Budget : deux visions politiques s’affrontent à l’Assemblée (JL Mélenchon)

mercredi 6 novembre 2024.
 

. Ceux qui agissent pour « faire des économies » en faisant des coupes budgétaires ne veulent en réalité qu’une chose : réduire le champ d’action des moyens et services publics pour que le marché l’occupe librement et y fasse ses profits. Moins d’écoles publiques égale davantage d’écoles privées et ainsi de suite.

La preuve vient au moment où les insoumis proposent d’augmenter les recettes par l’impôt sur les personnes et les entreprises les plus riches. « Boucherie fiscale », « boîte de pandore fiscale », « budget Frankenstein », « massacre à la tronçonneuse de nos entreprises », « saignée pour le pouvoir d’achat ». Voilà comment des ministres et des députés du camp présidentiel décrivent alors le budget transformé par la commission des Finances. En 10 minutes, Éric Coquerel réduit à néant la diatribe. Il explique le programme de justice fiscale et sociale voté par la commission des Finances et auquel ils s’opposent.

La force de la démonstration de nos députés est d’avoir trouvé 60 milliards de recettes nouvelles c’est-à-dire précisément la somme produite par les destructions de services publics que Barnier disait indispensables pour rétablir les comptes publics. La démonstration est donc chimiquement pure ! C’est tout l’esprit des « radicalités concrètes » qui anime le programme l’Avenir en commun, et ses plans d’actions présentés dans la présidentielle de 2022. La façon de financer un projet politique est un projet politique en soi. La même démonstration a été faite le lendemain quand Éric Coquerel et la commission des Finances réunissaient tous les acteurs du financement de la Sécurité sociale. Le dialogue que les gouvernements sont incapables d’organiser depuis sept ans a donc eu lieu. La force des arguments échangés a bien cadré le problème posé. Tout le monde a accepté l’appréciation rugueuse du président du Conseil d’orientation des retraites (COR), pourtant nommé par Macron pour faire taire le précédent président de cet organisme. Oui, les coupes dans le budget de la Sécu ne sont faites que pour contribuer aux réductions dans les comptes publics, et non pour l’équilibre des comptes de la Sécu. Une comparaison mortelle le montre : le déficit du budget de l’État est de 20 % ; celui de la Sécu est de 3 %, c’est-à-dire quasi rien. Une autre démonstration a été faite : en augmentant de 0,25 point par an les cotisations sociales, on éponge le coût de la réforme de gauche des retraites et le compte sera à l’équilibre. Ici on pourrait ajouter l’impact de la nationalisation de Sanofi, qui se financerait par les profits de l’entreprise et permettrait une autre politique du prix du médicament. La politique du programme de gauche est faite pour les gens, celle de Barnier pour les fortunes. Aussi rustique que cela soit, c’est la stricte vérité prouvée par les deux projets de budget.

Colère noire de Macron contre la publication de propos supposés tenus en conseil des ministres à propos de la « création de l’État d’Israël par l’ONU ». Le massacre continue à Gaza et s’étend au Liban sans que Netanyahu se voie empêché d’aucune façon. Au contraire, une poignée de propagandistes se déchaîne à chaque occasion pour déclencher le torrent d’injures que vaut le moindre écart par rapport au récit délirant qui les anime. En pleine contagion de guerre et quand les soldats français sous casques bleus ONU sont menacés de mort, le président de la République française est attaqué sous le prétexte d’un récit religieux. Et lui leur réplique, comme si cela en valait la peine. Il dénonce surtout « les commentaires sur les commentaires ». Voilà encore un de ces épisodes savoureux d’arroseurs arrosés. Ses amis ont tellement profité de ce type de prétendues « révélations » puisées sans vergogne dans les réunions des autres partis ! Et lui-même a tant de fois utilisé ce canal pour punir ses ministres ! Il reproche d’abord la confidence faite à la presse. Il a raison. Des ministres ont dit combien cela était insupportable car cela rend la libre discussion impraticable dans une réunion. Telle est la contrepartie du voyeurisme médiatique : le recul de la liberté de discussion partout où passent les gens qui écoutent aux portes. Cette pratique qui se veut « au service de la transparence » est mortifère. Autant que la dite « transparence » dans les structures où l’on a besoin de pouvoir débattre sans peur de la manipulation extérieure. Imaginons que nous en fassions autant à propos des discussions (quand il y a un cadre pour cela) des rédactions de médias…

Cette méthode a un autre inconvénient. Elle produit une catégorie d’acteurs politiques dédiés aux « indiscrétions ». Ceux-ci sont ensuite payés par la lumière médiatique. Et ne le sont qu’à condition de nuire au milieu dont ils viennent. C’est addictif pour eux. Pour nos adversaires ce fut d’abord une aubaine. Jusqu’à la moitié de notre temps de parole légal dans les médias a été attribué à des personnes « insoumises » qui parlaient contre les insoumis. Pour eux cela devint une obligation « d’être contre » pour exister. Une vraie occupation à plein temps ! Plus un sujet en groupe parlementaire qui ne devienne le prétexte à de bruyantes éruptions de jacassin. Les discussions devenaient impossibles, les participants se raréfiaient tant l’atmosphère était devenue insupportable. C’est d’ailleurs aussi parfois l’un des buts de celui ou celle qui va faire ses récits aux médias. Ceux-ci recueillent et colportent le propos. Sans bouger de son siège. Un téléphone suffit. Et alors vive le buzz continué par de la dispute, des exaspérations, des vengeances ! Ils deviennent à leur tour autant de nouvelles « informations » privilégiées. En toute irresponsabilité comme le montre le cas présent.


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