Vital pour l’Europe, le transport fluvial sur le Rhin menacé par le changement climatique

vendredi 11 août 2023.
 

Vital pour l’économie d’une partie du continent, le fleuve est menacé chaque été par des sécheresses catastrophiques, qui risquent de stopper à terme le commerce fluvial dans la région.

Le Rhin est un fleuve littéralement au cœur battant de l’Europe de l’Ouest. Mais le réchauffement climatique commence à impacter sévèrement le cours d’eau, dont les niveaux l’été baissent régulièrement à des niveaux entravant l’activité commerciale.

Un débit inquiétant chaque année

Traversant Autriche, Liechtenstein, Suisse, France, Allemagne, et Pays Bas, le Rhin n’est que le 14e fleuve européen le plus long, avec 1 233 kilomètres de long. Pourtant, son importance dans l’économie et l’histoire européenne ne peut ni ne doit être sous-estimée.

Il borde la Ruhr, le cœur de la puissance industrielle allemande qui tire son nom d’un affluent du Rhin, et constitue la première voie de transport continental. 600 navires passent en effet la frontière entre l’Allemagne et les Pays Bas chaque jour selon la Commission Centrale pour la Navigation du Rhin, avec 310 millions de tonnes transportées par an.

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Mais le réchauffement climatique a un impact sur le niveau du fleuve, et donc la quantité de biens qu’il peut transporter. Le niveau était à 1,6 mètre le 21 juillet 2023 selon le Chartered Institute of Procurement & Supply ; un chiffre qui est bien en dessous des 2,1 mètres marquant le statut "faible profondeur" du fleuve.

Chaque centimètre perdu signifie que le bateau doit être moins chargé pour moins s’enfoncer et ne pas toucher le fond du fleuve. Selon Florian Röthlingshöfer, directeur de Swiss Rhine Ports interrogé par nos confrères Bloomberg, une baisse de 10 centimètres du niveau du fleuve signifie que chaque bateau devra transporter 100 tonnes de moins.

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Et les coûts de l’adaptation sont astronomiques : l’ajustement des 8 900 navires du Rhin pour la navigation en eau peu profonde pourrait coûter 90 milliards d’euros, sans parler des autres coûts susceptibles de s’accumuler. Dans certaines zones du fleuve côté allemand, on détecte des baisses de 40 % du niveau d’eau par rapport à 2010.

La tendance pour le Rhin est, pour l’instant, légèrement meilleure que l’an dernier, lorsque le fleuve avait atteint 32 centimètres le 14 août. La situation est en revanche particulièrement dramatique chaque année à Kaub, ville de la région de Coblence, où les navires ne peuvent pas passer si l’eau descend en dessous de 30 centimètres. Et en dessous de 40 centimètres, le niveau de l’eau rend économiquement non-viable le transport par voie fluviale.

Des solutions pour sauver le Rhin

Le pire niveau enregistré reste celui de 2018, avec 25 centimètres de profondeur à Kaub : s’il n’a pas été atteint depuis, la récurrence des sécheresses cause un impact colossal sur le trafic du fleuve. La vie des riverains n’en est pas moins touchée : la Commission Internationale pour la Protection du Rhin note que 30 des 60 millions d’habitants du bassin du Rhin boivent de l’eau potable traitée du fleuve.

Selon nos confrères de Bloomberg, plusieurs entreprises tentent en conséquence de déplacer leurs activités, comme le fabricant de plastique Covestro AG prévoyant de s’installer en Belgique. En 2018, une sécheresse historique avait causé 5 milliards d’euros de perte à l’Allemagne seule suite à la diminution du trafic sur le fleuve.

Et abandonner le fleuve ne signifierait pas que des solutions plus écologiques seraient appliquées : dans le cas de ThyssenKrupp, la plus grande usine d’acier allemande, les 60 000 tonnes de matières premières importées par jour nécessiteraient 2 000 camions.

Un projet allemand vise à draguer le fleuve dans la région de Kaub, pour un coût de 180 millions d’euros, afin d’empêcher que le passage ne bloque l’entièreté du fleuve : plusieurs entreprises similaires sont également en cours en Suisse, afin d’essayer de préserver un des monuments du patrimoine naturel français.


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