenir les risques dont les incendies. Or, ses moyens et ses effectifs ont subi des coupes sombres et ses objectifs ont été débordés par la logique néo-libérale.

Des 12.800 forestiers début 2000, il n’en reste que 7.797 aujourd’hui pour gérer les mêmes 11 millions d’hectares de forêts publiques françaises. Les incendies de l’été remettront peut-être en question la disparition programmée de 95 emplois l’an prochain. Mais 3000 de ces forestiers sont désormais contractuels ou employés de sous-traitants privés principalement affectés à l’exploitation du bois.

Dans ce contexte de privatisation rampante de service public, la préservation de la biodiversité, la dynamique naturelle de la forêt ont cédé la place aux plantations d’arbres. Les résineux qui poussent vite sont abattus au bout de 30 ans mais ce sont de vraies allumettes et un champ d’arbres de même espèce absorberait moins de carbone qu’une forêt riche en biodiversité.

Les dernières prévisions du GIEC sont pourtant inquiétantes. Le monde, si rien ne change rapidement, va vers une hausse de +4° voire +5°C à l’horizon 2100. Et la température augmentera plus et plus vite en Europe. Alors que forestiers, associations et syndicats réclament depuis longtemps des investissements pour la forêt, à la fois menacée par le changement climatique et bouclier pour en limiter les dégâts, Macron répond usine à bois avec « des acteurs plus compétitifs pour résister aux grands acteurs étrangers et rebâtir une filière ». Mais est-il capable, si tant est qu’il en ai le désir, de planifier autre chose que de l’austérité (chômage, retraite…) pour le peuple et de toujours plus exorbitants dividendes pour ses mandants ?

Jean-Luc Bertet


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