L’État d’Israël bientôt condamné pour « génocide » ?

dimanche 14 janvier 2024.
 

Fin décembre 2023, l’Afrique du Sud a déposé une requête devant la Cour Internationale de Justice, accusant le pays de violer la Convention sur la prévention et la répression du crime de génocide. L’objectif ? Inscrire la défense de la Palestine dans le droit international, placer les dirigeants israéliens face à leurs crimes, ouvrir la porte à des sanctions importantes contre ces derniers, et par voie de conséquences, augmenter le niveau de pression sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat.

Plusieurs centaines d’avocats du monde entier ont d’ailleurs déposé une plainte devant la Cour pénale internationale en novembre dernier, emmenés par l’avocat français Me Gilles Devers. Une plainte pour « génocide » en cours à Gaza, pour que, in fine, un mandat d’arrêt international soit émis contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou.

D’après le dernier bilan publié, près de 23 000 Palestiniens ont été tués à Gaza. « On passe nos journées à chercher de l’eau et de la nourriture. On ne vit pas, on survit », témoigne un Gazaoui, Samah Hamdan, dans La Croix. Les ministres israéliens d’extrême droite enchaînent les déclarations hallucinantes sur le sort qu’ils souhaitent faire subir à Gaza, entre crimes, déportations forcées, et colonisation accélérée.

En parallèle, les craintes d’une extension de la guerre dans la région sont bien réelles. Le Liban est menacé par l’État d’Israël et des plans d’invasion seraient déjà sur la table, d’après le journal The Times. Pour éviter que ce scénario ne se réalise, la mobilisation sur le cessez-le-feu en France continue. De même que les appels aux sanctions à l’encontre de l’État d’Israël que le Gouvernement refuse toujours de porter. À quand le soutien de la France aux initiatives pour faire condamner les crimes de guerre de l’Etat d’Israël dirigé par le gouvernement d’extrême droite de Benjamin Netanyaou ? Notre article.

L’Afrique du Sud accuse l’État d’Israël dirigé par Netanyahou de se livrer à des « actes de génocide contre le peuple palestinien à Gaza » Dans une plainte déposée le 29 décembre devant la Cour internationale de justice (CIJ), l’Afrique du Sud a accusé l’État d’Israël dirigé par Benjamin Netanyahou de violer la Convention sur la prévention et la répression du crime de génocide.

Dans sa requête, l’Afrique du Sud affirme que « les actes et omissions de l’Etat d’Israël revêtent un caractère génocidaire, car ils s’accompagnent de l’intention spécifique requise de détruire les Palestiniens de Gaza en tant que partie du groupe national, racial et ethnique plus large des Palestiniens » et que, « par son comportement — par l’intermédiaire de ses organes et agents et d’autres personnes et entités agissant sur ses instructions ou sous sa direction, son contrôle ou son influence — à l’égard des Palestiniens de Gaza, Israël manque aux obligations qui lui incombent au titre de la convention contre le génocide ».

« Israël, en particulier depuis le 7 octobre 2023, manque à son obligation de prévenir le génocide, ainsi qu’à son obligation de punir l’incitation directe et publique à commettre le génocide », et « s’est livré, se livre et risque de continuer à se livrer à des actes de génocide contre le peuple palestinien à Gaza », déclare ainsi l’Afrique du Sud. Les premières audiences de la CIJ auront lieu les 11 et 12 janvier.

Le gouvernement sud-africain continue à appeler « à un cessez-le-feu immédiat et permanent, et à la reprise des pourparlers pour mettre fin à la violence résultant de l’occupation belligérante de la Palestine ». Une plainte qui permet d’inscrire la défense de la Palestine dans le droit international, de mettre les dirigeants israéliens face à leurs crimes et d’ouvrir la porte à des sanctions contre ces derniers.

Plusieurs centaines d’avocats du monde entier ont d’ailleurs déposé une plainte devant la Cour pénale internationale (distincte de la CIJ, qui, elle, traite des différends entre les États, ndlr) en novembre dernier, emmenés par l’avocat français Me Gilles Devers. Une plainte pour « génocide » en cours à Gaza, pour que, in fine, un mandat d’arrêt international soit émis contre le Premier ministre israélien.

Interrogé sur Konbini, Me Gilles Devers explique qu’il existe deux types de génocides dans le droit. Le premier, par une extermination physique de la population, comme la Shoah pendant la seconde guerre mondiale. Le deuxième, par la destruction des conditions matérielles d’existence du groupe social pour qu’ils partent du territoire où ils se trouvent in fine. Les coupures d’eau, d’électricité, empêcher que des camions viennent ravitailler l’enclave gazaouie, les bombardements quotidiens détruisant logements et infrastructures participent de cela.

« Nous devons trouver pour les habitants de Gaza des moyens plus douloureux que la mort » : les déclarations hallucinantes de ministres israéliens Les déclarations hallucinantes de plusieurs ministres israéliens d’extrême droite s’enchainent depuis plusieurs jours. « La mort, ce n’est pas ce qui les brise […] Nous devons briser leur rêve national, les encourager à quitter l’endroit. Nous devons trouver pour les habitants de Gaza des moyens plus douloureux que la mort. », a déclaré le ministre israélien du Patrimoine, Amichai Eliyahu.

« Nous devons établir une colonie juive à Gaza – si nous n’y sommes pas, il y aura 2 millions de nazis là-bas, nous nous réveillerons dans 10 ans avec un nouveau 7 octobre », a affirmé de son côté le ministre des Finances israélien, Bezalel Smotrich. « Nous devons promouvoir la solution pour encourager la migration des résidents de Gaza. C’est une solution correcte, juste, morale et humaine. Nous avons des partenaires dans le monde entier que nous pouvons aider. Encourager la migration des habitants de Gaza nous permettra de rapatrier les habitants (…) du Gush Katif, a déclaré le ministre de la Sécurité nationale, Itama Ben Gvir. Comprendre : la déportation de 2,3 millions de Palestiniens serait une solution « humaine ».

Un appel « à commettre un crime contre l’humanité selon les statuts de la Cour pénale internationale (CPI) qui désignent la « déportation ou le transfert forcé de population » comme un crime contre l’humanité », a dénoncé le député insoumis Thomas Portes sur Twitter. C’est le retour de la rhétorique du retour des colons juifs à Gaza. « Depuis 2005, [il y a] un rêve au sein de cette droite [la plus nationaliste], et notamment parmi les partis les plus extrémistes, de revenir dans la bande de Gaza pour y réimplanter des colonies et voire, pour les plus extrémistes, d’expulser totalement les Palestiniens la bande de Gaza », a expliqué le chercheur Thomas Vescovi sur France Info.

Près de 23 000 Palestiniens tués à Gaza : « on ne vit pas, on survit » Selon le dernier bilan, 23 000 Palestiniens ont été tués à Gaza par l’armée israélienne. Un massacre de masse y a lieu : en trois mois, davantage de personnes ont été tuées qu’en 4 ans de siège de Sarajevo (1992-1996, Bosnie-Herzégovine, ndlr). Gaza est l’« enfer sur terre », a décrit Philippe Lazzarini, commissaire général de l’agence de l’ONU pour les réfugiés de Palestine (UNRWA). Les crimes de guerre sont documentés, les témoignages sont nombreux, qu’ils viennent de Médecins Sans Frontières, l’UNICEF, la Croix Rouge. « On passe nos journées à chercher de l’eau et de la nourriture. On ne vit pas, on survit », témoigne un Gazaoui, Samah Hamdan, dans La Croix.

Les craintes d’une extension de la guerre dans la région sont bien réelles. Déjà, le 8 décembre 2023, Benjamin Netanyahou menaçait le Liban d’un sort similaire à celui de la bande de Gaza. Le numéro 2 du Hamas a été tué par une frappe israélienne dans la banlieue sud de Beyrouth, en plein dans un quartier résidentiel, le 2 janvier. Au moins 5 autres personnes ont été tuées. « Les signes se multiplient d’une agression de Netanyahu contre le Liban. Pas touche au Liban ! 700 casques bleus français sont menacés d’assassinat, comme tant de personnels de l’ONU à Gaza », a réagi Jean-Luc Mélenchon sur Twitter.

Depuis le 7 octobre, date des crimes de guerre du Hamas, les insoumis ont immédiatement appelé au cessez-le-feu au Proche-Orient. Seuls contre tous, malgré les torrents de boue, ils ont tenu la seule position digne, humaniste et conforme au droit international : la condamnation de tous les crimes de guerre, l’arrêt des combats, la levée du blocus à Gaza, la libération de tous les otages et la défense de la paix par le biais d’une solution à deux États. Une position critiquée près d’un mois par le reste de la gauche, qui s’est finalement ralliée à cette même position au fur et à mesure que les massacres rendaient leur absence de condamnation des crimes des dirigeants d’extrême droite israéliens intenable.

Le chef de l’État, lui, a mis plus de 32 jours à appeler au cessez-le-feu. Il vante une position « constante » de la France, démenti par les faits, comme nous l’avions rappelé dans nos colonnes. La mobilisation continue chaque week-end aux quatre coins de la France pour exiger un cessez-le-feu et la paix au Proche-Orient. Aux côtés de nombreuses associations, les insoumis continuent d’organiser des réunions publiques pour la paix à Gaza. L’Histoire retiendra les noms de ceux qui ont soutenu les massacres en Palestine, ou qui, par leurs silences, se sont rendus complice d’un nettoyage ethnique mené contre les Palestiniens.

Par Nadim Février


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