Au Royaume-Uni comme en France, les résultats électoraux en faveur de la gauche montrent une dénonciation des politiques néolibérales. Les scores de l’extrême droite, laquelle reste en embuscade, en sont une autre manifestation.
Les résultats des élections récentes au Royaume-Uni et en France peuvent être interprétés à l’aune des effets délétères des politiques néolibérales sur la majorité de la population. Lancées par Thatcher au Royaume-Uni il y a plus de quatre décennies, et poursuivies par ses successeurs, ces politiques ont traumatisé le peuple. Pour de nombreux Britanniques, se nourrir, se loger, se chauffer, étudier, se déplacer sont des difficultés quotidiennes, tandis qu’une minorité s’est enrichie et que les inégalités se sont creusées. Pour faire diversion, confronté à la montée en puissance du parti populiste de Nigel Farage (Ukip), le premier ministre conservateur David Cameron a lancé en 2016 le processus du Brexit.
Les promesses de la campagne de l’époque ont été nombreuses et non tenues : parmi celles-ci, les ressources financières considérables confisquées par l’Union européenne (UE) seraient enfin consacrées au système de santé, à l’éducation et au logement… En réalité, le nombre de sans-abri a été multiplié par deux, celui des enfants vivant dans des foyers pauvres par trois, les listes d’attente pour avoir un rendez-vous médical se sont allongées, la pénurie de logements s’est aggravée et les salaires stagnent. S’il est vrai que l’UE constitue un carcan néolibéral, le Brexit n’a pas eu pour autant les effets escomptés : le pouvoir d’achat a progressé moins vite que dans l’UE, les services publics sont en crise.
Le raz de marée électoral qui a porté le Labour au pouvoir le 4 juillet est le signe de la volonté du peuple britannique de tourner la page. Mais les défis auxquels sont confrontés les travaillistes sont considérables. Et la menace populiste reste présente avec le retour en politique du xénophobe Nigel Farage, très populaire dans les petites villes et parmi les populations victimes des politiques néolibérales.
En France, le vote massif en faveur du Rassemblement national (RN) aux élections européennes puis législatives est aussi une conséquence directe de la colère des laissés-pour-compte des politiques néolibérales menées par les gouvernements successifs de droite et de gauche, et amplifiées par Emmanuel Macron depuis 2017. L’accélération des fermetures de bureaux de poste, des centres d’impôts, des écoles, des maternités, des services d’urgence, les suppressions de lignes de train ont nourri un sentiment de déclassement sur lequel s’est appuyée la campagne anti-élites et xénophobe du RN.
Le coup de poker de la dissolution tenté par Emmanuel Macron pour déjouer l’impopularité de sa politique a échoué. L’union des partis de gauche au sein du Nouveau Front populaire (NFP) et son programme de rupture avec le néolibéralisme, ainsi que la discipline républicaine des électeurs, ont permis de faire échec à l’extrême droite lors des législatives. Mais, comme au Royaume-Uni, cette dernière reste en embuscade. Seul le NFP apporte une alternative aux politiques néolibérales. Il devra s’appuyer sur la mobilisation du peuple de gauche.
Par Dominique Plihon
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