Le tueur de la rue d’Enghien en mission contre les militants kurdes ?

jeudi 29 décembre 2022.
 

Selon les informations recueillies par l’Humanité, l’homme aurait été déposé par une voiture devant le siège du Conseil démocratique kurde de France (CDKF) alors que devait se tenir une réunion d’une soixantaine de femmes kurdes, finalement décalée d’une heure au dernier moment. Un massacre a été évité. Qui aurait renseigné le tueur  ?

La tuerie qui s’est déroulée ce vendredi rue d’Enghien, dans le Xe arrondissement de la capitale serait-elle le fait d’un homme un peu détraqué, dont les motifs devraient être recherchés dans le racisme et la xénophobie  ? L’homme arrêté, William M., 69 ans, ancien conducteur de train, est connu de la justice pour deux tentatives d’homicide commises en 2016 et décembre 2021.

Selon la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau, l’homme serait connu pour «   des faits en Seine-Saint-Denis où il serait passé récemment en jugement, aurait été condamné, mais à la suite de la condamnation un appel aurait été interjeté par le parquet  ». Il est aussi «  lié à des faits qui se sont passés du côté de Bercy à Paris  », a poursuivi la magistrate. Les faits visés concerne l’attaque d’un camp de migrant le 8 décembre 2021 dans le parc de Bercy (XIIe arrondissement), qui avait bléssé deux personnes à l’arme blanche.

Il avait été mis en examen pour violences avec arme avec préméditation à caractère raciste ainsi que pour des dégradations. Il avait ensuite été placé en détention provisoire avant d’être remis en liberté le 12 décembre dernier.

Le tireur aurait été déposé en voiture devant le centre kurde

Selon Gérald Darmanin, l’homme serait en revanche inconnu des fichiers du renseignement territorial et de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), ni «  fiché comme étant quelqu’un d’ultradroite  » il a par ailleurs précisé que le suspect fréquentait un stand de tir et avait décalré de nombreuses armes en préfecture. Le parquet national antiterroriste et ses services sont venus sur place mais il n’y a « aucun élément qui privilégierait la nécessité de leur saisine », a très vite conclu la procureure. Une enquête a été ouverte des chefs d’assassinat, tentative assassinat, violences volontaires avec armes et infraction à la législation sur les armes, a-t-elle précisé.

Or, de nombreux éléments laissent penser qu’il pourrait s’agir d’une attaque non pas dirigée contre de simples étrangers, mais au contraire d’un acte politique visant explicitement non seulement les Kurdes mais plus directement le Conseil démocratique kurde de France (CDKF). Selon les éléments que nous avons pu recueillir, une voiture aurait déposé William G. devant le siège du CDKF. Il est descendu d’un véhicule, son arme à la main, à l’heure même où devait se tenir une importante réunion de femmes kurdes pour préparer les manifestations du 4 et du 7 janvier, commémorant le 10e anniversaire de l’assassinat de trois militantes kurdes (Fidan Dogan, Sakile Cansiz et Leyla Soylemez) en plein Paris, le 9 janvier 2013, et dont les commanditaires ne sont toujours pas identifiés.

Une réunion d’une soixantaine de militantes kurdes était prévue

Difficile de croire au hasard. Une soixantaine de militantes kurdes devaient être là, sur ces mêmes marches, ce vendredi, lorsque l’assassin a fait feu sur les quelques personnes présentes. L’assassin connaissait-il la date et l’heure de la réunion ? Il ne savait pas que celle-ci avait été décalée dans la matinée à cause de problèmes de RER et ne devait démarrer qu’une heure plus tard. Un massacre a été évité, bien qu’il se soit ensuite tourné vers le restaurant kurde, situé de l’autre côté de la rue puis vers un salon de coiffure attenant.

Le centre kurde n’était pas protégé par la police

Berivan Firat, porte-parole des relations extérieures du CDKF ne retient pas sa colère ni sa tristesse. «  Nous sommes à la veille du 9 janvier. Il y a dix ans trois femmes Kurdes étaient assassinées. C’est encore une attaque visant des femmes. Qu’on ne nous dise pas qu’il s’agit seulement d’un acte raciste. Si les commanditaires des meurtres du 9 janvier 2013 avaient été démasqués (seul le tueur a été identifié mais aujourd’hui décédé, N.D.L.R.) , la tuerie d’aujourd’hui ne se serait pas produite.  »

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