La trêve est entrée en vigueur à Gaza, le gouvernement israélien s’en prend violemment à « Haaretz »

jeudi 30 novembre 2023.
 

Le cessez-le-feu temporaire de quatre jours au moins est entré en vigueur à 6 heures (heure de Paris). Un premier échange d’otages contre des prisonniers palestiniens a eu lieu.

Depuis le 7 octobre, le grand quotidien israélien Haaretz critique sans cesse les errements politiques de Benyamin Nétanhyahou et documente les failles sécuritaires de l’État hébreu. Ce jeudi, dans une lettre adressée au chef de cabinet du premier ministre Yossi Fuchs, le ministre des communications Shlomo Karhi demande que soit adoptée une résolution gouvernementale mettant fin à toutes les publicités, abonnements et autres liens commerciaux de l’État avec le journal de centre-gauche, en invoquant une « propagande défaitiste et mensongère » de la publication contre l’État d’Israël en temps de guerre.

« Depuis le début de la guerre, mon bureau a reçu de nombreuses plaintes reprochant au journal Haaretz d’avoir adopté une position offensive qui sape les objectifs de la guerre et affaiblit l’effort militaire et la résilience sociétale », écrit-il dans sa lettre, avant d’insister : « L’État d’Israël est l’un des clients de Haaretz et le gouvernement est en droit de décider qu’il ne veut plus être le client d’un journal qui sabote Israël en temps de guerre et sape le moral des soldats et des civils israéliens face à l’ennemi. »

Le ministre cite comme illustrations de son courroux deux tribunes, une phrase tirée d’un article d’opinion de l’éditorialiste Gideon Levy (« Sous tout cela se cache l’arrogance israélienne : notre conviction que nous pouvons faire du mal à n’importe qui et que nous ne serons jamais punis pour cela ») et le passage d’un article d’une autre chroniqueuse, Amira Hass (« En un jour, les citoyens israéliens ont vécu la routine des Palestiniens depuis des dizaines d’années : invasion militaire, mort, cruauté, enfants tués, corps abandonnés dans les rues »).

La résolution n’a a priori aucune chance d’être suivie d’effets concrets, et ne devrait même pas être soumise au vote. Le quotidien a répondu ironiquement au gouvernement, par une campagne d’abonnement sur les réseaux sociaux : « Quand le gouvernement Nétanhyahou veut nous faire taire, il est temps de lire Haaretz. »

La trêve est entrée en vigueur à Gaza

La trêve négociée pendant plusieurs semaines entre Israël et le Hamas est entrée en vigueur vendredi 24 novembre à 7 heures (6 heures à Paris). Un premier échange d’otages contre des prisonniers palestiniens devrait avoir lieu vendredi dans l’après-midi.

Une question demeure : la trêve sera-t-elle respectée ? Quelques dizaines de minutes après le début de la trêve, des sirènes avertissant de l’arrivée de potentielles roquettes ont retenti dans deux localités israéliennes proches de l’enclave de Gaza.

Selon une équipe de CNN présente à Sdérot, ville israélienne située à quelques kilomètres de la frontière avec Gaza, il y a eu de « fortes détonations » dans la bande de Gaza quelques minutes après le début de la trêve. De la fumée était d’ailleurs visible au-dessus de Gaza City.

Le porte-parole de l’armée israélienne, Avichay Adraee, a prévenu, dans un message diffusé en arabe sur X, que « la guerre n’est pas encore terminée ». Il a insisté sur le fait que « la pause humanitaire est temporaire », que « le nord de la bande de Gaza est une zone de guerre dangereuse et [qu’]il est interdit de se déplacer vers le nord ».

« Pour votre sécurité, vous devez rester dans la zone humanitaire du Sud », a-t-il ajouté.

Des Palestiniens qui s’étaient réfugiés dans des abris temporaires retournent chez eux dans l’est de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, pendant les premières heures de la trêve vendredi 24 novembre 2023. © Mahmud Hams / AFP

Les combats se sont poursuivis jusque dans les toutes dernières minutes. Un jounaliste de la BBC présent à Sdérot a relevé une frappe israélienne ainsi que le bruit de tirs d’armes légères, de drones et de mortiers à moins d’une heure de la trêve. Dans la nuit, les forces israéliennes avaient attaqué l’hôpital indonésien, situé dans le nord de l’enclave palestinienne.

L’accord conclu entre Israël et le Hamas, avec l’aide du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis, prévoit la restitution de 50 otages en échange d’une pause de quatre jours dans les hostilités et de la libération de 150 Palestinien·nes détenu·es par Israël.

L’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre a fait au moins 1 200 morts côté israélien. L’assaut israélien sur la bande de Gaza qui a suivi a, selon le ministère de la santé palestinien, tué au moins 14 500 Palestiniens et Palestiniennes, parmi lesquel·les de nombreux enfants.


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