Article de Marianne Chenou, Le Parisien
Eurovision 2024 : pourquoi l’Islande pourrait renoncer à cause du conflit Israël-Hamas
Plus de 5 000 km séparent l’Islande d’Israël, et pourtant le pays nordique et l’État hébreu s’opposent diplomatiquement au travers de l’Eurovision. La télévision publique islandaise RÚV a annoncé ce mercredi qu’une décision sur la participation du pays à l’Eurovision 2024 était encore à confirmer, si Israël était bien autorisé à prendre également part au concours.
Depuis les attaques du 7 octobre, les représailles israéliennes notamment sur la bande de Gaza suscitent de nombreuses réactions en Islande. Les accusations de crimes de guerre à l’encontre de l’armée israélienne ont particulièrement suscité l’attention de l’opinion publique, alors qu’une pétition lancée par un animateur radio local contre la participation islandaise a récolté plus de 9 000 signatures, ce qui représente près de 2,5 % de la population nationale.
Pétition et manifestation contre la participation islandaise
En décembre, la société des auteurs-compositeurs islandais (FTT) avait publiquement demandé à la télévision nationale de ne pas concourir à l’Eurovision en mai, à moins qu’Israël ne soit exclu de la compétition « pour les mêmes raisons que la Russie lors du concours de 2022 ».
Pour rappel, après l’invasion de l’Ukraine en février 2022, les chaînes de télévision russes avaient été exclues de l’Union européenne de radiotélévision (UER), institution qui organise l’Eurovision. Depuis la Russie n’a pas réintégré le concours de chansons.
« Nous avons tous le devoir de prendre position contre la guerre et le meurtre de civils et d’enfants innocents. Nous avons toujours le choix de ne pas apposer notre nom sur de telles choses, que nous soyons des individus ou des institutions nationales. Nous nous devons de ne pas partager un événement qui est toujours caractérisé par la joie et l’optimisme avec des nations qui utilisent la force militaire », avait expliqué la FTT à la mi-décembre.
Une manifestation a eu lieu le 19 janvier devant les locaux de la télévision RÚV, qui a indiqué dans la foulée ce mercredi que la décision concernant la participation islandaise n’était pas entérinée. Elle sera prise en concertation avec le vainqueur, à l’issue de la sélection nationale pour l’Eurovision 2024, « Söngvakeppnin », le 2 mars. Stefán Eiríksson, directeur de la RÚV, a d’ores et déjà annoncé que « personne ne serait forcé à participer » et que la responsabilité de la décision ne pèserait pas sur les participants.
Un chanteur palestinien à la sélection nationale
Par ailleurs, la télévision RÚV a confirmé ce mercredi que le chanteur palestinien Bashar Murad ferait partie des candidats de la sélection nationale pour l’Eurovision 2024. L’homme de 30 ans n’est pas un inconnu dans le pays. Résident à Jérusalem Est, il s’est fait connaître en Islande en 2019, lorsqu’il a sorti le titre « Klefi/Samed » avec le groupe d’électro-industriel Hatari.
Ce duo originaire de Reykjavik avait représenté l’Islande à l’Eurovision 2019, en Israël et s’était fait remarquer tant pour sa prestation atypique que pour son geste au moment de l’attribution des points. Devant les caméras, ils avaient alors déployé une banderole de soutien à la Palestine, alors que le concours était organisé à Tel-Aviv et que de nombreux militants avaient tenté de profiter de l’événement pour médiatiser la cause palestinienne.
D’autres pays ont également émis des critiques contre la participation israélienne au prochain concours qui se tiendra du 7 au 11 mai à Malmö (Suède), comme la Norvège ou la Finlande.
Plus de 1 400 artistes finlandais ont signé une pétition en ce sens début janvier. L’UER a confirmé le 18 janvier auprès du quotidien suédois Aftonbladet qu’aucune sanction n’était pour l’heure prévue à l’encontre du diffuseur israélien Kan.
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