Calendrier républicain. Le nouvel an républicain arrive à grands pas (22 septembre). Cette année, la fête de l’an 233 de la République sera précédé d’un autre évènement historique : quelques jours après la recevabilité par le bureau de l’Assemblée nationale de la motion de destitution d’Emmanuel Macron déclenchée par LFI, des manifestations sont prévues pour la soutenir ce samedi 21 septembre d’un bout à l’autre du pays. De 1792 à 2024, l’abolition de la monarchie reste d’actualité, et ils sont nombreux à la réclamer.

L’intérêt pour le calendrier républicain est gonflé par ce moment inédit dans lequel est plongé le pays, par les coups de force successifs d’Emmanuel Macron, dont le véto qu’il a opposé seul au suffrage universel, contre la victoire du NFP. Le roi Louis XVI lui-même n’avait pas été si loin mais avait tout de même perdu sa tête, à juste titre.

Cet engouement populaire grandissant pour le nouvel an républicain, l’organisme du Calendrier républicain le mesure année après année, et voit sa visibilité gonfler en conséquence. L’Insoumission vous livre son entretien auprès des militants de cet organisme à intérêt public. Notre entretien.

Un calendrier républicain ? L’extrême droite « enrage complètement » Pour rappel, le Calendrier Républicain, qu’est-ce que c’est ?

Il s’agit du calendrier qui a été mis en place pendant la 1ʳᵉ République de 1792 au moment de l’abolition de la monarchie, il est aboli par Napoléon en 1804, rétablit par la Commune en 1870 et exterminé par la répression sanglante de Thiers. Il est donc un allié historique des radicaux à travers les âges. Constitué en 12 mois de 30 jours chacun (Vendémiaire, Brumaire, Thermidor ou Ventôse etc…) ainsi que de 5 jours supplémentaires à la fin de l’année appelés Sans-culottides.

Il est par définition Laïc et s’oppose au calendrier grégorien catholique de l’époque. À la place des saints on fête des plantes, des fleurs, des fruits des animaux et les mois sont basés sur le climat de la saison où nous sommes à ce moment de l’année. Basé sur la nature et la rationalité il est bien plus connecté à notre époque préoccupée par la question écologique que ne l’est le vieux calendrier chrétien.

Et donc les gens s’intéressent à cet objet à nouveau ?

Oui, on vit vraiment une accélération de notre activité, pour la résumer, nous produisons et nous vendons des calendriers républicains en plus de gérer les réseaux sociaux ; sur ces réseaux la communauté a augmenté de 1700 % en un an ce qui est absolument colossal et donne beaucoup d’énergie et de moyen pour construire la suite. Pour la vente des calendriers républicains, nous en avions vendu une trentaine d’une qualité amateure l’année dernière (232).

Cette année, nous en avons produit 200 de qualité professionnelle (reliure, papier rigide) et notre surprise fut immense quand on a vu que l’intégralité du stock est partie en moins d’un mois ; c’est dire la réactivité de la communauté. On envisage sérieusement le millier d’édition l’année prochaine, ce qui est une réussite immense puisqu’on ne pensait pas avoir une telle production avant des années.

Mais peut-être que vous l’avez juste vendu à votre famille et vos amis ?

(Rires) bien sûr, vous êtes libre de croire que nous sommes une grande famille ! Mais les ventes en réalité se sont faites sur l’ensemble de la France, c’est d’ailleurs ça qui est le plus surprenant et le plus enthousiasmant, nous avons vendu dans toutes les régions, dans toutes les villes majeures de France, même en Belgique, en Allemagne et- vous allez rire- on a même un américain et un canadien qui nous en a acheté un.

Le calendrier Républicain est donc désormais loin d’être un objet de musée ou de placard, c’est un produit vendu dans la France entière et à l’international qui rassemble et est utilisé par une communauté d’hommes et de femmes qui n’ont rien d’autre en commun qu’une commune foi en la République et en ses principes.

Comment expliquez-vous cette réémergence de ce calendrier ?

Sans rien avoir contre les chrétiens, avec 60 % de la population qui n’a plus de religion, 30 % de chrétiens bien moins pratiquants qu’il y a 50 ans, la religion n’a plus la place centrale qu’elle a eu dans notre société. Pour autant, les gens veulent encore vivre ensemble et avoir des rites et des fêtes communes. Ils cherchent donc une alternative aux rythmes religieux, nous pensons que nous répondons positivement à cette demande pour tout un ensemble de personnes et c’est pour cela que nous arrivons à structurer une communauté de temps.

Il faut ajouter que la montée du fascisme dans notre pays peut donner envie à tout un ensemble de personne de redonner de la force et de la vitalité à l’idéal républicain.

Justement venons en au caractère politique de ce calendrier, avouez-le-nous, vous ne vendez qu’aux « gauchistes » non ?

C’est un public important, mais nous touchons aussi des communautés peu ou pas politisées et on va même plutôt vous avouer que nous avons un public de droite qui est preneur. Ce qui nous a étonné au début, mais qu’on explique simplement par le fait que la République ou même la France sont des idées complètement transversales et que nous faisons plus que de fédérer au sein de la gauche, on a aussi moyen d’avoir une influence culturelle dans l’intégralité du champ politique.

Attention, on pense que le contenu idéologique du calendrier républicain est indissociable de la république sociale, mais on ne va pas empêcher des gens de droite et de centre d’acheter notre produit, disons que c’est du « soft-power » de gauche.

Quel public est le plus réceptif du coup ?

Vraiment tout le monde, les plus âgés vont être touchés par leurs souvenirs anticléricaux de leur jeunesse alors que la religion chrétienne était plus présente, les plus jeunes vont justement avoir intériorisé le fait que la chrétienté, c’est de l’histoire ancienne et qu’il faut bâtir un contre-projet de société auquel ils adhèrent. On touche autant les femmes que les hommes avec une remarquable mixité. Même au niveau des catégories sociales, on va toucher des classes aisées ou des prolétaires de façon assez identique, à la différence que les uns ont plus de facilité à acheter l’objet que les autres, mais ils vont autant s’abonner aux réseaux sociaux les uns que les autres.

Peut-être qu’on touche moins les personnes racisées, alors que pourtant le calendrier républicain, c’est le calendrier de l’abolition de l’esclavage et des droits de l’homme. On est quand même plus proche de l’antiracisme quand on a comme image Toussaint Louverture que quand on a comme héritage Charles Martel, les croisades d’Urbain II et le colonialisme messianique.

Quelle est la réaction de l’extrême droite ?

Ils enragent complètement. On est dans une opposition absolument frontale à leur vision de la « France aux racines chrétiennes » puisque l’on fait l’histoire de « la République aux racines laïques » et que ça fonctionne. On ne compte plus les insultes et les menaces faites sur les réseaux sur notre compte qui fait quelque chose d’aussi simple que d’annoncer une date tous les jours.

Mais on a un peu pitié pour les rageux parce que cela doit être difficile d’avoir un adversaire aussi inarrêtable qu’un calendrier (Rire), on se les imagine beaucoup en train d’être des chevaliers en croisade qui essayent d’arrêter les vagues de la mer en donnant des grands coups d’épée dans l’eau. Nous qui sommes la mer, inexorable, qui érode les falaises, on reste calme, ils vont s’essouffler dans leur guerre face au temps et aux vagues. Nous, on n’a qu’à calmement continuer, en prenant 3 minutes par jour, d’annoncer la date Républicaine sur les réseaux sociaux : simple.

Vous avez l’air déterminés à poursuivre et à vous étendre à l’aube de cette nouvelle année !

Absolument ! Entre la 5ᵉ sans-culottide 232 et le 1er Vendémiaire 233 qui marque le début de l’année (entre le samedi 21 et le dimanche 22 septembre) on vous invite à fêter le nouvel an républicain partout en France, vous verrez vous trouverez des camarades-citoyen.nes pour le faire !