Saisonniers agricoles : Non à un esclavagisme moderne (Confédération paysanne)

mercredi 12 décembre 2007.
 

L’agriculture nécessite une main d’œuvre saisonnière importante. L’emploi saisonnier agricole en France représente 800 000 personnes dans le secteur des fruits et légumes en 1998 (contre 140 000 permanents et 90 000 à temps plein). Environ 100 000 saisonniers sont employés sur une période de plus de 3 mois ; 200 000 saisonniers entre 20 jours et 3 mois et 500 000 saisonniers de moins de 20 jours. 40 % des emplois sont féminins.

L’entrée des travailleurs saisonniers agricoles sous contrats « OMI » (Office des migrations internationales) en 2002 représentait 13 232 personnes en France dont 6 550 venant du Maroc et 5 836 de Pologne. Le nombre « d’introductions » de saisonniers agricoles est passé de 7 200 en 1998 à 14 500 en 2004.

Pour l’année 2001, sur 72 départements recensés, 52 sont en forte croissance sans qu’aucune explication de conjoncture économique plausible ne soit identifiable. Plus de la moitié des contrats OMI travaillent dans les Bouches-du-Rhône, viennent ensuite le Rhône, le Vaucluse, le Gard, la Drôme, la Marne.

En Europe, l’intensification de la production des fruits et légumes a entraîné un besoin d’une main d’œuvre massive en fonction des pics de production et flexible en termes de conditions de travail. La production des fruits et légumes est le secteur le moins mécanisé et le moins réglementé de la politique agricole commune et donc l’un des plus soumis au libéralisme sauvage. La commercialisation est dominée par les grandes chaînes de distribution qui exercent une pression constante sur les prix de cession. Les producteurs sont devenus de véritables « sous-traitants » cherchant au maximum à compresser leurs coûts, mettant en place des unités de production de plus en plus grandes et une recherche de productivité au m2 de plus en plus forte.

Dans cette logique libérale, la pression est reportée sur le dernier maillon de la chaîne : les ouvriers agricoles.

Le coût du travail étant la seule variable sur laquelle le producteur peut influer, la recherche d’une main d’œuvre bon marché, soumise et corvéable à merci est la règle. Partout en Europe, cette armée de réserve est puisée parmi les populations les plus fragilisées : chômeurs nationaux déclarés ou non, immigrés légaux avec ou sans contrat de travail et immigrés clandestins. Pour les recruter, des filières légales ou illégales sont organisées. Des statuts légaux de travailleur saisonnier agricole pour les migrants sont mis en place par les gouvernements. Ces contrats prévoient le retour systématique dans le pays d’origine ce qui rend impossible toute plainte du salarié contre les abus qu’il a subi (dépassement d’horaires, pas de repos hebdomadaires, heures supplémentaires obligatoires sous payées ou non payées, absence de visite médicale, mise à disposition chez un autre employeur, pas de congés payés, pas de prime d’ancienneté, absence d’in formation sur les risques des pollutions agricoles, etc.). Ces contrats sont de courte durée et ne permettent pas aux salariés de bénéficier des avantages sociaux tels que le droit à la retraite par exemple. Parallèlement à cette exploitation relevant de la servitude, ces travailleurs saisonniers sont victimes du racisme latent et parfois violent comme l’ont révélé les émeutes d’El Ejido en Andalousie en 2000.

Pour la Confédération Paysanne, dénoncer cette forme d’esclavagisme moderne est une remise en cause fondamentale des modes de production agricole et de consommation. Cette dénonciation passe par la défense de tous les travailleurs de la terre, quel que soit leur statut, et le soutien à toutes les luttes menées par des saisonniers pour faire appliquer et respecter le droit du travail, le droit au logement et les droits de l’homme.


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