L’ONU accuse Nicolas Sarkorzy de « légitimer le racisme »

dimanche 11 novembre 2007.
 

Le Rapporteur de l’ONU sur le racisme a rapproché les déclarations du prix nobel James Watson et le discours de Dakar de Nicolas Sarkozy, qui s’inscrit selon lui dans une « dynamique de légitimation du racisme. » Il a également considéré que les tests ADN de paternité illustraient une « stigmatisation de l’immigré. »

ONU - Assemblée générale, 7 octobre 2007 (extrait)

M. DOUDOU DIÈNE, Rapporteur spécial sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée, a attiré l’attention de la Commission sur la recrudescence des phénomènes et des manifestations de racisme, de discrimination raciale et de xénophobie à travers le monde qui, selon lui, constitue aujourd’hui la plus grande menace contre la démocratie et l’harmonie des sociétés.

Il a aussi précisé que la lutte contre ces phénomènes devait faire face à plusieurs tendances comme la recrudescence de la violence raciste et xénophobe, notamment son expression la plus grave, le passage à l’acte, avérée par un nombre croissant d’actes de violence physique et des assassinats prenant pour cible des membres de communautés ethniques, culturelles et religieuses.

Une autre tendance est la banalisation politique et la légitimation démocratique du racisme et de la xénophobie, découlant notamment de la capacité des partis politiques prônant des programmes racistes et xénophobes d’obtenir des succès électoraux et d’être ainsi en position de mettre en application ces plates-formes au moyen d’alliances de gouvernements.

Selon M. Diène, cette dernière tendance représente la menace la plus grave contre la démocratie et les droits de l’homme.

M. Diène a également souligné que la légitimation intellectuelle du racisme, de la xénophobie et de l’intolérance, se traduisait par le nombre croissant de publications dites scientifiques ou littéraires ou de déclarations publiques, qui sous couvert de la défense de l’identité et de la sécurité nationale, développent des théories et des concepts explicatifs marqués par la lecture ethnique ou raciale des problèmes sociaux, économiques et politiques.

Il a placé dans ce contexte les récentes déclarations du prix Nobel de médecine, James Watson, dont les propos sur l’infériorité intellectuelle des personnes d’ascendance africaine et, en particulier, sa volonté implicite d’établir une hiérarchisation entre les différentes races, constituent une légitimation scientifique des stéréotypes historiques de construction du racisme et un recul majeur dans la promotion des droits des personnes d’ascendance africaine.

Le Rapporteur spécial a également indiqué que le discours du président français à Dakar, le 26 juillet, s’inscrivait dans cette dynamique de légitimation du racisme.

La criminalisation et le traitement exclusivement sécuritaire des questions relatives à l’immigration, à l’asile, à la situation des étrangers et des minorités nationales, ethniques, religieuses et culturelles, qui ciblent les victimes principales du racisme figure aussi parmi les lourdes tendances énumérées par le Rapporteur spécial. À cet égard, il a déclaré que c’est dans ce contexte que s’inscrivent les propos de Kevin Andrews, ministre australien de l’immigration et de la citoyenneté, singularisant les ressortissants soudanais comme un groupe ayant des problèmes à s’intégrer dans la société australienne.

En France, le récent projet de loi introduisant les tests ADN dans la procédure de traitement administratif des postulants au regroupement familial constitue aussi une illustration de cette stigmatisation de l’immigré. Parmi les autres lourdes tendances, il a cité la montée et la diffamation des religions et de la haine raciale et religieuse, de l’antisémitisme, de la christianophobie et plus particulièrement de l’islamophobie.

Face à ces tendances, a-t-il indiqué, des mesures urgentes, en profondeur et dans la durée, s’imposent. Dans ses recommandations, il met l’accent sur le caractère central de la volonté politique par le refus de l’instrumentalisation politique et électorale, le refus de la banalisation du racisme, de la xénophobie et de l’intolérance, et le combat systématique contre les plates-formes politiques racistes et xénophobes. Il a appelé à l’engagement renouvelé et à la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, particulièrement dans le cadre de la Conférence d’examen de Durban qui se tiendra en 2009.

Publication originale ONU


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