Trois points durs pour l’application du programme du Nouveau Front Populaire

samedi 20 juillet 2024.
 

Trois points durs pour l’application du programme du Nouveau Front Populaire Derrière les débats sur le nom du Premier ministre, il y a trois « points durs » aujourd’hui plus ou moins dans l’ombre et dont le premier viendrait en pleine lumière dès un engagement résolu du programme du NFP. Contre tous les prétextes aux renoncements, nous aurions tout intérêt à faire ressortir dès aujourd’hui ces points durs liés entre eux.

Pour la bataille immédiate d’idées sur la mise en œuvre du programme du NFP, voici des propositions certainement améliorables par la discussion. Derrière les débats sur le nom du Premier ministre et l’application en général du programme du NFP, il y a trois "points durs" aujourd’hui plus ou moins dans l’ombre et dont le premier viendrait en pleine lumière dès un engagement résolu du programme du NFP. Contre tous les prétextes aux renoncements, nous aurions tout intérêt à faire ressortir dès aujourd’hui ces trois points durs liés entre eux :

1) Le financement de la dette publique à sortir immédiatement des griffes des marchés financiers

2) L’engagement vers une correction des faiblesses de la balance des paiements de la France, question imbriquée avec celle du financement de la dette publique. Aujourd’hui le déficit de la balance commerciale de la France est compensé dans l’équilibrage de la balance des paiements par des entrées de capitaux étrangers allant notamment vers des titres de dette publique.

La proposition est d’amorcer clairement une reconstruction sociale-écologique de la production tournée vers les besoins réels des gens, leur protection face à la crise écologique, l’équilibre avec la nature, la coopération internationale. Et simultanément, pour justifier l’exigence d’interventions immédiates de la Banque Centrale Européenne cassant les spéculations, d’engager vigoureusement le débat à l’échelle européenne sur les rééquilibrages des balances commerciales des différents pays, y compris contre les excédents de l’Allemagne (rapport du Fonds Monétaire International : INTERNATIONAL MONETARY FUND, July 2024, "EXTERNAL SECTOR REPORT. Imbalances Receding")

3) Les droits des salariés dans les entreprises (ci-dessous des détails) en rappelant d’abord que les formes actuelles de la subordination dans les entreprises sont un élément majeur du vote Rassemblement National (cf. Thomas Coutrot Le Monde du 28-06-2024).

Ensuite, en soulignant que des avancées rapides en la matière sont nécessaires pour les besoins des salariés et pour favoriser le développement de leurs interventions dans la gestion des entreprises. Sans ces interventions coordonnées avec l’action d’un gouvernement type NFP, nous ne pourrons pas gagner face à la pression exercée par les forces liées aux capitaux dominants et par les marchés financiers en nous orientant vers la reconstruction sociale-écologique de la production.

Je pourrai détailler et argumenter plus, mais je commence car le temps presse.

Dix propositions sur les droits des salariés dans les entreprises

Augmenter immédiatement à au moins un tiers la représentation des salariés dans les instances de décision des entreprises grandes et intermédiaires au sens de l’Insee et, lorsqu’un Conseil national à la planification démocratique sera mis en place, porter la représentation des salariés à un nombre égal à celui des actionnaires en ajoutant, selon la taille de l’entreprise, un ou plusieurs représentants de ce Conseil national

Reconstitution des CHSCT (Comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) qui pourraient être nommés "Conseils de la Qualité du Travail" Possibilité pour les travailleurs de se réunir 3 à 5 heures par trimestre pour dire leur mot sur leur travail, avec leurs représentants si possible, sans leur hiérarchie. À ces temps s’ajouteraient 3 à 5 h supplémentaires pour que les travailleurs puissent confronter leurs discussions avec leur hiérarchie en présence de leurs représentants

Constitution de Comités de filière analogues à une échelle supérieure aux Comités d’entreprise, Comités de filière pouvant engager la responsabilité sociale et écologique des donneurs d’ordre et contribuer à la définition de politiques de filière

Pour les aides publiques aux entreprises, institution d’un avis conforme du Comité d’entreprise et du Comité de filière concernés directement Institution au bénéfice des Comités d’entreprise d’un droit de véto suspensif sur les plans de licenciement et de nouveaux droits de contrôle sur les finances de leur entreprise

Donner plus de pouvoir aux salariés lors des procédures de redressement et de liquidation d’entreprise et instaurer le droit à un vote de défiance à l’égard des dirigeants d’entreprise ou des projets stratégiques

Créer un droit de préemption pour permettre aux salariés de reprendre leur entreprise sous la forme d’une coopérative

Etablissement de sections territoriales des Comités de filière pouvant encourager les circuits courts et toutes les coopérations possibles localement et à des échelles intermédiaires

Dotations aux CSE, CHSCT, Comités de filières et à leurs sections territoriales de moyens conséquents pour recourir largement à des conseils.

Patrice Grevet

Professeur honoraire de sciences économiques à l’université de Lille


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