Travailler plus pour payer l’addition des cadeaux faits aux riches : voilà pourquoi Macron veut réformer les retraites

mercredi 1er février 2023.
 

« L’objectif est de consolider nos régimes de retraite par répartition, qui, sans cela, serait menacé ». L’affaire est grave, nous dit Emmanuel Macron. Si sa réforme des retraites se voyait empêchée, c’est tout le système hérité du Conseil national de la Résistance (CNR) qui sombrerait. Et, qui sait, la France avec ? Fort heureusement, Jean Moulin et Charles de Gaulle ont trouvé celui qui allait sauver leur héritage. N’en jetez plus !

Bon, vous pouvez ranger vos mouchoirs, tout ceci n’est qu’une fiction, écrite de la main du président de la République qui n’est, comme chacun sait depuis (au moins) 2017, ni un politicien « trop intelligent », ni un homme « trop subtil » [1].

Concernant cette histoire de système de retraites en faillite, nous avons déjà écrit plusieurs articles pour démonter l’argumentaire du gouvernement – que vous pouvez retrouver ici, çà et là (et même ici). On peut aussi écouter le président du COR, Pierre-Louis Bras, qui a une analyse de son rapport bien dissonante de celle des Macronistes…

Réformer les retraites, mais pas pour les retraités

En réalité, nul besoin d’une réforme des retraites pour financer un déficit intenable à venir. Non, l’exécutif veut réformer pour d’autres raisons. Le diable est dans les détails et des « détails » sur ce sujet, la Macronie nous en a servi à la pelle. Il suffit d’ouvrir les yeux et les oreilles.

juin 2022. Olivier Véran, porte-parole du gouvernement : « Réformer les retraites est nécessaire pour financer davantage de services publics ». juillet 2022. Programme de stabilité de la France 2022-2027 du gouvernement transmis à Bruxelles : « La maîtrise des dépenses publiques repose principalement sur des réformes structurelles, la réforme des retraites notamment comme le Président de la République s’y est engagé au cours de la campagne électorale. »

septembre 2022. Bruno Le Maire : « Il faut bien financer nos hôpitaux, nos collèges, nos lycées, nos universités, et c’est la réforme des retraites qui permettra de garantir ce financement ». septembre 2022. Projet de loi de finances pour 2023, page 11

Payer l’addition des cadeaux faits aux riches

Pour le dire comme l’économiste Philippe Aghion, qui peut difficilement passer pour le porte-parole de la CGT ou de LFI, cette réforme « revient à opérer un transfert de revenus des catégories les moins favorisées, à espérance de vie plus faible, vers les couches les plus aisées ». Pas exactement la définition d’un « progrès social » pourtant annoncé par la Première ministre.

La députée communiste Elsa Faucillon résume la situation en une phrase : « Ce n’est pas le système des retraites que veut sauver le gouvernement, mais leur système du tout profit ». Car l’État offre déjà chaque année 157 milliards d’euros d’aide aux entreprises sans contrepartie et, en 2023, il envisage de supprimer la CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises) qui fait entrer dans les caisses chaque année 8 milliards d’euros.

Que faire alors ? Prendre l’argent là où il est ? En effet, comme l’a calculé Oxfam, en imposant à hauteur de 2% la fortune des 42 milliardaires français, on récolte 12 milliards d’euros. Une idée qui n’est pas du genre à plaire à Bruno Le Maire. « On ne finance pas le système des retraites en taxant le capital mais grâce à des cotisations prélevées sur ceux qui travaille »…

« Taxer les plus riches, ça ne fonctionne pas », avance Aurore Bergé, la cheffe des députés-marcheurs. Really ? À quoi bon, Bruno Le Maire, conserver plus longtemps les cotisations salariales et… patronales ? Que dire, Aurore Bergé, de l’exemple américain sous Roosevelt ?

Trouver des sous, quand il le veut vraiment, Emmanuel Macron n’en éprouve aucune difficulté. De « l’argent magique », y’en a partout ! Mais pas question de remettre en cause sa propre politique, celle-là même qui exonère les plus riches de toute forme d’impôt, celle-là même qui crée tant de trous dans la raquette. Voilà pourquoi nous allons tous travailler plus et plus longtemps, sans contrepartie.

Loïc Le Clerc


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