Cinéma : Dans la peau de Jacques Chirac" de Karl Zéro et Michel Royer La meilleure comédie française de l’année !

mercredi 14 juin 2006.
 

Cet autoportrait fictif de Karl Zéro et Michel Royer se regarde, avec un vrai plaisir, comme un cartoon satirique.

"Rentré en politique un peu par hasard" il y a 40 ans, le "grand con", comme il s’appelle lui-même (à travers la voix de Didier Gustin), a fait son chemin en politique comme d’autres font leur beurre. Il déclarait déjà devant un jeune PPDA en 80 : "je n’aime pas beaucoup me montrer, m’exhiber" et qui, fendant la foule, serrant des pognes et embrassant à tout va, a fait souvent "le contraire de ce qu’on dit qu’on ferait" : "De toute façon, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis" déclare le bulldozer comme l’appelait son mentor Georges Pompidou qui lui a mis le pied à l’étrier par un strapontin (Secrétaire d’État à l’Emploi en...1967 !) : "Si j’ai toujours eu un emploi, c’est que les Français n’en avait pas..."

Après avoir "bricolé en face du B.H.V." en se faisant réélire 3 fois de suite à la Mairie de Paris, celui qui demandait en 2002 "la tolérance zéro" (mais pas pour lui), réussissant à passer pourtant à travers les mailles de la Justice ("Prouvez-le !" sa ritournelle favorite quand les casseroles de l’hôtel de Ville ont commencé à faire un peu trop de bruit), l’homme de Corrèze, le comédien né à la gueule de Cary Grant (quand il était jeune) a réussi à nous baiser en nous faisant croquer ses "pommes" (génial marqueteur !).

Véritable ressort, on le voit dans ses images souvent inédites puisées dans les archives de la télé, réclamer à ses conseillers "du pain et des jeux" comme au temps des gladiateurs romains ("quand je pense que la recette marche encore !"), faire des "discours pour mimiles gorgés de bière" ("Plus c’est gros et plus ça passe !") ou affublé de sa "warrior" Bernadette dans des scènes intimes hilarantes qui ont réussi à passer la censure élyséenne.

Des propos racistes qu’il aurait tenu (en privé ?) à Marseille, le politique réussit à noyer le poisson : "On avait dit que je l’avais dit mais personne n’en a trouvé trace...". Sur les "pollutions canines", sur l’Europe, sur la baisse des impôts tant de fois promis et toujours remis aux calanques grecques, des dérapages électoralistes sur la sécurité routière (qui font sourire aujourd’hui) ou vantant la démocratie dans des pays "au-dessous de tout soupçon", décidément cet homme-là n’a pas froid aux yeux !

On rit. Souvent. Quelquefois jaune car on se sent aujourd’hui marron. Comme quand, en 2002, après une réélection de maréchal, nous réécoutons ses déclarations à propos de la fracture sociale qui lui a permis de "rassembler tout ce qui rassemble".

Éclatant de vérités, ce documentaire réalisé comme un "monologue de chansonnier" [Le Monde] tout en distillant des informations inédites, est la meilleure comédie française de l’année.

Caphi


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