Histoire du climat : une nouvelle étude passionnante

jeudi 10 août 2023.
 

Climat : non, il n’y a pas eu de réchauffement au Moyen-Age

Le redoux observé à cette période, surnommé « optimum médiéval », concernait surtout l’Atlantique nord, sans être global, ni aussi dévastateur qu’aujourd’hui. Le redoux observé à cette période, surnommé « optimum médiéval », concernait surtout l’Atlantique nord, sans être global, ni aussi dévastateur qu’aujourd’hui.

Cela suffira-t-il pour tordre – enfin – le cou aux arguments climatosceptiques ?

Voilà des années que certains nient la réalité du changement climatique, répétant que le phénomène n’est rien de plus qu’un épisode naturel. La preuve, prétendent-ils souvent, il faisait bien plus chaud au Moyen-Age entre 900 et 1300 alors que la Terre était moins peuplée. Peu leur importe que l’ampleur de ce redoux, surnommé « optimum médiéval », soit relativisée depuis longtemps par la communauté scientifique ; il concernait surtout l’Atlantique nord, sans être global, ni aussi dévastateur qu’aujourd’hui.

Une étude, publiée mardi 2 août dans la revue Nature, vient attester le caractère inédit du réchauffement actuel, au contraire de cette anomalie médiévale. En observant les cernes (anneaux de croissance chez les arbres) de 188 pins millénaires de la région scandinave, une équipe de chercheurs a reconstitué les températures du passé en Europe du Nord entre 850 et 2019. Car, tout comme les pollens fossilisés, les carottes glaciaires et sédimentaires, les arbres sont des puits de savoirs, des fenêtres sur le passé. Au cœur de leur tronc, les cercles concentriques traduisent les conditions climatiques dans lesquelles ils ont poussé. Une mémoire de bois qui permet aujourd’hui aux chercheurs de remonter la grande histoire de la météo. « Le pin sylvestre est une espèce qui pousse loin sur les flancs des montagnes. Elle est très sensible aux températures et vit longtemps. Lorsqu’un pin meurt, il peut être conservé sur le sol ou dans des lacs de montagne pendant des siècles, voire des millénaires. Ils sont donc idéaux pour étudier les climats passés, en particulier la température », relate à Libé l’un des auteurs, Jesper Björklund, chercheur à l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage à Birmensdorf (Suisse).

Les températures de cette époque ont été surévaluées

La conclusion est sans appel : « Le climat actuel de la péninsule fennoscandienne est nettement plus chaud que celui de la période médiévale », explique l’article scientifique. En fait, les températures de cette époque, à peine plus élevées que les normales médiévales, ont été surévaluées, selon les auteurs. « Cela indique que la variabilité naturelle dans la région est plus faible qu’on ne le pensait auparavant. L’étude donne ainsi une nouvelle crédibilité aux simulations modélisées des climats futurs (qui prédisent un réchauffement de +1,5 °C en 2030) », poursuit Jesper Björklund.

Pour arriver à ce résultat, l’équipe suisse a usé d’une méthodologie innovante. Celle-ci a analysé l’épaisseur de la paroi de quelque 50 millions de cellules végétales, appelées trachéides, une caractéristique jusque-là peu étudiée. Une technique plus précise, explique le chercheur, notamment parce qu’elle colle mieux à leurs anciennes évaluations. Mais aussi parce que « notre approche va plus loin dans le bois qu’auparavant pour extraire des informations climatiques. Nous zoomons sur les parois cellulaires de chaque cellule individuelle des arbres et mesurons leurs dimensions ».

Ces travaux confirment, une fois de plus, la douloureuse réalité de la crise climatique. Et contredisent autant les discours climato-dénialistes, que de précédentes études sur la même région, suggérant une météo carrément clémente pendant l’« optimium médiéval ». C’est d’ailleurs cette « embellie » de l’an mil qui aurait incité des Vikings à s’implanter en terres groenlandaises (aujourd’hui désert de glace). Toutefois, des doutes subsistent concernant les raisons de leur départ de la grande île quelques années plus tard : alors que le « petit âge glaciaire » – période climatique anormalement froide entre la fin du XIIIe siècle et le milieu du XIXe siècle – semblait en être le responsable, l’université du Massachusetts (Etats-Unis) avançait en 2022 que c’était plutôt dû à la sécheresse. Le mystère n’est, donc, pas encore totalement résolu.

Article de Nina Guérineau de Lamérie


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