La ministre de l’éducation nationale assure que « le navire ne changera pas de cap ». Celui qui fonce dans le mur.
Pas facile d’arriver au ministère de l’éducation après l’inénarrable Amélie Oudéa-Castera – on oublie Nicole Belloubet qui a assuré l’intérim en pleine crise institutionnelle. On pensait qu’Emmanuel Macron n’allait pas se moquer du monde en nommant, encore, une coquille vide à ce poste majeur. On se trompait.
On ne va pas ici revenir sur le passé colonial d’Anne Genetet ou sur son absence totale de qualifications en matière éducative, le travail de mémoire a été largement effectué par d’autres. Mais en 17 jours Rue de Grenelle, la nouvelle ministre a déjà montré toute l’étendue de son talent.
Sa première invitation, tout d’abord. Plutôt que de discuter avec les syndicats, Anne Genetet invite au ministère… un TikTokeur Senseidesmots. Le bougre est à l’initiative d’une pétition sur le changement des rythmes scolaires qui a recueilli plus de 300 000 signatures. « Je n’ai aucun tabou », arguait la ministre. Une rencontre finalement annulée car le vidéaste est aussi un amateur de déclarations homophobes. Couac.
Sa première interview, au micro de RTL, ensuite. Anne Genetet imite Bruno Retailleau puis annonce un « temps de recueillement » le 7 octobre « pour réfléchir à ce que signifie défendre la laïcité très concrètement », faisant référence aux attaques du Hamas en Israël en 2023. Quel rapport avec la laïcité ? La question n’est même pas là. Car la ministre confond cet événement avec une commémoration pour les assassinats des enseignants Samuel Paty et Dominique Bernard. Oups.
Et re-oups quand il faut envoyer un mail aux enseignants pour l’hommage aux deux professeurs assassinés. Le ministère se contente d’un copier-coller du mail de l’année précédente, sans même prendre soin de modifier les dates.
Et re-couac quelques jours plus tard auprès de nos confrères de Libération. Incapable de nous prouver qu’elle est légitime à son poste, elle tente de passer pour une femme de gauche : « Le 10 mai 1981 (à 18 ans donc, ndlr), j’étais au Panthéon pour l’élection de François Mitterrand ». Elle devait se sentir seule, puisque c’est lors de son investiture, le 21 mai, qu’il y a eu un rassemblement au Panthéon.
Pendant sept ans, Bruno Le Maire a pu mener la France à la ruine au ministère de l’économie, sans jamais recevoir le moindre blâme du grand chef. A contrario, la Rue de Grenelle a été un véritable moulin : cinq ministres depuis 2022. Pour quel bilan ? Le ministre du premier quinquennat, Jean-Michel Blanquer, a posé les bases d’une politique conservatrice, les autres n’ont eu qu’à gérer les affaires courantes. Seul Gabriel Attal s’est pris pour Jules Ferry en… interdisant l’abaya. C’est d’ailleurs lui qui aurait propulsé Anne Genetet à l’éducation, contre l’avis de Michel Barnier. Et elle l’assure : « Le navire ne changera pas de cap, je vais juste changer de vitesse ». Quel navire ? Quel cap ? Nul ne sait.
Loïc Le Clerc
Date | Nom | Message |