Aux travailleurs deux ans de vie volés, aux patrons du CAC 40 ces retraites dorées dont vous n’entendez jamais parler

lundi 6 mars 2023.
 

Retraite. Les travailleuses et travailleurs aux métiers pénibles, les femmes, les salariés ayant commencé jeunes subiraient de plein fouet le passage à la retraite à 64 ans, comme le veut le chef de l’État. Mais il en est d’autres, du haut de leur tour d’ivoire, se moquant bien du sort que le gouvernement leur réserveraient : les patrons néo-retraités du CAC40 qui se gavent sur le dos de ceux qui produisent véritablement les richesses. Alors que la pension moyenne de retraite en France est de 1509 euros brut, certains patrons néo-retraités ont des revenus de retraites 550, 650 voire 800 fois supérieurs à cette dernière.

Quelques chiffres : 1,6 million d’euros annuels de droits à retraite chapeaux potentiels pour Jean-Paul Agon (L’Oréal), 650 000 euros our Benoît Potier (Air Liquide) et au moins 638 000 euros pour Patrick Pouyanné, actuel PDG de l’écocidaire société TotalEnergies. Rien que ça. Entre présidences de Conseils d’administration, dividendes et persistance des retraites chapeaux, L’Observatoire des multinationales, en partenariat avec le journal d’investigation Basta !, a effectué un rappel salutaire en février 2023 sur l’indécence des revenus des patrons retraités du CAC40.

Après 5 journées de mobilisations nationales très réussies pour dire non à la contre-réforme des retraits du gouvernement, le front syndical appelle à bloquer le pays le 7 mars. Un durcissement du mouvement social face à une macronie refermée sur elle-même, qui joue désormais la carte de la peur pour décourager les 80% de Français opposés à la retraite à 64 ans. Notre article.

Des patrons du CAC40 redoublant de stratagèmes pour s’assurer des retraites outrancières

Pour l’écrasante majorité des Français, les revenus perçus au moment du départ en retraite sont constitués par la pension obligatoire de base, complétée, au mieux, par une pension de retraite complémentaire. Mais, bien-sûr, les patrons retraités du CAC40 ne s’en contentent pas. Comme chaque Français retraité, Martin Bouygues (ancien PDG du groupe Bouygues), Jean-Paul Agon (ancien PDG de L’Oréal), Benoît Potier (ancien PDG d’Air Liquide) et autres néo-retraités du CAC40, perçoivent leur pension de retraite de base. Mais, de fait, l’indécente démesure des revenus des plus riches se poursuit au-delà de leur entrée en retraite.

Elle se poursuit d’abord car lorsque les patrons du CAC40 partent en retraite, ils conservent souvent la présidence du Conseil d’administration de leur groupe. Ainsi, ils s’assurent un premier complément de retraite pour le moins…confortable. Il en va ainsi de pas moins de 700 000 euros annuels pour Antoine Frérot (ancien PDG de Véolia), 800 000 pour Benoît Potier, et 1,6 million pour Jean-Paul Agon. Et ce n’est pas fini.

Deuxièmement, si le dispositif dit des « retraites chapeaux » a formellement été abrogé par une ordonnance de 2019, ce régime de rente par capitalisation exonéré de cotisations patronales et de la Contribution Sociale Généralisée (CSG) demeure encore applicable aux patrons déjà en fonction avant 2019. L’Observatoire des multinationales fait ainsi état d’1,6 million d’euros annuels de droits à retraite chapeaux potentiels pour Jean-Paul Agon, 650 000 pour Benoît Potier, et au moins 638 000 pour Patrick Pouyanné, actuel PDG de l’écocidaire société TotalEnergies. Rien que ça.

Et ça n’est toujours pas fini. Outre leurs présidences de Conseils d’administration et leurs retraites chapeaux, les patrons du CAC40, même en retraite, continuent à se gaver de dividendes. Comme le rappelle un autre rapport de l’Observatoire des multinationales, la rémunération des patrons du CAC40 était pour moitié composée de dividendes en 2021. Or, qui dit retraite ne dit pas vente de ses actions.

En conséquence, 6,1 millions d’euros de dividendes ont été perçus par Jean-Paul Agon en 2021 (encore lui !), 11,6 millions par Maurice Lévy (ancien PDG de Publicis) et 13,5 millions par Charles Edelstenne (ancien PDG de Dassault Aviation). Voilà peut-être de quoi aider à comprendre la générosité abusive des entreprises du CAC40 à l’égard de leurs actionnaires.

Des revenus de retraites plusieurs centaines de fois supérieurs à la pension de retraite moyenne des Français

Suivant l’édition 2022 du Panorama annuel « Les retraités et les retraites » de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), la pension de retraite moyenne de droit direct s’établit en France à 1509 euros brut, soit 1400 euros nets. Les seuls droits à retraite chapeau potentiels de Jean-Paul Agon représentent déjà 95 fois la pension de retraite moyenne nette des Français. Si on rajoute sa rémunération annuelle de président du Conseil d’administration de L’Oréal et le montant de dividendes qu’il a perçu en 2021, le rapport monte à plus de 550.

Si l’on rapporte les seuls dividendes perçus par Charles Edelstenne en 2021 à cette même pension nette de retraite moyenne de droit direct, le rapport est de plus de 1 à 800.

Ces sommes sont gargantuesques. De tels chiffres, de tels écarts ne veulent plus rien dire. Ou plutôt ils ne veulent dire qu’une chose : que le capitalisme financier est pourri et qu’il pourrit tout. Bien sûr, ces patrons, ces assistés d’en haut ont des noms, des adresses. Mais ils profitent d’un système qui leur donne tout et leur permet toutes les outrances. Qui les autorise, même après la retraite, au prétexte qu’ils sont bien nés et qu’ils ont fait les bonnes écoles, à s’accaparer les richesses que les travailleuses et les travailleurs ont eux-seuls produites, qui les encourage dans l’indécence, qui les pousse à détruire notre planète. Un système désormais à bout de souffle.

Par Eliot


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