Terrorisme d’extrême droite : des néo-nazis ont projeté d’assassiner Mélenchon

samedi 20 mai 2023.
 

Des néo-nazis ont projeté des attentats contre Jean-Luc Mélenchon, le rappeur Médine, des mosquées, la Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme (LICRA) et le Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (CRIF). À la tête de ce groupe, un gendarme. De très graves menaces, révélées par l’hebdomadaire Politis. Toutes les personnes visées l’ont appris… par voie de presse. Pourquoi les autorités ne les ont-elles pas mises au courant ? À ce sujet, le silence du chef de l’État et de Gérald Darmanin est assourdissant. Le procès de ces sinistres individus aura lieu du 19 au 30 juin 2023. Ce sera le premier procès terroriste d’extrême droite jugé aux assises en France. Jean-Luc Mélenchon va se porter partie civile.

L’atmosphère est nauséabonde. En une semaine, des néo-nazis défilent sous autorisation préfectorale dans les rues de Paris, un maire attaqué et menacé par l’extrême droite démissionne de son poste. L’on apprend maintenant que des néo-nazis préparaient plusieurs attentats. La peste brune menace la République. Notre article.

Mélenchon, Médine, la LICRA, des mosquées et le CRIF menacés par des néo-nazis, ils l’apprennent par voie de presse

Des néo-nazis ont projeté des attentats contre Jean-Luc Mélenchon, le rappeur Médine, des mosquées, la LICRA et le CRIF, selon l’hebdomadaire Politis. Les responsables ? Alexandre G., gendarme adjoint volontaire, et ses complices. Début 2018, celui-ci prend la tête du « projet Waffenkraft » (puissance de feu en allemand, ndlr). Au départ, c’est un simple groupe de discussion sur la plateforme Discord. « Un petit groupe prépare des actions violentes qui se muent, sous l’influence du gendarme, en projets d’attentats », détaille l’hebdomadaire.

« Plus l’année 2018 avance, plus ses cibles sont précises », selon l’un des complices d’Alexandre G., Évandre A. (Politis). Dès le mois de février, le gendarme se renseigne sur la mosquée Omar à Paris, sur la mosquée Ibn Al-Khattab à Creil ou encore sur la mosquée de Tours. À ce moment, il récolte aussi des informations sur le concert de Médine au Bataclan, les diners réguliers du CRIF et les meetings de Jean-Luc Mélenchon. «  Il se voyait comme en concurrence avec les jihadistes et voulait faire mieux qu’eux, témoigne Évandre A. (Politis). Pour lui, le Bataclan n’avait pas un ratio terroristes-morts assez important. Il voulait faire pire.  »

Mi -juillet 2018, le comportement d’Alexandre G. commence à alerter. Fin août, un signalement aux autorités d’un achat suspect d’engins explosifs déclenche une procédure judiciaire. Le 7 septembre, le domicile du gendarme est perquisitionné. Tout son arsenal est saisi. Un peu avant, son supérieur l’informe de sa radiation. Alexandre G. lui parle de « guerre civile », un classique de l’extrême droite. En réalité, la justice ne se rend pas tout de suite compte de la menace. Le parquet antiterroriste n’est pas saisi dans un premier temps. Le gendarme néo-nazi est libre, placé sous contrôle judiciaire. Néanmoins, Alexandre G. est finalement interpellé en décembre 2018. Avec ses complices, il risque jusqu’à 30 ans de prison.

Les personnes visées par ces néo-nazis l’ont appris… par voie de presse. Les services de l’État ne les ont jamais prévenues. Beaucoup de questions se bousculent. Pourquoi Jean-Luc Mélenchon n’a-t-il pas été tenu au courant du projet d’assassinat contre lui ? Comment se fait-il qu’il l’ait appris par la presse, comme Médine, le CRIF, la LICRA ou les mosquées menacées ? « Je ne demande aucune protection au gouvernement. Mais je veux être informé des tentatives de meurtres quand elles sont découvertes pour organiser ma sécurité contre les complices », a déclaré le leader insoumis sur Twitter. Pourquoi ce silence assourdissant aussi bien de l’Élysée que du ministère de l’Intérieur ? Pire que le bruit des bottes, le silence des pantoufles.

Mélenchon va se porter partie civile au procès

Suite aux révélations de l’hebdomadaire, Jean-Luc Mélenchon a décidé de se constituer partie civile au procès. Celui-ci aura lieu du 19 au 30 juin prochain. Signe de son importance, il deviendra « le premier dossier terroriste d’extrême droite jugé aux assises en France  : tous les autres l’ont été devant un tribunal correctionnel », détaille Politis. « Je ne comprends pas pourquoi on ne prévient pas les personnes visées : ces fous capables de tuer des gens déshumanisent leurs cibles. Ne pas nous prévenir nous déshumanise aussi. Nous ne sommes pas des objets », leur a confié l’ancien candidat à l’élection présidentielle.

Ce n’est pas la première fois que le leader insoumis se constitue partie civile lors d’un procès contre l’extrême droite. Le 12 octobre 2021, des membres de l’OAS (groupuscule d’extrême droite créé pour l’Algérie française, ndlr) sont reconnus coupables par le tribunal de Paris « d’association de malfaiteurs terroriste ». Ils projetaient des attentats contre des mosquées, contre l’ancien ministre de l’Intérieur Christophe Castaner et contre Jean-Luc Mélenchon. Leur condamnation ? 8 ans de prison pour cinq d’entre eux et à 9 ans pour celui reconnu comme le leader du groupe par la justice.

L’atmosphère est nauséabonde. Le 9 mai 2023, le maire de Saint-Brévin-les-Pins, Yannick Morez démissionne de son poste. Attaqué et menacé par l’extrême droite, il a été abandonné par l’État. Le 6 mai dernier, une manifestation néo-nazie est autorisé en plein Paris. Et maintenant, cela. L’inaction du gouvernement contre la menace fasciste est criante. « Faites attention, quand une démocratie est malade, le fascisme vient à son chevet, mais ce n’est pas pour prendre de ses nouvelles », disait Albert Camus. Souvenons-nous-en.

Par Nadim Février


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