« Personne ne nous laissera faire mourir de faim 2 millions de civils, même si cela pourrait être justifié et moral ». La déclaration est signée Bezalel Smotrich. Suprémaciste juif, raciste et homophobe, il est le chef du Parti sioniste religieux, tenant entre ses mains la coalition de Netanyahu qu’il a aidé à accéder au pouvoir.
Pour ce ministre des finances de Netanyahu, et colon en chef de la Cisjordanie, Israël, la « Terre promise » doit s’étendre jusqu’à Damas, en Syrie, en passant la Jordanie, le Liban, l’Irak, l’Égypte, et l’Arabie Saoudite. L’homme se définit lui-même comme un « fasciste homophobe » dans une conversation privée que la chaîne israélienne Jan a diffusé en janvier 2023. La politique de colonisation est son socle, celle du génocide, sa matrice.
Après ses propos plaidant pour organiser la famine à Gaza, Londres a dit examiner des sanctions à son encontre. Mais pour Paris, le choix a été fait de lui dérouler le tapis rouge à l’occasion d’un gala de soutien à Israël organisé le 13 novembre par l’association « Israel is Forever », laquelle est présidée par l’avocate franco-israélienne Nili Naouri pour qui « il n’y a pas de population de civile à Gaza ».
L’Élysée lui souhaite déjà la bienvenue : « Monsieur Smotrich a toute possibilité de venir participer à un gala à Paris. » a déclaré le porte-parole du Quai d’Orsay vendredi 25 octobre. Seule LFI milite activement pour l’annulation de cette petite sauterie entre génocidaires, à l’heure où plus de 200 000 Palestiniens ont été massacrés par l’armée de Benjamin Netanyahu. Retour sur Bezalel Smotrich, l’invité « exceptionnel » de ce gala de la honte. Notre article.
Bezalel Smotrich et ses 700 litres d’essence pour fomenter des attentats Fils de rabbin, Bezalel Smotrich a été formé dans une école religieuse de la colonie de Beit El, proche de Ramallah, en Cijsordanie occupé. Très tôt, Smotrich prend la tête d’un groupuscule agissant contre le démantèlement des colonies de la bande de Gaza, décrété en 2005 par le premier ministre de l’époque, Ariel Sharon.
À 25 ans, il est arrêté par le Shin Bet – les services de sécurité intérieure de l’État d’Israël – après avoir acheté 700 litres d’essence en vue de fomenter un attentat. Pendant trois semaines, les autorités lui tiennent le crachoir. Le criminel de guerre en puissance se tait, et ne sera pas inculpé.
À peine un an après avoir fomenté son projet d’attentat, Smoritch se tourne vers l’associatif, version génocidaire. Il figure parmi les premiers fondateurs de Regavim, une organisation dont l’objectif est d’empêcher les constructions des Palestiniens en Cisjordanie occupée et en Israël.
En parallèle, Smoritch participe à la fondation d’une autre organisation, plus criminelle encore, du nom de « Komemiyut – Esprit et héroïsme juifs ». Cette organisation s’est fixé une feuille de route assumée et rendue publique. Il s’agit de « renforcer la droiture juive en tant qu’idée nationale centrale dans l’État d’Israël, renforcer la colonisation juive et contrecarrer les intentions d’expulser les Juifs ». Elle soutient également l’établissement d’un État halakhique (basé sur la loi talmudique), rejetant un État juif basé sur une législation laïque.
La haine viscérale de Smotrich pour les Palestiniens et son zèle dans l’entreprise de colonisation israélienne ne passe pas inaperçu. En 2016, dans le Haaretz, interrogé sur la réaction qu’il aurait face à un enfant palestinien qui lancerait des pierres, le criminel de guerre en puissance déclare : « Soit je lui tire dessus, ou je l’emprisonne, ou je l’expulse. ». En 2019, il déclare rêver de « rétablir » le système politique de la royauté biblique, « pour que le pays redevienne comme au temps du roi David ».
Il est vite repéré et obtient la deuxième place sur la liste du Parti sioniste religieux en 2022, lequel remporte huit sièges aux élections législatives de la même année. Ses huit députés participent à la coalition qui a permis à Benjamin Netanyahu de conserver son poste. Huit sièges qui lui permettent de peser sur l’orientation du Gouvernement Netanyahu pour le rendre encore plus infâme, en brandissant la menace de la censure.
En plus d’être nommé ministre des finances, Smotrich se voit aussi confier le rôle « d’administrateur » – l’équivalent du poste de colon en chef – de la Cisjordanie occupée, poste par lequel il supervise le développement des colonies et la construction des infrastructures (eau, routes, électricité…). De quoi lui permettre d’accomplir son rêve de conquêtes territoriales, de réoccupation et de recolonisation de Gaza à coup de massacres de masses et de déportations systématiques.
L’attaque du 7 octobre conforte Smotrich dans ses visées. D’après Tomer Persico, spécialiste du fondamentalisme juif à l’Institut Shalom Hartman de Jérusalem : « Il y voit une opportunité offerte par Dieu pour appliquer ses plans : étendre la souveraineté d’Israël sur toute la Terre sainte, en chassant autant de Palestiniens qu’il est possible, en soumettant ceux qui restent et en tuant ceux qui s’y opposent ».
Ce n’est ni plus ni moins que l’objectif que nourrit Smotrich depuis ses débuts. Un objectif réitéré ce dimanche 27 octobre à l’occasion du sommet Moyen-Orient, une conférence organisée par le média israélien « Israel 365 ». Au cours de cette conférence, Smotrich a appelé à annexer la Cisjordanie et la bande de Gaza ainsi qu’à expulser les Palestiniens.
Pour lui « un État Palestinien ne sera jamais établi », et il faut désormais « l’établissement de nouvelles villes et de nouvelles implantations dans les profondeurs de la Cisjordanie. » Pour lui, la colonisation doit s’étendre, et la souveraineté d’Israël avec : « Là où il n’y a pas de présence civile, il n’y a pas de présence militaire à long-terme… Il n’y a pas de sécurité et il y aura une menace existentielle qui ne cessera de planer sur l’État d’Israël et sur ses citoyens, et nous ne devons pas permettre cela ».
Déjà, le 3 janvier 2024, Smotrich appelait à la déportation de « 2 millions d’Arabes qui aspirent à la destruction de l’État d’Israël » affirmant que « s’il ne restait que 100 000 à 200 000 » Palestiniens, « cela changerait la donne pour l’après-guerre ».
Entre deux déclarations, les villages de Cisjdornanie sont vidés, les colons font des descentes armées sanglantes avec la connivence de l’armée avec Smotrich en appuie. Les massacres s’enchaînent. Mercredi 28 août, l’ONU a dénombré au moins 637 Palestiniens tués en Cisjordanie par l’armée israélienne ou des colons depuis le 7 octobre. Un chiffre largement sous-estimé.
L’évènement est prévu le 13 novembre à Paris, à l’initiative de l’association « Israel is forever ». À 260 euros la place, il est présenté comme « la mobilisation des forces francophones sionistes au service de la puissance et de l’histoire d’Israël ». Son organisatrice, Nili Kupfer-Naouri, déclarait le 26 octobre 2023 sur la chaine CNEWS « il n’y a pas de populations civiles innocente à Gaza », incitant à accélérer encore davantage le génocide à Gaza. Le 3 mai 2024, la LDH a porté plainte à son encontre pour apologie de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité sur le fondement de l’article 24 alinéa 3 de la loi du 29 juillet 1881.
Le gala met à l’honneur Smotrich, comme « invité exceptionnel ». Depuis l’annonce de l’évènement, la pression monte pour le gouvernement. Les demandes d’annulation du « Gala » se multiplient, notamment du côté de la France insoumise par le député Thomas Portes et l’eurodéputée Rima Hassan.
Le vendredi 25 octobre, lors de la conférence de presse du Quai d’Orsay, son porte-parole, Christophe Lemoine, fut bien en peine de répondre à certaines questions pointant la présence de Smotrich dans la capitale. « Envisagez-vous des sanctions contre le ministre Smotrich ayant déclaré que laisser mourir de faim les habitants de la bande de Gaza pourrait être justifié et moral ? » a interrogé l’un des journalistes présents dans la salle.
Pour Christophe LeMoine, « Smotrich a toute possibilité de venir participer à un gala à Paris. On a eu l’occasion de condamner ses propos sur la Cisjordanie et Gaza, et nous le referons s’il devait retenir des propos qui nous semblaient aller à l’encontre d’une désescalade dans la région et d’un règlement pacifique de la situation. »
Après avoir assisté pendant des mois au génocide sans rien faire puis toléré la mise à l’honneur de Netanyahu sur TF1, puis sur CNEWS, la France de Macron confirme que la saison de la honte pour le pays est loin d’être terminée. Au regard des décisions de la CIJ, et du mandat d’arrêt requis par le procureur de la CPI à l’encontre de dirigeants israéliens, la seule place de Smotrich est dans une cellule, et non à un gala.
Comme tout criminel de guerre, il doit être poursuivi, châtié et condamné. Sa présence « exceptionnelle » en France achève de rendre la France complice par inaction du génocide à Gaza et des massacres de masses au Liban. Faire venir Smotrich est un signal. Lui et Netanyahu ont un feu vert pour continuer leur entreprise criminelle d’expansion territoriale et de tueries.
Sylvain Noël, rédacteur en chef
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