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Nous publions ici trois articles témoignant de cette dégradation qui a de bonnes chances de conduire à une mobilisation sociale importante.
Tous les secteurs sont touchés : l’agriculture, l’industrie et les services.
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Premier article : prévisions économiques OFCE 2024 – 2025. Une économie française en rade.
Source : OFCE https://www.ofce.sciences-po.fr/pdf...
Synthèse de l’analyse de la conjoncture pour l’économie française menée par le Département analyse et prévision au printemps 2024. Il s’appuie sur le travail de l’équipe France animée par Mathieu Plane et composée de Elliot Aurissergues, Bruno Coquet, Magali Dauvin, Ombeline Jullien de Pommerol, Pierre Madec, Raul Sampognaro. Cette prévision est réalisée sur la base d’informations connues jusqu’au 5 avril 2024. Le résumé des perspectives 20242025 pour l’économie mondiale est disponible dans le OFCE Policy brief, n° 125.
La croissance française atteindrait 0,5 % en moyenne annuelle en 2024. Cette révision à la baisse de notre prévision de croissance par rapport à celle d’octobre 2023, qui était de 0,8 %, s’explique principalement par un acquis de croissance pour 2024 plus faible que prévu (finalement inférieur de -0,15 point de PIB pour 2024 par rapport à nos prévisions antérieures) et un nouveau programme d’ajustement budgétaire de 10 milliards d’euros dont l’impact sur le PIB est estimé à -0,2 point de PIB en 2024. En 2025, la croissance française est attendue à 1,2 % malgré les effets positifs liés à la baisse des taux (0,2 point de PIB). Mais elle serait contrainte par les nouveaux ajustements budgétaires prévus par le gouvernement de 20 milliards d’euros en 2025 (dont l’impact sur le PIB est estimé à -0,6 %), en plus de la suppression totale des boucliers tarifaires. L’inflation baisserait en 2024 (2,4 % après 4,9 % en 2023) et serait proche de la cible de 2 % en 2025. Le retournement du marché du travail se poursuit en raison de la faible croissance de l’activité et du rattrapage partiel des pertes de productivité passées, conduisant à une hausse du taux de chômage à 8,2 % fin 2024 puis 8,1 % fin 2025 (hors effet de la réforme du RSA). Le taux d’épargne resterait élevé en 2024 mais baisserait en 2025, soutenant la consommation malgré un pouvoir d’achat peu dynamique en 2025 après le rebond de 2024 (0,2 % après 1 % en 2024 par unité de consommation). En raison d’une forte chute de certaines assiettes fiscales (immobilier, bénéfices des sociétés…), le déficit public a atteint 5,5 % du PIB en 2023, soit 0,6 point de plus que ce qui était prévu dans le projet de loi de finances pour 2024. En raison de l’extinction des mesures de soutien budgétaire exceptionnel et des nouveaux ajustements structurels attendus de 1 point de PIB sur deux ans, le déficit public baisserait à 5 % du PIB en 2024 et 4,4 % en 2025, malgré la hausse des charges d’intérêt et la dégradation du déficit conjoncturel. Après trois ans de baisse, la dette publique, en points de PIB, repartirait à la hausse en 2024 et 2025 en raison d’une croissance nominale qui baisse avec le reflux de l’inflation. Elle atteindrait 112,8 % du PIB en 2025, après 111,9 % en 2024 et 110,6 % en 2023.2
Si la France semble avoir évité la récession au second semestre 2023, il n’en reste pas moins que le PIB a stagné sur cette période, et ce malgré le fort reflux du prix des matières premières énergétiques et la baisse de l’inflation. L’année 2023 se termine avec une croissance moyenne annuelle de 0,9 % mais le PIB n’a crû que de 0,7 % au cours des cinq derniers trimestres. Malgré tout, l’écart de progression du PIB avec la zone euro depuis le début des cris se es s’est réduit (graphique 1) au cours de la dernière année, la croissance de la France affichant, en glissement annuel, 0,7 % quand celle de la zone euro n’était que de 0,1 %. La croissance française atteindrait 0,5 % en moyenne annuelle en 2024. Cette révision à la baisse de notre prévision de croissance par rapport à celle d’octobre 2023, qui était de 0,8 %, s’explique principalement par un acquis de croissance pour 2024 plus faible que prévu (finalement inférieur de -0,15 point de PIB pour 2024 par rapport à nos prévisions antérieures) et un nouveau programme d’ajustement budgétaire de 10 milliards d’euros dont l’impact sur le PIB est estimé à -0,2 point de PIB en 2024. En 2025, la croissance française est attendue à 1,2 % malgré les effets positifs liés à la baisse des taux d’intérêt (0,2 point de PIB) mais elle serait contrainte par les nouveaux ajustements budgétaires prévus par le gouvernement de 20 milliards d’euros, en plus de la suppression totale des boucliers tarifaires. L’inflation baisserait en 2024 (2,4 % après 4,9 % en 2023) et serait proche de la cible de 2 % en 2025. Le retournement du marché du travail se poursuit en raison de la faible croissance de l’activité et du rattrapage partiel des pertes de productivité passées, conduisant à une hausse du taux de chômage à 8,2 % fin 2024 puis 8,1 % fin 2025 (hors effet de la réforme du RSA1). Le taux d’épargne resterait élevé en 2024 mais baisserait en 2025, soutenant la consommation malgré un pouvoir d’achat peu dynamique en 2025, après le rebond de 2024 (0,2 % après 1 % en 2024 par unité de consommation). Le déficit public a atteint 5,5 % du PIB en 2023, soit 0,6 point de plus que ce qui était prévu dans le projet de loi de finances pour 2024. Dans un contexte de révision de croissance à la baisse, cette révision du déficit à la hausse de 16 milliards d’euros va rendre d’autant plus complexe l’objectif d’un retour à 3 % de déficit d’ici 2027, même si le gouvernement peut encore compter sur l’extinction de certaines mesures exceptionnelles, notamment la fin du bouclier tarifaire pour l’électricité (0,9 point de PIB). 1. De la crise Covid au choc inflationniste : une croissance mise à rude épreuve Quatre ans après le début des crises sanitaire et énergétique, le PIB de la France se situe 1,9 % au-dessus de son niveau pré-Covid. Corrigé de la démographie, le PIB par tête n’est que 0,3 % au-dessus. Entre la fin 2019 et la fin 2023, bien qu’en rattrapage au cours de l’année passée, le PIB de la France a augmenté de 1 point de moins que celui de la moyenne de la zone euro (et 6 points de moins que celui des États-Unis) mais près de 2 points de plus que celui l’Allemagne (graphique 1). Les quatre dernières années sont marquées par deux sous-périodes : une première allant de fin 2019 à fin 2021 qui est celle de la période Covid et de fin 2021 à fin 2023 qui est celle du choc énergétique et du retour de l’inflation. Durant la crise sanitaire, soutenue par les taux bas et le « quoiqu’il en coûte », la croissance a été tirée par la consommation publique mais aussi l’investissement des entreprises et ménages alors qu’au contraire l’investissement public et le commerce extérieur l’ont amputée.
Au cours des deux dernières années qui sont celles de l’épisode inflationniste, le PIB a crû de 1,5 %, tiré par l’investissement des entreprises, la consommation et l’investissement publics mais aussi par une contribution positive du commerce extérieur en raison du redressement des exportations après le choc Covid.
En revanche, avec un pouvoir d’achat qui stagne et la hausse du coût du crédit, la croissance est freinée par la baisse des dépenses des ménages, consommation et investissement regroupés, qui ampute le PIB de -0,4 point entre la fin 2021 et la fin 2023. À l’inverse, la formation brute de capital des entreprises et le commerce extérieur ont contribué à 80 % de la croissance
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Lire la suite et consulter les graphiques sur le site de l’OFCE ou dans le fichier PDF dont l’URL est mentionné ci-dessus.
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Deuxième article : une cascade de faillites d’entreprises.
Les défaillances d’entreprises en 2023 – 2025.
Source : Groupe Legrand. 15 Mai 2024 https://www.groupe-legrand.com/even...
| Le bilan de la Banque de France, publié en début d’année, décompte près de 55.500 défaillances d’entreprises en 2023, soit +34 % par rapport à 2022. Selon les économistes, une vague de défaillances devrait continuer de monter en 2024.
Pendant la crise sanitaire, les mesures de soutien mises en place par le Gouvernement avait permis de limiter les impacts sur les entreprises, et de réduire de manière notable, le nombre de défaillances. Depuis 2022, les liquidations et redressements ont fortement augmenté. Dans un contexte de demande et de croissance faible, défavorable aux entreprises, faisant face à une dégradation de leur trésorerie et à un allongement des délais de paiement, combiné aux remboursements des prêts garantis par l’Etat.
Avec 55.492 entreprises qui ont ouvert des procédures de redressement et de liquidation judiciaire en 2023. La France retrouve les niveaux de défaillance observés, avant Covid. Un total qui demeure cependant inférieur, à la moyenne observée entre 2010 et 2019, de 59.300 défauts par an.
L’an dernier, les grands dossiers se sont multipliés devant les tribunaux de commerce, à l’image de Go Sport, Kookaï, Gap France, Frichti ou encore Habitat, menaçant ou supprimant de nombreux emplois.
Les chiffres indiquent, par ailleurs, que cette hausse du nombre de défaillances touche tous les secteurs et toutes les tailles d’entreprises : le commerce (12.000 défaillances), la construction (11.660) ou l’hébergement et restauration (7.766) sont principalement touchés. Cette sinistralité s’est accrue de + 60 % en un an concernant les PME.
Un pic attendu début 2025 ?
Selon les économistes, les défaillances devraient continuer d’augmenter en 2024, avoisinant la barre des 60.000, un seuil qui avait été dépassé à la sortie de la crise financière de 2008 avec près de 63.000 défauts annuels. Sans parler « d’effet domino », une récente étude table sur un pic encore plus important autour des 70.000 défaillances au 1er trimestre 2025. Un risque concentré essentiellement sur les entreprises, qui ne sont pas parvenues à répercuter la hausse des coûts de production dans leur prix de vente.
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Estimation de la part de l’énergie dans les faillites d’entreprises
En France, une étude de l’Observatoire des défaillances d’entreprises estime que les coûts de l’énergie pourraient être responsables d’environ 20 % à 25 % des faillites en 2022-2023, en particulier dans les PME et les industries fortement énergivores.
En Allemagne, ce chiffre est similaire. Le BDI estime qu’environ un quart des faillites pourraient être reliées à la hausse des coûts de l’énergie, bien que les aides gouvernementales allemandes (plafonnement des prix pour les entreprises industrielles) aient permis de limiter les défaillances dans certains cas.
Les gouvernements français et allemand ont mis en place plusieurs mécanismes pour atténuer l’impact de la crise énergétique sur les entreprises :
Boucliers tarifaires et aides directes : En France, des aides spécifiques pour les PME fortement dépendantes de l’énergie, et un bouclier tarifaire pour limiter les coûts
on comprend ainsi que la hausse du coût de l’énergie en raison de la guerre en Ukraine a provoqué la faillite de milliers d’entreprises et a contribué à l’alourdissement des aides publiques payées par les contribuables aux entreprises en difficulté.
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Troisième article : une cascade de licenciements.
Source : CGT
https://www.cgt.fr/actualites/franc...
175 milliards d’euros d’aides aux entreprises et pourtant 180 plans de licenciements
Alors que Michelin et Auchan ont annoncé des plans de licenciements, Serge Allègre, secrétaire général de la CGT des industries chimiques (FNIC) et salarié Michelin, était l’invité de BFMTV, mardi 5 novembre, pour rappeler que ces entreprises, et d’autres, sous perfusion d’aides publiques, ont totalement failli à leur responsabilité sociale.
Depuis 30 ans, Michelin organise son évasion fiscale
L’entreprise de fabrication de pneus a annoncé la fermeture d’ici 2026 des usines de Vannes et Cholet avec 1254 postes en jeu. Le président de Michelin, Florent Menegaux, a déclaré "C’est l’effondrement de l’activité qui a provoqué cette situation, et je veux dire à tous ces salarié·es que nous ne laisserons personne au bord du chemin » alors que le groupe a versé 1,4 milliards d’euros à ses actionnaires en 2024 et a bénéficié d’aides publiques massives.
Comme le rappelle Serge Allègre secrétaire général de la CGT FNIC (fédération nationale des industries chimiques) et salarié Michelin sur le plateau de BFMTV " C’est la stratégie de l’entreprise de prioriser le profit avant tout au détriment de sa responsabilité sociétale qui a amené à cette situation en choisissant de délocaliser ses sites de production à l’étranger au détriment de la France alors même que la production française est rentable".
Les salarié·es Michelin de Cholet et Vannes ont annoncé se mettre en grève devant leurs sites.
Auchan va supprimer 2389 emplois après avoir versé 1 milliard de dividendes
La chaîne de supermarchés et d’hypermarchés a annoncé la suppression de 2389 emplois et la fermeture d’une dizaine de magasins à travers la France dont 3 hypermarchés ce qui représente 915 postes dans des magasins et points de vente et 784 postes au sein des sièges sont concernés. Elle a également annoncé mettre fin à la livraison directe à domicile ce qui représente 224 suppressions d’emplois.
Ces annonces ont lieu alors que, Auchan qui appartient à la famille Mulliez, 8e fortune de France, a bénéficié de 500 millions d’euros de CICE (crédit impôt compétitivité emploi) en 2020 et a versé 1 milliard de dividendes en 2022-2023 à ses actionnaires.
Plutôt que d’investir à l’étranger alors que l’entreprise bénéficie des aides publiques françaises reçues sans aucune contrepartie, Auchan aurait pu faire le choix stratégique d’investir en France.
Les deux grandes entreprises, Michelin et Auchan ont bénéficié du CICE, ils doivent rendre des comptes.
180 plans de licenciements depuis septembre 2023 et 100 000 emplois menacés
Ces licenciements sont le résultat de l’échec cuisant de la politique de l’offre mise en place par Emmanuel Macron couplée à l’inaction du gouvernement pour stopper l’hémorragie.
Cela fait des mois que la CGT tire la sonnette d’alarme sans que le gouvernement ne prenne la mesure de la situation. Depuis septembre 2023, la CGT a recensé plus de 180 plans de licenciements en cours et cela concerne plus de 100 000 emplois.
Derrière les chiffres, ce sont des vies, des familles, des territoires saccagés, il est urgent d’agir pour garder nos emplois sur le territoire et arrêter de laisser les multinationales faire ce qu’elles veulent en les gavant d’argent public sans contrepartie.
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Après des zooms, une prise d’altitude.
On ne peut, comme l’a bien montré Karl Marx, séparer l’économique du politique et Lénine a étendu cette dialectique au niveau international dans son célèbre ouvrage : l’impérialisme stade suprême du capitalisme.
Ainsi, les choix géopolitiques du gouvernement français et de la commission européenne ne sont pas sans incidence sur l’économie interne de chaque pays. Je ne reviens pas sur l’effet boomerang des sanctions économiques contre la Russie qui ont des conséquences considérables sur le prix de l’énergie pour les ménages et les entreprises et certaines matières premières, les sanctions envisagées contre la Chine concernant l’importation des voitures électriques va s’accompagner d’une réplique par taxation des produits exportés et augmentation des prix des produits importés ; l’élection de DonaldTrump va s’accompagner d’une augmentation des frais de douane réciproquement par l’interdiction des Européens à taxer les produits importés des USA. La dégradation des relations diplomatiques et économiques avec les pays d’Afrique va s’accompagner d’une augmentation du prix des matières premières importées.
La migration d’une bonne partie de l’industrie allemande vers les États-Unis qui accompagnent le déclin économique de ce pays ne sera pas sans conséquence sur l’économie française car l’Allemagne est l’un de nos plus importants partenaires commerciaux.
La politique de Macron et de ses alliés ne doit donc pas seulement se penser en termes de politique économique intérieure au service des super riche en France mais aussi en termes géopolitiques faisant intervenir des facteurs idéologiques justifiant une politique économique extérieure impérialiste notamment nord américaine mais pas seulement. Je ne reviens pas ici sur l’influence des décisions économiques de l’union européenne qui ne sont pas sans conséquences non plus sur l’âge légal de la retraite, le prix de l’électricité, etc.
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Hervé Debonrivage
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