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Lorsque l’on parle de besoins humains, de quoi parle-t-on ? Existe-t-il une hiérarchie pour les classer ? Quels sont les paramètres économiques, culturelles et sociaux à prendre en compte ?
On aborde ici cette vaste question au centre du combat politique avec une approche multilatérale.
1 – Définition du concept : pyramide de Maslow
La pyramide de Maslow est un modèle psychologique qui hiérarchise les besoins humains. Conçue par le psychologue Abraham Maslow dans les années 1940, cette pyramide représente les différents types de besoins que les individus cherchent à satisfaire, organisés en niveaux de priorité. Selon Maslow, les besoins doivent être comblés progressivement : les besoins de base doivent être satisfaits avant de pouvoir passer à des besoins plus élevés.
Voici les cinq niveaux de la pyramide de Maslow :
Ce sont les besoins les plus fondamentaux, nécessaires à la survie : la nourriture, l’eau, le sommeil, l’air, et la température corporelle. Tant que ces besoins ne sont pas comblés, les autres besoins ont peu de poids. Par exemple, une personne affamée va d’abord chercher de la nourriture avant de penser à sa sécurité ou à ses relations sociales.
Une fois les besoins physiologiques satisfaits, le besoin de sécurité devient prioritaire : la protection, la stabilité, la sécurité physique et financière, la santé, et la préservation des ressources.
Ce besoin inclut aussi la recherche d’un environnement stable, sans danger, et parfois la recherche d’un emploi stable ou d’un logement.
Ce niveau concerne les relations sociales : l’amitié, la famille, l’amour romantique, et l’acceptation sociale.
Maslow estime que chaque individu a besoin de se sentir intégré et accepté, que ce soit dans la famille, avec les amis ou au sein d’un groupe social.
Une fois les besoins sociaux comblés, les individus recherchent la reconnaissance et le respect des autres. Ce besoin est lié à l’estime de soi, la confiance, la reconnaissance de ses efforts et de ses succès.
Il se divise en deux catégories : l’estime personnelle (sentiment d’accomplissement, indépendance) et l’estime que les autres nous portent (respect, admiration).
C’est le sommet de la pyramide, le besoin de se réaliser pleinement, d’atteindre son potentiel personnel et de se dépasser.
Ce niveau varie d’une personne à l’autre, mais inclut souvent des aspirations telles que la créativité, le développement personnel, l’acquisition de connaissances, et l’accomplissement de buts personnels importants.
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2 – Limites de la Pyramide de Maslow
Bien que ce modèle soit largement utilisé, il est critiqué pour son aspect rigide et linéaire. En effet, les individus peuvent chercher à satisfaire plusieurs niveaux de besoins en même temps ou donner plus d’importance à certains niveaux selon leur culture, leur situation ou leur personnalité.
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3 – Fraternité liberté, égalité et pyramide de Maslow.
La pyramide des besoins de Maslow se concentre principalement sur des besoins psychologiques et physiologiques qui influencent directement la motivation humaine, d’une manière que Maslow considérait comme universelle et observable. Les besoins qu’il a définis — physiologiques, de sécurité, d’appartenance, d’estime, et d’accomplissement de soi — sont ordonnés selon une hiérarchie dans laquelle les besoins de base (comme la nourriture et la sécurité) doivent être comblés avant d’atteindre des niveaux plus élevés, comme l’estime et l’épanouissement personnel.
La notion de fraternité est souvent associée à l’idée d’appartenance, que Maslow place au troisième niveau de sa pyramide. Les liens fraternels créent un sentiment d’appartenance et de connexion sociale, ce qui est crucial pour le bien-être psychologique selon Maslow. Il considère l’appartenance (ou l’intégration sociale) comme un besoin fondamental et comme un moteur de motivation, car les relations humaines sont nécessaires au développement émotionnel et à l’estime de soi.
Maslow n’intègre pas explicitement les concepts de liberté et d’égalité dans sa hiérarchie, car il les percevait moins comme des besoins individuels directs que comme des principes moraux ou sociétaux, nécessaires au bon fonctionnement des groupes, mais pas toujours ressentis comme des besoins personnels. D’autre part, ces concepts peuvent être vus comme des prérequis culturels ou politiques plutôt que des besoins psychologiques fondamentaux.
Liberté : Bien que la liberté soit essentielle pour l’épanouissement personnel, Maslow la perçoit davantage comme une condition qui permet de satisfaire les besoins de la pyramide plutôt que comme un besoin en soi. Par exemple, la liberté d’expression peut favoriser l’estime de soi et l’accomplissement personnel, mais Maslow n’a pas jugé nécessaire de l’intégrer en tant que besoin psychologique fondamental dans sa hiérarchie.
Égalité : L’égalité, en tant que droit ou valeur, n’est pas toujours ressentie individuellement au niveau de la motivation humaine, du moins selon l’approche de Maslow. Elle relève davantage d’une aspiration sociale que d’un besoin psychologique.
Contrairement à la liberté et à l’égalité, Maslow a identifié la sécurité comme un besoin de base car il touche directement au bien-être physique et psychologique de l’individu. Sans sécurité (qu’il s’agisse de sécurité physique, financière ou sanitaire), les autres niveaux de la pyramide sont plus difficiles à atteindre. Le besoin de sécurité est immédiat et ressenti personnellement, d’où sa place prioritaire par rapport à des valeurs comme la liberté et l’égalité.
Conclusion
Maslow a élaboré sa théorie en fonction des besoins qui influencent directement la motivation de chaque individu, et il a volontairement omis les concepts plus abstraits ou sociétaux comme la liberté et l’égalité. Ces derniers sont certes importants, mais ils sont perçus dans son modèle comme des conditions ou des idéaux collectifs plutôt que comme des moteurs de motivation individuelle fondamentale.
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4 – la notion de besoin chez Karl Marx
La pyramide de Maslow, avec ses limites, est néanmoins un outil conceptuel qui peut être intéressant et utile pour les militants de la gauche de rupture. Nous pouvons maintenant faire un retour à la notion de besoins analysés par Marx.
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4 – la notion de besoin chez Karl Marx.
On peut se référer à un bon article du webzine Contretemps en utilisant le lien suivant :
https://www.contretemps.eu/theorie-...
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Chapitre VI. Les besoins fondamentaux : forces et faiblesses Johan G on altung Source : open édition https://books.openedition.org/iheid... p. 119-127
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Résumons l’approche marxiste de la notion de besoin.
Marx aborde la notion de besoins dans une perspective sociale et historique, en mettant l’accent sur leur caractère changeant en fonction des conditions matérielles de vie et des structures économiques d’une société. Pour Marx, les besoins humains ne sont pas figés, ni simplement biologiques ou naturels ; ils se développent, se diversifient et se transforment en lien avec l’évolution des modes de production et des rapports sociaux.
Voici quelques points clés pour comprendre comment Marx aborde cette notion :
1. Les besoins en tant que produits sociaux et historiques
Marx considère que les besoins humains sont en grande partie produits par l’évolution historique et sociale. Par exemple, dans une société capitaliste, les besoins sont façonnés par les rapports de production et par la manière dont les objets et services sont produits, distribués et valorisés. Ainsi, les besoins ne sont pas purement individuels ou biologiques ; ils sont également sociaux et façonnés par les circonstances économiques et culturelles.
2. Les besoins dans la société capitaliste : création et aliénation
Dans le capitalisme, selon Marx, les besoins sont souvent manipulés par la logique de la marchandise et de la consommation. Le système capitaliste crée de nouveaux besoins artificiels pour soutenir la consommation et, par extension, la production. Marx parle d’une « production de besoins » qui est intrinsèquement liée à la dynamique du capitalisme, où le besoin de consommer alimente la croissance économique. Cependant, cette production de besoins peut également être aliénante : les individus finissent par désirer des choses qui ne répondent pas nécessairement à leurs besoins réels, mais plutôt aux impératifs de profit.
3. Le besoin de travail et l’exploitation
Marx souligne que, dans la société capitaliste, les travailleurs n’ont souvent pas d’autre choix que de vendre leur force de travail pour satisfaire leurs besoins essentiels, tels que se loger, se nourrir, se vêtir. Cette dépendance crée une relation d’exploitation, car les travailleurs se voient obligés de travailler pour survivre, tandis que la valeur créée par leur travail enrichit les capitalistes. Pour Marx, cette situation crée une forme d’aliénation, car le travailleur est dépossédé des fruits de son travail, et ses besoins essentiels sont réduits à la simple survie dans le cadre d’un rapport d’exploitation.
4. Les besoins dans la société communiste : vers une libération des besoins
Dans sa vision d’une société communiste, Marx imagine une libération des besoins, où les besoins humains ne seraient plus déterminés par l’exploitation économique. Dans une société sans classes, où les moyens de production appartiennent à la collectivité, Marx pense que les individus pourraient développer des besoins plus variés, personnels et épanouissants. Ainsi, les besoins pourraient évoluer librement et être satisfaits en fonction de la réelle créativité et des capacités de chaque individu, sans la pression des rapports de production capitalistes.
5. L’interdépendance des besoins et des capacités humaines
Marx évoque une dialectique entre les besoins et les capacités humaines : la satisfaction des besoins permet de développer de nouvelles capacités, et vice versa. À mesure que les capacités humaines s’étendent, de nouveaux besoins émergent. Marx entrevoit cette dialectique comme un moteur de l’évolution sociale, mais aussi comme une source potentielle de liberté, lorsque les conditions matérielles permettent aux individus de développer des besoins et des capacités en harmonie avec leurs aspirations, au lieu de les limiter aux nécessités imposées par le capitalisme.
En résumé, Marx conçoit les besoins humains comme des constructions dynamiques, socialement et historiquement déterminées. Il critique la manière dont le capitalisme exploite et manipule ces besoins à des fins de profit, et il envisage,
dans une société libérée de l’exploitation, une évolution des besoins vers une véritable expression de l’humanité individuelle et collective
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Or Karl Marx a anticipé certains enjeux écologiques dans son analyse du capitalisme, bien qu’il ne soit pas souvent présenté comme un penseur écologique au sens strict. Il a mis en lumière comment le capitalisme pousse à exploiter les ressources naturelles sans tenir compte des limites écologiques, ce qui contribue à un "métabolisme" dégradé entre l’homme et la nature.
1. Le métabolisme entre l’homme et la nature
Marx utilise le concept de "métabolisme" pour décrire la relation entre les êtres humains et la nature. Pour lui, cette relation repose sur un équilibre dynamique où l’homme prélève des ressources naturelles et retourne à la nature ce qui est nécessaire à sa régénération. Mais le capitalisme, en recherchant la croissance illimitée et le profit immédiat, brise cet équilibre. Par exemple, il critique la manière dont l’agriculture intensive épuise le sol, rendant la terre stérile au fil du temps et menaçant la capacité de régénération de la nature.
2. La rupture métabolique
La "rupture métabolique" est une conséquence directe de la logique capitaliste. En séparant les travailleurs de leurs moyens de production, en concentrant les richesses dans les mains d’une minorité, et en exploitant la nature pour maximiser les profits, le capitalisme introduit un déséquilibre dans l’échange avec la nature. Cette rupture se manifeste par des phénomènes comme la déforestation, la perte de fertilité des sols, et la pollution. Marx souligne que le capitalisme ne valorise pas les cycles naturels et ne s’intéresse qu’à l’augmentation de la productivité à court terme.
3. La concentration urbaine et ses impacts écologiques
Marx observe également que l’industrialisation pousse les populations rurales vers les villes, ce qui entraîne une concentration urbaine et la surpopulation des espaces industriels. Cela contribue à un "désordre écologique" dans lequel les zones urbaines consomment massivement des ressources naturelles extraites des zones rurales, sans les réintégrer dans le cycle naturel. Cette dynamique appauvrit les campagnes, concentrant la pollution et la consommation excessive dans les espaces urbains.
4. Une critique de l’aliénation de la nature
Selon Marx, le capitalisme n’aliène pas seulement les travailleurs de leur travail et de leurs produits, mais il aliène aussi l’homme de la nature elle-même. La nature devient une marchandise exploitée pour produire des profits, perdant son rôle intrinsèque et vital pour l’humanité. Marx dénonce cette approche en affirmant que le capitalisme transforme la nature en un simple objet de profit, sans considération pour sa valeur écologique ou pour les générations futures.
5. Perspectives de solution : le communisme comme rétablissement du métabolisme
Pour Marx, le communisme pourrait permettre de restaurer un métabolisme plus équilibré avec la nature. En abolissant la propriété privée des moyens de production, en réduisant la recherche du profit au profit des besoins réels, et en permettant une planification collective, le communisme permettrait une gestion plus respectueuse des ressources naturelles. Cette société viserait à satisfaire les besoins humains tout en respectant les cycles naturels, assurant une relation durable avec la nature.
En résumé
Même si Marx n’a pas développé une théorie écologique au sens moderne, son analyse du capitalisme intègre une critique de l’exploitation abusive des ressources naturelles et de la rupture de l’équilibre avec la nature. Sa critique met en lumière les tendances autodestructrices du capitalisme en matière de ressources et peut être considérée comme un fondement théorique pour une écologie critique.
Ainsi, la satisfaction des besoins humains ne doit pas conduire à une exploitation incontrôlée des ressources naturelles et à des pollutions mortifères.
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Annexe
Gouverner par les besoins. La France Insoumise
https://lafranceinsoumise.fr/2023/1...
Les 10 mesures phares du Nouveau Front Populaire du budget 2025 (présenté le 9 octobre 2024)
https://lafranceinsoumise.fr/2024/1...
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Hervé Debonrivage
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