Les températures moyennes mondiales en juin, juillet et août ont été les plus élevées jamais mesurées, annonce ce vendredi 6 septembre l’observatoire européen Copernicus. Le précédent record datait de l’an dernier seulement.
La litanie des records s’enchaîne. Malgré une impression d’été maussade en France, la saison estivale 2024 a battu tous les records à l’échelle mondiale, avec des températures moyennes en juin, juillet et août les plus élevées jamais mesurées, détrônant l’été 2023, déjà bouillant, annonce ce vendredi 6 septembre l’observatoire européen Copernicus. « Dans un climat qui change et qui se réchauffe, logiquement, on mesurera toujours des records année après année », détaille Christine Berne, climatologue à Météo France. Elle rappelle que seule la diminution des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle planétaire pourrait stabiliser le climat.
Avec un mercure moyen à 16,82 °C, le mois d’août a dépassé de 1,51 °C le niveau enregistré à l’époque préindustrielle. « Ces trois derniers mois, la planète a connu les mois de juin et d’août les plus chauds, la journée la plus chaude et l’été de l’hémisphère nord le plus chaud », détaille, alarmée, Samantha Burgess, cheffe adjointe du service changement climatique de Copernicus, dans le bulletin mensuel de l’organisme.
Finalement, ces douze derniers mois, la température moyenne a été 1,64 °C plus élevée qu’à l’ère préindustrielle, selon Copernicus. L’année 2024 a donc de fortes chances d’être la plus chaude jamais mesurée et de devenir la première année calendaire à dépasser le seuil des 1,5 °C. Une telle anomalie doit toutefois être observée en moyenne sur plusieurs décennies pour permettre de considérer que le climat, actuellement plus chaud d’environ 1,2 °C, a officiellement dépassé le seuil fixé par l’accord de Paris. Les relevés de Copernicus remontent à 1940, mais ces températures sont sans précédent depuis au moins 120 000 ans, selon les données de la paléoclimatologie, établies notamment grâce aux carottes de glace et de sédiments.
En Europe, les températures ont été plus élevées que la moyenne dans le Sud et l’Est. La Grèce et les Balkans ont suffoqué avec, en juillet, des températures « entre 8 à 12 degrés au-dessus des moyennes de saison ». La chaleur et la sécheresse ont d’ailleurs entraîné un cortège d’incendie dans la région d’Athènes. En Sicile, le manque de pluie inquiète les habitants, privés d’eau du robinet, et les agriculteurs, dont les fermes manquent cruellement d’or bleu.
En France, Christine Berne rappelle que l’été 2024 a été plus chaud que la moyenne. « Seules deux régions échappent à ce diagnostic, les Pays de la Loire et la Bretagne, remarque-t-elle. Les températures moyennes ont été tout à fait conformes aux normales. » Au contraire, dans le Sud, les régions Provence-Alpes-Côte-d’Azur et Auvergne-Rhône-Alpes ont enregistré un été environ 1,2 °C à 1,5 °C plus chaud que la période de référence 1991-2020. « Les années 2023 et surtout 2022 ont été si exceptionnelles que la saison estivale 2024 passe pour médiocre, pointe la spécialiste. Nous avons la mémoire courte. »
Ailleurs, le mercure s’est affolé au Mexique, au Canada et aux Etats-Unis où, sur la côte ouest, il a grimpé à plus de 50 °C, causant le décès de dizaines de personnes. Des incendies de forêt ont aussi ravagé l’Amérique : l’ouest canadien et la Californie ont été en proie à la dévastation des flammes. Les incendies sont toujours en cours au Brésil. Par un cercle vicieux, ces gaz à effet de serre libérés par ces feux dantesques aggravent le réchauffement de la planète.
En Afrique, une brutale canicule fin juillet a fait 21 morts en vingt-quatre heures dans le centre du Maroc, en proie à sa sixième année consécutive de sécheresse. Au Niger, pays sahélien désertique très fragilisé par le changement climatique, les inondations en juillet ont fait au moins 53 morts et 18 000 sinistrés. Les fortes précipitations ont également provoqué des inondations au Soudan, en Ethiopie, en Erythrée et au Yémen, où une soixantaine de personnes sont mortes. Au Moyen-Orient, l’Iran s’est barricadé face à la chaleur en juillet, fermant ses banques et ses établissements publics. En Arabie saoudite, 1 300 pèlerins de La Mecque sont morts sous 52 °C mi-juin, frappés eux aussi par la canicule.
La chaleur s’est étendue jusqu’aux pôles, où, dans l’archipel arctique du Svalbard (Norvège), les températures du mois d’août, de 5 °C au-dessus de la norme climatologique, ont été qualifiées d’irréelles par les experts. Une catastrophe, puisque les régions polaires sont les piliers du climat mondial. Par ailleurs, l’étendue de la glace de mer arctique a été inférieure de 17 % à la moyenne en août, soit l’un des seuils les plus bas jamais enregistré. Des anomalies ont été recensées dans la quasi-totalité de l’océan Arctique. Même chose de l’autre côté du globe, où l’étendue de la glace de mer dans l’Antarctique était le mois dernier 7 % inférieure à la moyenne.
Dans les océans aussi, les valeurs du thermomètre ont dépassé l’entendement. La température moyenne de la surface de la mer en août était de 20,91 °C, note Copernicus, soit seulement 0,07 °C de moins qu’en août 2023, qui détient le record. Le mercure est resté anormalement élevé dans de nombreuses autres régions maritimes, comme en Méditerranée, en surchauffe continue cet été : 30 °C ont été enregistrés en août au large de Nice.
Les répercussions sur la vie marine sont innombrables, avec des mortalités massives des gorgones et des coraux, par exemple. Les océans, qui absorbent 90 % de l’excès de chaleur provoqué par les activités humaines, se sont maintenus à des températures hors normes depuis mai 2023, ce qui fournit un carburant supplémentaire aux cyclones.
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