L’accumulation des années n’a pas que des inconvénients, elle a aussi des avantages. J’ai un peu plus de 34 ans de plus que Ruffin. Au cours de mes plus de 82 ans de vie, j’ai beaucoup déménagé. Pour suivre les pérégrinations de mes parents, toutes pour des raisons économiques, mais également tout au long de ma vie d’homme. Je ne vais m’appesantir que sur mes déménagements au cours de ma vie d’homme. Sachant que, tout au long de ma vie d’homme, où que j’ai habité et où que j’ai travaillé, je n’ai cessé d’être un adhérent puis un militant de la CGT, depuis 1959, un militant politique, au PCF, de 1963 à 1978, au PS, de 1980 à 1996, dans la mouvance de Mélenchon, depuis 2005.
J’ai vécu toutes ces années de militance et de citoyen en Seine-Saint-Denis, à Romainville, de 1961 à 1985, à Bondy, de 1989 à 1997, en Seine et Marne, à Évry-les-Châteaux, près de Brie-Comte-Robert, de 1985 à 1989, et enfin en Aveyron, à Naucelle, depuis 1997.
Chacun de mes lieux de domicile avait et, parfois, a toujours, des particularités sociologiques. À Romainville comme à Bondy, je n’ai vécu que dans des cités HLM, fortement composées d’ouvriers et, de plus en plus, de population étrangère, originaire surtout d’Afrique du Nord et noire. À Évry-les-Châteaux, la population était surtout paysanne et, de plus en plus, française blanche, s’éloignant de Paris pour accéder à la propriété de son habitation. Cette population était essentiellement faite de petits et moyens cadres. À Naucelle, dans l’Aveyron, les immigrés et les ouvriers y sont très peu nombreux. La population est surtout faite de petits paysans, d’employés, de petits et moyens cadres.
Dans chacun de mes lieux de vie, que ce soit avec le PCF, ou avec le PS, ou avec LFI, le contenu de l’expression de leurs militants est double. D’une part, ils relaient l’expression nationale de leur parti, d’autre part, ils confectionnent des expressions adaptées à la sociologie de leur ville et même de leur quartier. Qu’y a-t-il là de honteux ? Qu’y a-t-il de raciste et de honteux, dans les quartiers grandement composés de population africaine à ce que les militants politiques, à quelque parti qu’ils appartiennent, mettent en avant les propositions les concernant plus particulièrement ? Idem, dans les quartiers sociologiquement différents.
Il se trouve que la circonscription aveyronnaise, où je vote depuis 1997, est immense. Elle est sociologiquement très différente entre sa partie Est, où j’habite, et sa partie Ouest (Decazeville). Elle est beaucoup plus paysanne et moins peuplée à l’est, et ouvrière et plus peuplée à l’ouest. Grâce à cette particularité, ma circonscription est la seule des trois de l’Aveyron à avoir élu en 2022 et réélu en 2024, le seul député LFI, ouvrier, de surcroît. Il va de soi que le contenu de l’expression des candidats et militants des partis, quels qu’ils soient, n’était pas tout à fait le même à l’est et à l’ouest de ma circonscription. À aucun moment, je n’ai eu honte de ce qu’a dit d’adapté mon député, Laurent Alexandre, à l’est et à l’ouest de ma circo. À aucun moment, je n’ai eu honte de ce que j’ai dit d’adapté à mes interlocuteurs, pour les inciter à voter pour Laurent Alexandre.
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