La Vierge Marie "mère de Dieu" et Eve "première femme" : Réflexions

mardi 15 août 2023.
 

Source : https://blogs.mediapart.fr/fxavier/...

LA VIERGE - MARIE, IMAGE DE LA FEMME "EXEMPLAIRE"

Dans la Sainte Famille, Marie est d’abord une femme soumise à son époux. Quand Joseph se rend compte que sa femme est enceinte avant qu1ils eussent mené vie commune, il veut la répudier, Marie ne proteste point, et c’est 1’Ange du Seigneur qui doit convaincre Joseph de prendre chez lui Marie, son épouse, (cf. Mt. 1 ; 18 à 25).Si Marie est soumise à Joseph, son époux terrestre, elle est encore plus fondamentalement soumise à Dieu le Père, son "époux céleste". La soumission de Marie va jusqu’à croire 1’impossible comme étant possible. Quand l’ange Gabriel lui annonce : "L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très Haut te prendra sous son ombre. " (Lc. 1 ; 35), Marie répond à l’Ange : "Je suis la servante du Seigneur qu’il advienne selon ta parole." (Lc.l ; 38). Epouse consentante de Dieu le Père, Marie donne naissance au Fils de Dieu venu sur terre pour rétablir le Règne de Dieu compromis par la faute de Eve. Marie, la femme, mère de Jésus-Christ, tient une place particulière dans "1’économie divine".Elle intervient à une ou deux occasions auprès de son fils (au moment des retrouvailles au Temple : Le 2 ; 48 et des noces de Cana : ( Jn chap.2 ; 1à 3 ) mais toutes les initiatives appartiennent au Père relayé par le Fils qui vit,selon les Evangiles, en parfaite conformité avec la Volonté du Père.

REFLEXIONS SUR LE COMPORTEMENT DE EVE COMPARE A CELUI DE MARIE

Cette attitude de soumission contraste singulièrement avec celle de Eve, la "première femme", telle qu’elle nous apparaît à travers le récit biblique de la "Chute" (cf. Gn. 3) .La soumission à Dieu de Marie, considérée par 1’Eglise comme la "nouvelle Eve", se situe à 1’opposé extrême de 1’esprit frondeur et de la curiosité intellectuelle que manifeste Eve :"Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs que Yahvé Dieu avait faits. Il dit à la femme : "Alors Dieu a dit : Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ?" La femme répondit au serpent :"Nous pouvons manger des fruits des arbres du jardin. Mais du fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n’en mangerez pas, vous n ’y toucherez pas, sous peine de mort. " Le serpent répliqua à la femme : "Pas du tout 1 Vous ne mourrez pas 1 Mais Dieu sait que le jour où vous en mangerez, vos yeux s ’ ouvriront et vous serez comme des dieux qui connaissent le bien et le mal. " La femme vit que 1’arbre était bon à manger et séduisant à voir, et qu’il était cet arbre, désirable pour acquérir l’entendement. Elle prit de son fruit et mangea. Elle en donna aussi à son mari, qui était avec elle, et il mangea. Alors leurs yeux à tous deux s’ouvrirent et ils connurent qu’ils étaient nus ; ils cousirent des feuilles de figuiers et se firent des pagnes." (Gn. 3 ; là ?) Pour la religion, 1’éveil de la concupiscence par le serpent, un être hostile à Dieu est la première manifestation du désordre que le Péché Originel, introduit dans 1’harmonie de la Création,Marie est de ce fait considérée comme la "nouvelle Eve" qui rétablit le dialogue avec la divinité en faisant acte d’allégeance, une déclaration de soumission totale à la Volonté du Père.Dans le Paradis terrestre, Dieu non seulement avait établi une hiérarchie entre lui et l’homme, mais encore, en le maintenant dans une "naïveté primitive", il le privait de l’accès à la connaissance qui, avant la transgression provoquée par Eve était le privilège de Dieu.Donc, au delà du désir charnel, image dans laquelle la tradition biblique enferme Eve, c’est tout au contraire, le désir de connaissance,1’envie d’être comme Dieu, le désir de transgression de la Loi du Créateur que Eve veut faire partager à son compagnon Adam, homme naïf et fondamentalement docile. Eve,"femme libre", devient grâce à une stratégie de renversement pervers qui caractérise la religion judéo-chrétienne, "femme pécheresse" , elle est partiellement dépossédée, par Dieu, des pouvoirs, l’accès à la connaissance du bien et du mal, auxquels l’homme, d’après le récit biblique, lui est pourtant redevable :"Puis Yahvé Dieu dit :"Voilà que 1’homme est devenu comme 1’un de nous pour connaître le bien et le mal Qu ’il n ’ étende pas maintenant la main, ne cueille aussi de 1 ’ arbre de la vie, n ’ en mange et ne vive pour toujours !" Et Yahvé le renvoya du jardin d’Eden pour cultiver le sol d1 où il avait été tiré. Il bannit 1 ’ homme et il posta devant le jardin d’Eden les chérubins et la flamme du glaive fulgurant pour garder le chemin de l’arbre de la vie." (Gn 3 ; 22 à 24) Avec la perte du paradis, s’installe la domination de 1’homme sur la femme. L’inégalité entre 1’homme et la femme est le tribut payé par la femme, Eve, qui a été à 1’origine de la transgression de 1’interdit posé par Dieu :"A la femme il dit : "Je multiplierai les peines de tes grossesses, dans la peine tu enfanteras tes fils. Ta convoitise te poussera vers ton mari et lui dominera sur toi." (Gn.3 ;

La Vierge Marie, Eve et la psychanalyse

L’émergence de la conscience morale, la connaissance du bien et du mal, la renonciation à 1’idée d ’ un paradis terrestre sont considérées comme des acquis fondamentaux ; mais jusqu’à une période très récente, dans la lignée du mythe biblique, 1’inégalité entre 1’homme et la femme, la domination de l’homme sur la femme étaient,hier, des faits culturels primordiaux,ils sont aujourd’hui timidement remis en cause , mais, en fait,ils existent toujours.Pour la psychanalyse,comme nous 1’avons vu plus haut, la renonciation au "paradis" (sein maternel, désir de la mère), la reconnaissance du "manque" pour la fille et la peur de la "castration" pour le garçon sont une nécessité et introduisent 1 ’ enfant dans le monde de la culture. Mais la psychanalyse, se plaçant dans la bonne tradition judéo-chrétienne, considère le pénis comme le seul organe sexuel, et la femme ne peut se situer que dans la prise de conscience, dans 1’acceptation de sa castration. Pour la psychanalyse, la femme "normale" désire être pénétrée dans une attitude de soumission par le pénis de l’homme qu’elle aime, et avoir de lui un enfant. Dans les discours qui ont encore cours de nos jours, il ne s’agit plus tant de la domination, de la supériorité intellectuelle d’ un homme particulier sur une femme particulière, mais de la souveraineté du phallus, qui a comme corollaire la supériorité culturelle et politique du "masculin" sur le "féminin". Les revendications des femmes pour 1’égalité et la fin des discriminations qui existent encore dans notre société sont, à certains égards, dans les pays de tradition catholique obturées par le mythe du Péché Originel. L’égalité entre l’homme et la femme va, pour la religion à l’encontre de la Parole de Dieu, et pour notre société à 1’encontre d’une culture fondée sur la Loi du Père, une culture qui se tient encore sur ses fonts baptismaux, la religion judéo- chrétienne. Marie est non seulement une épouse idéale, mais elle se révèle aussi comme une mère exemplaire, elle n’est pas possessive de son enfant. Si en une ou deux occasions elle pose des demandes, elle respecte les décisions de son fils Jésus, qui revendique des devoirs particuliers à 1’égard de son Père, et pour les remplir une indépendance absolue à l’égard de ses parents terrestres.Quand Marie exprime à son fils, alors âgé de douze ans, son inquiétude quand au bout de trois jours de recherches elle le retrouve dans le Temple au milieu des docteurs,ce dernier la remet vertement à sa place : "Et pourquoi me cherchiez vous ? Ne saviez vous pas que je me dois aux affaires de mon Père ?" (Lc 2 ; 49) ; elle accepte ses remontrances sans rien dire.Marie pousse son héroïsme jusqu’à assister, silencieuse, sans un cri de révolte contre Dieu le Père, à la mort sur la Croix de son fils. (Jn 19 ; 25)Dans notre société, la mère idéale est la mère non possessive, capable d’accepter stoïquement le sacrifice des ses fils pour les "intérêts supérieurs"...Que de "fils" les "pères" n’ont-ils pas sacrifiés sur l’autel de la Patrie, dans les guerres, sous le regard résigné des mères Il reste étonnant qu’aujourd’hui encore, l’Eglise "oblige" les croyants à croire à la réalité d’une vérité inconcevable pour un être doué de raison. Avec le christianisme la conception de Jésus-Christ par l’Esprit ne se situe plus comme pour les autres religions dans le domaine des mythes, mais apparaît comme une "réalité". Pour des savants croyants qui manipulent dans le domaine de la science des concepts rationnels, s’agissant des interventions de Dieu, "l’impossible devient possible" dans un domaine pourtant bien connu, comme la conception d ’ un enfant, parce que la religion chrétienne impose un certain respect, malgré l’absurdité de certaines de ses "propositions".Peu de gens s’aventurent à les tourner en ridicule, quand ils le font, on les rappelle au respect des croyances d’une religion reconnue et respectée. Par contre, quand des gourous de sectes se lancent dans certaines vaticinations on les traite comme des idées délirantes, ce qui n ’ est pas le cas, par exemple, pour la conception virginale de Jésus qui s ’ est imposée comme un dogme en 1854 sous Pie IX en 18541 en plein essor du rationalisme,dogme confirmé par Pie XII qui en 1942 consacra 1’humanité entière au coeur immaculé de Marie !

L’ampleur donnée au culte de la Vierge Marie depuis le début du XIXe siècle, au même titre que les "apparitions" à Lourdes et à Fatima nous apparaissent, ainsi que la mise en place de "la Fête des mères" sous le régime de Vichy, comme des contre-feux aux mouvements féministes et comme 1 ’ expression du souci d’enfermer la femme dans sa fonction d’épouse et de mère au service des intérêts des Pouvoirs, du Père !

Enfin, il est intéressant de rappeler que, selon le premier récit de la création, 1’homme et la femme furent créés en même temps, et étaient égaux entre eux : "Dieu créa 1’homme à son image à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa.", (Gn.l ; 27) Mais dans le second récit de la création, la femme fut tirée par Dieu d ’ une des côtes de l’homme, ce qui implique la supériorité de 1’homme sur la femme, justifie sa domination confirmée dans le récit de "la Chute", évoqué plus haut : (cf. Gn 3)."Yahvé Dieu dit : "II n’est pas bon que 1’homme soit seul. Il faut que je lui fasse une aide qui lui soit assortie. Yahvé modela encore du sol toutes les bêtes sauvages et tous les oiseaux du ciel et les amena à 1’homme pour voir comment celui-ci les appellerait : chacun devait porter le nom que l’homme lui aurait donné. L’homme donna des noms à tous les bestiaux, aux oiseaux du ciel et a toutes les bêtes sauvages, mais pour un homme, il ne trouva pas d’aide qui lui fut assortie. Alors Yahvé fit tomber un profond sommeil sur l’homme qui s’endormit. Il prit une de ses côtes et referma la chair à sa place. Puis de la côte qu’il avait tirée de l’homme Yahvé façonna une femme et l’amena à 1’homme." Alors celui-ci s’écria "A ce coup, c’est l’os de mes os et la chair de ma chair ! Celle-ci sera appelée "femme" car elle fut tirée de l’homme, celle-ci." (Gn 2 ; 18 à 25).


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