Vanessa Springora publie Patronyme, fruit d’une enquête serrée sur ses origines, un livre qui lui permet de remonter à la source de ce qu’elle dénonçait déjà dans le Consentement, dont le retentissement n’est certes pas oublié.
Cinq ans après la parution de son premier livre, le Consentement (Grasset), Vanessa Springora publie Patronyme, qui en est comme la suite logique. Elle a mené, sur ses origines, une enquête assidue, jusqu’au nom qu’elle porte.
Ainsi lui ont été révélées les personnalités troubles et complexes d’un père absent et d’un grand-père menteur, soit deux figures masculines qui permettent à la romancière, chercheuse de vérité, de mieux saisir l’emprise vécue dans son passé de très jeune fille, dont la révélation a durablement mis le feu aux poudres de #MeToo.
Vous apprenez la mort de votre père quelques instants avant d’aller sur le plateau de la Grande Librairie…
Situation rare, préalable important, j’ai cessé de voir mon père à l’âge adulte. Il m’a abandonnée, quand il a refait sa vie avec sa troisième femme. Je le voyais encore de temps en temps, au restaurant. Parfois, il oubliait de venir. Ce qu’il m’a légué de mieux, c’est ce nom de famille plein de secrets. Sa personnalité hors normes, ses délires de mythomane ont marqué mon enfance.
Pardon de vous dire ça, mais n’est-ce pas là une bénédiction pour la romancière que vous êtes ?
Je suis une écrivaine tardive. J’étais partie pour composer un roman historique sur une figure féminine du XVIe siècle. J’ai été rattrapée par le récit autobiographique ; terme que je préfère à celui d’autofiction, car toute l’entreprise de Patronyme consiste à me défaire de la fiction. Je me suis appuyée sur des éléments vécus, en l’occurrence tragiques.
Muriel Steinmetz, L’Humanité
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