Européennes 2024 : l’irrésistible ascension de LFI à trois jours du scrutin

dimanche 9 juin 2024.
 

Ce 2 juin la Tribune Dimanche résume ainsi les dernières évolutions de la campagne des élections européennes :

Comme aux européennes de 2019, l’électorat le plus volatil de la campagne 2024 pourrait le rester jusqu’au bout. Selon la nouvelle enquête réalisée par l’institut Elabe pour La Tribune Dimanche, le bloc de gauche a progressé de quelques points depuis la semaine dernière, totalisant 32,5%. Le social-démocrate Raphaël Glucksmann marque le pas, demeurant à 13% des intentions de vote pour le 9 juin, au profit de la liste écologiste conduite par Marie Toussaint, qui revient à 7%, tandis que l’Insoumise Manon Aubry (8,5%) et le communiste Léon Deffontaines (3%) ont repris respectivement 1 demi-point et 1 point. « Le bloc est très éclaté mais pourrait retrouver son score total d’il y a cinq ans, complète Bernard Sananès, président d’Elabe. Les thèmes un peu plus sociaux du moment ont pu jouer sur la mobilisation de la gauche. Elle peut nous réserver des surprises dimanche prochain. »

Un élément capital va jouer là-dessus : le niveau de participation au scrutin. En une semaine, l’intention de se rendre aux urnes a augmenté de 4 points, gagnant désormais 46% des Français sondés. « Ce n’est pas négligeable, on pourrait dépasser le niveau de 2019, qui était d’un peu plus de 50%, rappelle Bernard Sananès. Le surcroît de participation se trouve surtout chez les 18-24 ans, les électeurs de premier tour de Jean-Luc Mélenchon et d’Emmanuel Macron en 2022. »

Pour LFI, tout a fonctionné pour le mieux. Nuit noire pour les sondeurs (Jean-Luc Mélenchon)

Européennes : + 1,5 point en 1 semaine, la dynamique de la liste de Manon Aubry

À trois jours des élections européennes du dimanche 9 juin, la dynamique est du côté de la liste de la France insoumise, portée par l’euro-députée Manon Aubry. En témoigne le dernier sondage IFOP paru ce soir. La liste de l’Union populaire a gagné 1,5 point en 7 jours. Même le très droitier Figaro titre : « Européennes : LFI enclenche une nouvelle dynamique dans la dernière ligne droite ».

En face, les campagnes des autres listes se craquellent quand elles ne s’écroulent pas tout simplement. La liste Parti Socialiste-Place Publique portée par Raphaël Glucksmann perd 1 point sur une semaine. Une baisse à l’image du tollé que suscitent ses positions sur les réseaux sociaux où l’ami de François Hollande et Carole Delga a perdu près de plus de 60 000 abonnés sur Instagram au cours de la campagne.

À droite, la liste de Valérie Hayer, candidate désignée par Macron, se stabilise après une grande dégringolade de 19 à 15%. Le Rassemblement National reste en tête à 33%. Il semblerait que la stratégie de Gabriel Attal de débattre à Bardella a profité… à l’extrême droite.

N’oublions jamais que le parti de Marine Le Pen a toujours bénéficié d’une ivresse sondagière et d’une surestimation constante, jamais vue pour aucun autre parti politique. Nous vous en parlions déjà dans nos colonnes en mars 2022.

La grande inconnue de ce scrutin est la participation, ainsi que la mobilisation différentielle des électorats. La progression des sondages en faveur de Manon Aubry s’explique avant tout par cette mobilisation de l’électorat de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle 2022 : la jeunesse et les quartiers populaires. Plus 5 points.

D’ailleurs, celui-ci avait également connu une progression exceptionnelle dans les derniers sondages. Avant de finir encore 5 points plus haut dans le résultat final. Manon Aubry est-elle aussi sous-estimée dans les sondages ? C’est ce que semble indiquer les indicateurs de terrain.

Manon Aubry, en deuxième position de l’élection du 9 juin ? Réponse dimanche

Le dernier week-end de la campagne, les insoumis ont réussi l’exploit de réunir 6 000 personnes sur 3 meetings différents à Toulouse, saint-Étienne et Garges-lès-Gonesses.

Les chiffres de la mobilisation militante donne le vertige. Plus de 700 000 affiches, 45 000 posters géants, 9 millions d’autocollants et… 11,5 millions de tracts ! Alors que le PS arrive à se féliciter d’en avoir distribué 1 million.

Après avoir organisé près d’une centaine de réunions publiques en avril, ce sont maintenant 6 caravanes nationales et 40 caravanes départementales qui sillonnent la France pour organiser chaque jour des porte-à-porte géants.

Le soir, la jeunesse se presse pour danser sur le nouveau son « Abattez la citadelle » lors de la tournée de Manifestival organisée par Louis Boyard. Ce travail acharné des militantes et militants commence à porter ces fruits et prendre de court les adversaires des insoumis.

La liste de l’Union populaire finira-t-elle en deuxième position du scrutin ? Tout dépendra de la mobilisation populaire. Les insoumis ont déjà réussi à affoler le compteur des inscriptions sur les listes électorales. Réponse dimanche dans les urnes.

Par Ulysse

1) Rappel du résultat des élections européennes 2019

Voici les pourcentages obtenus par les listes ayant obtenu des élus, plus le PCF et LO qui nous intéressent à gauche :

RN : 23,34 % (23 sièges)

Macronistes : 22,42% (23 sièges)

EELV : 13,48% (13)

Droite et centre (Bellamy) : 8,48% (8)

LFI : 6,31% (6 sièges)

PS PP (Glucksman) : 6,19% (6 sièges)

PCF : 2,49%

Lutte Ouvrière : 0,78%

2) Février 2024 : La liste LFI donnée par les instituts de sondage en léger progrès par rapport à 2019

, c’est un point positif

Quelques instituts nous donnent à 6%, donc légèrement en dessous de 2019 mais la majorité nous place au dessus.

Vu la campagne médiatique terrible que nous venons de subir, c’est là un point très positif.

3) Fin Mai Début juin 2024 : La liste LFI donnée en net progrès par rapport à 2019

Les 9 derniers sondages, du 24 mai au 2 juin 2024, donnent les estimations suivantes :

- PCF : entre 2 et 3%

- LFI : entre 8 et 8,5%

- PS PP : entre 13 et 14%

- EELV : entre 5 et 6%

- Macronistes : entre 14,5% et 15,5%

- LR (droite) : entre 7 et 7,5%

- RN : entre 30 et 34%

- Reconquête : entre 5 et 7 %

Nous pouvons tirer de ces enquêtes les éléments suivants

3a) Un rapport de force gauche droite dégradé depuis l’explosion de la NUPES voulue par tous nos partenaires PS, PCF, EELV

Cette campagne électorale déroule les conséquences de la rupture de la NUPES. D’abord, cela permet aux macronistes et au RN de surplomber seuls les premiers rangs de la scène politique. Ils sont débarrassés de la compétition avec le troisième bloc que constituait la NUPES à la sortie de la présidentielle de 2022, et qui avait gagné le premier tour des législatives. Mais à présent, fort de son avance proclamée par des sondages, le PS veut donner au résultat un autre sens politique. Pour lui, il s’agit d’une reconfiguration de la gauche sur la base d’une « confrontation » avec les insoumis. Les sondages provoquent parfois une ivresse peut-être imprudente.

Certes au « centre gauche », le parti socialiste domine désormais selon les sondages. À la faveur d’un océan d’abstention, il a inversé la situation avec ses anciens alliés EELV, PCF, ou PRG. Il les devance de nouveau largement dans les sondages. C’est le contraire de l’élection présidentielle (1,67 %) où chacun l’avait battu. (Jean-Luc Mélenchon)

3b) Force de l’extrême droite

Donnée globalement à 40% avec le RN en premier parti de France, cette force de l’extrême droite va nécessairement obliger la gauche à trouver les chemins de l’unité et de la reconquête.

3c) Les Verts et le PCF ont l’air malins…

Ils ont fait les premiers les basses besognes de la rupture de l’union pour « rééquilibrer la gauche ». Mais ils sont les dindons de la farce. Ils se sont eux-mêmes marginalisés comme jamais. Ainsi Raphaël Glucksmann a pu formuler petit à petit, au fil des semaines, un tout nouveau programme et détruire le cadre même de la NUPES sans payer le prix de la division organisée par les autres. Il a ainsi pu assumer la rupture complète avec le « programme partagé » de la NUPES des législatives de 2022. Le rejet de la retraite à 60 ans, l’acceptation du marché européen de l’électricité qui a fait exploser les factures, l’adhésion au nucléaire et aux grands projets inutiles comme le Lyon-Turin. (Jean-Luc Mélenchon)

3d) Le Parti Socialiste

Le PS et son chef de file Glucksmann ont affirmé une volonté de séparation nette et frontale avec les Insoumis. Ils ont réaffirmé le concept de « gauches irréconciliables ». Mais, dimanche 26 mai, Glucksmann a amplifié cette ligne en l’assumant comme un objectif de campagne. Il a même déclaré en être « le garant » pour les élections suivantes. « Mon cap est clair. Je serai le garant de ce que sera le cap de la reconstruction. Je serai le garant de cela. Le 9 juin tranchera le cap de la reconstruction de la gauche française », pérore-t-il encore. Reconstruire ce qu’il a lui-même détruit. Et quand François Lenglet demande : « Et si Mélenchon se réveille ensuite et sort de sa grotte ? », Glucksmann répond sans détour : « Eh bien il y aura confrontation, que voulez-vous que je vous dise ? ». (Jean-Luc Mélenchon)

3e) Manon Aubry et les Insoumis

Globalement, le bilan de cette campagne des européennes peut être jugé positif par les axes politiques développés, par la participation aux meetings, par la capacité de ses débatteurs à occuper leur place lors des débats et confrontations.

Vu que le monde médiatique et les autres forces de gauche avaient comme objectif prioritaire de tuer les Insoumis pour permettre l’émergence de leur propre parti, un résultat de l’ordre de 8% à 8,5% serait déjà pour nous une victoire.

Ceci dit, encore un petit effort, encore un petit mieux, seraient les bienvenus.

3f) Les instituts de sondage ont-ils minimisé volontairement les intentions de vote pour la liste Union Populaire France Insoumise comme paraît le montrer la soudaine progression à une semaine du vote ?

Bientôt le 9 juin il y aura trois résultats du vote. Deux par des sondages erronés et un définitif. La veille le vendredi ce sera un sondage bidon avec moins cinq points pour nous sur le résultat final : comme à la présidentielle de 2022. Le jour même à 20 Heures, avec trois points de moins pour nous : comme à la présidentielles. Enfin à 23 heures, le résultat réel, quand les votes des grandes villes et des quartiers populaires auront été comptabilisés. Comment pourrait-il en être autrement : deux millions d’électeurs supplémentaires inscrits, une proportion plus importante que jamais de nos électeurs de 2022 décidant de voter, une manif Palestine par semaine puis par jour depuis des semaines et des semaines, des meetings combles (mais pas pour tous…) Mais les résultats ne bougeraient pas davantage qu’un demi-point en plus ou en moins ? Bien-sur, ça sent fort la manipulation. Mais cette fois-ci, si elle se reproduit ce ne sera pas sans conséquence pour ses auteurs. Je vous en informe : Mathilde Panot m’a déjà annoncé qu’elle proposera de poser la question des sondages et des raisons de leurs lourdes erreurs à répétition et de plus en plus considérables. Il est question d’une commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur l’organisation et le déroulement des votes en France. Il s’agit de faire cesser les bugs de république bananière qui s’y développent depuis le début de l’ère Macron : bulletins non distribués, plantage du vote électronique par correspondance, radiation sauvage des listes électorales sans raison, et ainsi de suite. Par esprit de classe bien-sûr mais aussi par inefficacité, par « je-m’enfoutisme » et mépris des secteurs populaires du pays. (Jean-Luc Mélenchon)

Jacques Serieys


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