Bruce Toussaint reçoit Adrien Quatennens : l’excommunication bonhomme

vendredi 30 décembre 2022.
 

L’interview d’Adrien Quatennens par Bruce Toussaint sur BFM en intégralité :

https://www.youtube.com/watch?v=amO...

AVEC TOUT MON RESPECT

L’Inquisition chrétienne a beau avoir disparu, la médiatique ne s’est jamais aussi bien portée. Elle s’est même trouvé tout plein de nouveaux Bernardo Gui, et parmi eux, difficile de faire l’impasse sur l’inévitable frère Bruce Toussaint.

On ne peut qu’admirer ce grand art de poser des questions aux âmes égarées avec ce sourire narquois et cette inimitable fatuité glissante. Derrière chaque question doucereusement posée remue sans honte un index inquisiteur. Cet homme a du talent : il a inventé le supplice qui consiste à faire couler des oursins enrobés de miel dans le gosier du suspect.

C’est tout le génie de cet ordre médiatique autrefois estampillé « esprit Canal » : une ringardise en Stan Smith déguisée en coolitude pédante qui a inventé l’excommunication bonhomme. Jamais on n’avait distillé aussi mielleusement des purgatoires, distribué si onctueusement des enfers.

La sorcière à brûler du jour s’appelle Adrien Quatennens. Je sais, je ne me suis pas choisi la brebis blanche la plus évidente de l’année et on peut difficilement dire que dans le jeu de l’arroseur arrosé Adrien fût le plus discret. Mais que veux-tu, cher lecteur, j’ai parfois du mal à lutter contre des spasmes de charité chrétienne qui me traversent.

Ainsi, Adrien est venu s’exprimer chez Toussaint. Hélas pour lui, on n’est pas venu écouter sa vérité, mais faire accoucher sa culpabilité. La modernité bienveillante ayant décrété que la vérité s’était faite femme, ça ne sera pas très compliqué. Si on tombait sur l’interview sans en connaître le sujet, on pouvait penser qu’on venait de mettre la main sur un Guy Georges déguisé en Poil de Carotte ou un Jonathann Daval qu’on aurait stoppé à temps. Quatennens livre sa version : la banale complexité de l’intimité d’un couple. « Mais ce n’est pas vous la victime ! », sursaute, ricanant, notre Winnie l’ourson en soutane journalistique. La vérité ne saurait se promener ailleurs que dans le fleuve tranquille des lieux communs à la mode. L’hérétique aura beau admettre, s’excuser, expliquer qu’on ne peut pas résumer un homme à une faute, peine perdue. L’intimité des couples appartient désormais aux absents des chambres à coucher. Bruce voit bien les craquements sur le visage d’Adrien mais il n’en a cure et balaye le tout d’un « Mais Adrien, la violence et le lynchage médiatique, c’est de la comédie humaine ! » ...

On sait maintenant que si par malheur la foudre devait un jour s’abattre sur Bruce, sans doute accepterait-il docile et souriant qu’on vienne lui tapoter l’épaule en lui murmurant : « Mais enfin mon Bruce, on sait bien que ce qui t’arrive est excessif et injuste mais c’est la comédie humaine ! Allons, allons, ne fais pas l’enfant et laisse-nous encore un peu nous essuyer les pieds sur toi. Comprends-nous, on fait un métier où la capacité de rebondir est la première des qualités. Tu ne vas quand même pas nous empêcher de nous racheter une virginité en faisant un peu de trampoline sur toi ? »

En fin d’interview arrive La Question : « Mais qu’est ce qui va se passer lorsque vous allez croiser Olivier Faure et Sandrine Rousseau à l’Assemblée nationale ? » C’est le coup de grâce. Malheur à l’homme qui, pour obtenir l’absolution, devrait s’incliner devant Rousseau et Faure ! À part de la honte en plus, on ne rachète rien en faisant la révérence au couple infernal. Pour paraphraser Chateaubriand : la sottise au bras de l’insignifiance. Respectueusement.

Gaspard Proust.


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