La situation en Suisse, petit pays à la réputation paisible, se distingue par le fait que l’extrême droite (au sens large du terme) participe au gouvernement. L’extrême droite, nationaliste, au discours isolationniste dans le cas suisse, clairement anti-immigrés, constitue une partie intégrante d’un parti qui est devenu depuis 2003 la première formation politique représentée au Parlement. Cependant elle ne se confond pas avec lui. Le Schweizerische Volkspartei (SVP, « Parti du peuple suisse », son nom dans la partie germanophone de la Confédération helvétique) est un ancien parti des couches moyennes, qui couvre aujourd’hui une gamme de positions politiques allant du centre-droit jusqu’à l’extrême droite. Son nom français est d’ailleurs Union démocratique du centre (UDC). Cela même si l’UDC en Suisse occidentale a aujourd’hui également glissé loin à droite, et absorbé des courants ultra-droitiers jusque-là extérieurs au parti. Le SVP, nettement plus fort - sous ce nom - en Suisse germanophone, domine cependant l’organisation commune et défend des positions nettement plus extrêmes.
Avant l’essor du SVP
La Suisse germanophone a connu un mouvement pro-nazi dans les années 1930, appelé le mouvement des « frontistes ». Il était organisé dans plusieurs fronts, notamment le Nationale Front ainsi que le Neue Front (Front nouveau), ce dernier étant surtout composé d’étudiants. Le mouvement gagnait les sympathies d’une partie de la bourgeoisie la plus conservatrice, en misant sur l’image d’un Hitler qui aurait été capable de créer enfin « de l’ordre » dans l’Allemagne voisine. Mais ses succès restaient assez limités. S’alliant à une dizaine de petits partis conservateurs, les frontistes arrivaient jusqu’à 8 % à Zurich, première ville du pays, et 9 % à Genève. Mais au niveau confédéral (national), ils n’arrivaient jamais au-delà d’un seul siège gagné au Conseil fédéral (parlement), élu au scrutin proportionnel intégral sans minimum de voix exigé. Pendant la guerre, fin 1940, un Nationale Bewegung der Schweiz (NBS, Mouvement national de la Suisse) pro-allemand exigeait du gouvernement « d’éliminer » des organes de presse critiquant l’Allemagne nazie. Mais la réponse fut sa dissolution légale.
En 1961 était fondé, à Zurich, la Nationale Aktion gegen Überfremdung von Volk und Heimat (NA) dont le nom français (Action nationale contre la surpopulation étrangère) ne traduit pas tous les relents nazis de son titre germanique. Ayant un député au niveau confédéral depuis 1967, la NA militait surtout pour un durcissement radical des lois sur l’immigration. En 1970/71 naissait une scission plus modérée, la Republikanische Bewegung (Mouvement républicain), qui put obtenir 7 sièges au Conseil fédéral. Au moment de la réunification des deux branches en 1990, le nouveau parti commun prit le nom de Schweizer Demokraten, SD (Démocrates suisses). L’année suivante, il obtint son plus gros succès électoral avec 3,4 % des voix et 5 députés, lui permettant de constituer un groupe parlementaire pour la première fois.
En attendant, lors d’un procès tenu en 1987 entre la NA et un étudiant ayant « insulté » ce parti, un tribunal puis la Cour confédérale avaient reconnu le droit de dire publiquement que l’idéologie de ce parti comportait « des ressemblances effrayantes avec la doctrine national-socialiste ». Les représentants de la NA avaient déclaré à la barre qu’ils acceptaient bien qu’on les appelât d’extrême droite, raciste ou fasciste, mais qu’ils n’acceptaient pas d’être qualifiés de national-socialistes. Cependant un conseiller municipal du parti à Berne se qualifiait lui-même de « nazi ». Après la réunification de la mouvance en 1990 et le changement de nom, la nouvelle formation tentait de gommer les aspects trop extrémistes de son apparition. En même temps elle lançait plusieurs initiatives pour la restriction du droit d’asile et du droit au séjour des immigrés.
En Suisse francophone, l’ancienne NA avait, de 1965 jusqu’en 1990, un pendant dans le canton de Genève, le mouvement des « Vigilants ». Il s’agissait d’un rassemblement qui était avant tout xénophobe et anti-immigrés, représenté au conseil municipal de Genève. Il connut une scission en 1990 dont naissait un éphémère Mouvement patriotique genevois (MRG), dont les fondateurs refusaient les contacts noués avec la NA en Suisse germanophone et avec le Front national de Jean-Marie Le Pen en France.
Un autre parti d’extrême droite au sens large était le Autopartei (AP) le « parti des automobilistes ». Il s’agissait avant tout d’un parti de défense des privilèges sociaux (dans un pays globalement riche), qui luttait contre les limitations de vitesse, contre les mesures écologiques et les programmes de sécurité routière. Mais le AP se battait aussi contre le « trop d’impôts et de cotisations sociales », contre l’Etat-providence et contre l’immigration « qui coûte cher au pays ». Il demandait des restrictions budgétaires radicales, mais en même temps une « armée suisse forte » et un arrêt des aides aux toxicomanes. Le Autopartei était fondé en 1985 à Zurich pour contrecarrer l’émergence des Verts en Suisse. Ce parti tirait aussi profit de la crise du mouvement xénophobe « Vigilance » à Genève, dont une partie des militants passait directement au Autopartei alors que sa scission « modérée » (le MRG) cherchait à établir une alliance de coopération avec lui. Il a connu son apogée aux élections de 1991, avec 8 sièges de députés au Conseil fédéral. Mais par la suite, il voyait son influence diminuer au profit de la montée continue du SVP. Pour se défaire de sa réputation de parti monothématique, il changeait de nom en 1994 pour devenir le Freiheitspartei der Schweiz, FPS (Parti de la liberté de Suisse). Mais il était trop tard pour enrayer la perte de ses électeurs au profit du SVP, et l’ancien « parti des automobilistes » a aujourd’hui perdu presque toute influence. Il n’en garde qu’au niveau de la ville de Biel, où le président de la police (élu par le peuple) appartient à ses rangs.
Le succès du nouveau SVP
Le Schweizerische Volkspartei (SVP) a été fondé en 1971 par la fusion de deux partis politiques préexistants. D’un côté, il y avait le Bauern-, Gewerbe- und Bürgerpartei (BGB), un parti composé d’agriculteurs, d’artisans et de commerçants et aux racines chrétiennes (protestantes) qui avait vu le jour en 1918. De l’autre côté on trouvait le Demokratische Partei, un parti à ancrage régional correspondant grosso modo aux Radicaux français du 19e siècle. Le SVP a donc été, au moment de sa création, le prolongement de vieux partis des couches moyennes traditionnelles.
Cependant il a connu une certaine radicalisation politique à droite, qui correspond en même temps à une modernisation du parti et à l’élargissement de sa base sociale et électorale, à partir du début des années quatre-vingt-dix. Un moment-clé dans cette ascension, qui se double de la montée des forces national-conservatrices au sein du parti, est la campagne menée par le SVP contre l’adhésion de la Suisse à l’Espace économique européen (EEE). L’adhésion suisse est soumise au référendum en décembre 1992 et rejetée par une majorité des votants. C’est alors que Christoph Blocher, à ce moment-là président du canton de Zurich, prendra son envolée comme nouvelle vedette du SVP.
Christoph Blocher, né en 1940, est à l’époque (de 1986 jusqu’en 2003) président de l’Aktion für eine unabhängige und neutrale Schweiz AUNS (Action pour une Suisse indépendante et neutre). Il s’agit d’une association née en 1986 à partir du « Comité contre l’adhésion de la Suisse à l’ONU » ; à l’époque, la Suisse n’est pas encore membre des Nations Unies, dont elle deviendra le 190e Etat-membre en 2002 après un référendum (où le « Oui » a obtenu 54,5 % des voix). L’association, comme les amis de Blocher dans le SVP, combat toute intégration de la Suisse dans une forme de supranationalité. Ce qui ne signifie nullement que Blocher et ses partisans soient des purs nostalgiques d’un passé romantique, adeptes d’une vie reculée dans les montagnes suisses. Rien ne serait plus erroné qu’une telle idée, alors même qu’un certain folklore passéiste fait bien partie parfois du discours du SVP vis-à-vis des couches les plus traditionalistes de son électorat. Mais Christoph Blocher, en réalité, est un global player économique. Depuis 1972, il est PDG à la tête d’une entreprise de l’industrie chimique, Ems-Chemie. (Une société qui a été temporairement éclaboussée en 2002 quand des journalistes ont révélé que Johann Giesen, qui avait dirigé Ems-Chemie dans les années 1950, avait été manager dans l’industrie chimique implantée à l’intérieur du camp de concentration d’Auschwitz.)
Discours isolationniste
Blocher est milliardaire en francs suisses et connaît parfaitement le fonctionnement de l’économie mondiale. L’isolationnisme qu’il défend est, à la base, au service d’un intérêt économique. Selon lui et ses amis, la Suisse doit continuer (en raison de sa non-appartenance à des organismes supranationaux, et sa pleine souveraineté en matière de législation et de réglementation) à échapper à tout contrôle qui pourrait affecter le fonctionnement de son économie... et surtout de son secteur bancaire. Pour eux, la place financière Suisse doit pouvoir continuer à drainer des capitaux dont certains sont d’origine douteuse, à attirer des placements dont certains sont effectués par des dictateurs ou des groupes mafieux.
Tel a été le rôle de la Suisse au cours de la Seconde guerre mondiale : si la mouvance ouvertement pro-nazie n’a drainé que les sympathies d’une minorité en Suisse germanophone, la Suisse a en même temps servi de coffre-fort au Reich nazi. Puis le pays n’a jamais rendu les capitaux qui avaient été placés dans les banques suisses par des Allemands ou Européens juifs assassinés au cours de la période nazie. Ces avoirs n’ont pas été restitués aux ayants droit des juifs qui avaient péri. Au cours du scandale qui a publiquement éclaté en 1997/98 quand cette période de l’histoire suisse a été rappelée, l’aile droitière du SVP guidée par Christoph Blocher s’est montré très agressive. Elle profite alors de l’occasion pour mener une campagne de défense de la Suisse (injustement calomniée !) contre des ennemis extérieurs.. Blocher combattra toute demande de restitution de la part des héritiers de ces juifs tués pendant la Seconde guerre mondiale. En mars 1997, il déclare dans un meeting « qu’il ne s’agit, en fin de compte, que d’intérêts d’argent ». Un grand journal suisse titre le lendemain, en résumant les propos de l’orateur : « Selon Blocher, "les juifs ne sont intéressés que par l’argent" ». Alors que son public avait très bien compris le même message, puisque des cris antisémites violents fusèrent pendant le discours de Blocher, celui-ci porte plainte pour diffamation. Mais il perdra son procès (en 1999), le tribunal estimant « qu’il ne s’agit pas de dérapages isolés ». Par ailleurs, Blocher déclare aussi, en 1998, que dans son pays « les politiciens ne sont pas responsables devant le parlement, ni devant l’Union européenne, ni devant Monsieur Bronfman (note : le président du Congrès juif mondial) ni devant les médias », mais « devant le peuple ».
Cela montre les implications que peut véhiculer le discours de Blocher, officiellement plus policé et (pour l’extérieur) uniquement souverainiste, ni raciste ni antisémite.
Progression continue du SVP
Mais en même temps, ce discours national-isolationniste permet aussi de s’adresser à un certain électorat des couches populaires qui a peur de la mondialisation économique, de l’ouverture des frontières, de la concurrence mondialisée. Justement, c’est dans les années 1990 que le SVP commence à attirer massivement d’anciens électeurs déçus du Parti socialiste suisse. Dans la ville de Zurich, la nouvelle progression du SVP s’effectuera surtout dans des quartiers où les socialistes avaient auparavant été forts. De 9,9 % des voix (au plan confédéral) en 1975, le SVP montera de façon quasi-continue, jusqu’à obtenir 26,7 % des voix aux élections de 2003. Avec 55 députés sur 200, le SVP disposera alors, pour la première fois, du groupe parlementaire le plus important.
A partir de 1999, la montée du SVP pose la question de l’avenir du système de gouvernement suisse. Au niveau de la confédération, il n’existe jusque-là pas de distinction nette entre majorité parlementaire et opposition : tous les grands partis politiques participent au gouvernement. Parmi les principales forces politiques du pays, trois (socialistes, libéraux et chrétien-démocrates) disposent de deux ministres au gouvernement, le SVP d’un seul. Mais aux élections d’octobre 1999, le SVP passe de 29 à 44 sièges et commence à remettre en cause ce système de compromis institutionnalisé. L’idée d’un gouvernement du centre et de la droite, reléguant pour la première fois les socialistes dans l’opposition, est discutée. Finalement, la formule du compromis institutionnalisé sera sauvée, mais au prix de voir (en 2003) le SVP passer d’un à deux ministères-clé.
C’est ainsi que Christopher Blocher lui-même deviendra ministre de la justice et de l’intérieur, au 1er janvier 2004. Dorénavant il représente l’aile « dure » du SVP au gouvernement fédéral ; alors que l’autre membre de l’exécutif issu de ses rangs, Samuel Schmid (ministre de la défense, de la protection civile et du sport ; président fédéral en 2005 pour une année, selon le système tournant suisse), est issu de son aile modérée traditionnelle. Depuis, la Suisse a surtout mis en oeuvre le droit d’asile le plus dur de toute l’Europe, en étant probablement le moins regardant sur les conséquences d’un retour forcé dans le pays d’origine pour un demandeur d’asile refusé ou débouté. Le SVP a par ailleurs empêché toute réforme du droit de la nationalité, qui aurait facilité la naturalisation des immigrés de la deuxième génération née en Suisse de parents étrangers. Puisque la Suisse applique pour l’essentiel le droit du sang, une telle personne née en Suisse ne pourra devenir citoyenne suisse que par la voie d’une naturalisation. Celle-ci est soumise, dans le système politique suisse, au vote des citoyens de son lieu d’habitation ; ce qui fait qu’en fonction de la nationalité d’origine, les demandeurs ont certaines chances, peu de chances ou encore (quasiment) aucune chance d’obtenir leur naturalisation.
C’est dans sa fonction de ministre de la justice et de l’intérieur que Blocher, en déplacement en Turquie en octobre 2006 et à propos de la polémique née (en Suisse aussi) autour de la reconnaissance du génocide arménien, déclare qu’il faut réviser la loi pénale anti-raciste en Suisse (adoptée en 1994). A l’instar de la loi Gayssot en France, celle-ci punit à la fois l’incitation à la haine raciale et la négation des crimes contre l’humanité, alors que Blocher souhaite au moins partiellement aller vers une dépénalisation. Il semble d’ailleurs réussir sur ce plan puisque le président de la Confédération helvétique a récemment déclaré qu’« un groupe de travail a déjà commencé à étudier les modalités d’une révision » de cette législation.
Autres éléments de son discours
Outre un certain refus de la supranationalité et l’opposition à l’immigration, le SVP défend encore quelques autres points programmatiques. Ainsi en matière de moeurs, il a longtemps adopté un profil conservateur voire réactionnaire ; en 1985, Blocher avait appartenu à un comité qui combattait (en vain) une réforme du droit de la famille qui donnait pour la première fois des droits égaux à l’homme et à la femme, dans le mariage. En matière de droit pénal et de traitement des toxicomanes, le SVP a toujours été adepte de la manière forte, moquant die Linken und die Netten (« les gens de gauche et les gentils », autrement dit : les naïfs qui font preuve d’angélisme vis-à-vis de la criminalité). L’Etat de droit ou Rechtsstaat est critiqué pour avoir tendance à se transformer en Richterstaat (état des juges), alors que le peuple doit avoir le dernier mot, se saisissant au besoin de l’arme référendaire - dont l’utilisation est très courante en Suisse - pour imposer des sanctions plus dures. Le SVP est pour la réduction radicale des impôts et des cotisations ainsi que des aides de l’Etat... sauf pour les agriculteurs et les retraités, groupes dans lesquels il est solidement implanté. Blocher a tendance à se montrent dur et exigeants vis-à-vis des minorités « qui nous coûtent », souhaite inciter toutes les personnes handicapées à travailler au lieu de se faire assister (« pour qu’ils vaillent quelque chose »). Son parti est opposé aux crèches pour les enfants, la femme ayant, selon lui , pour rôle traditionnel d’être mère au foyer.
Le SVP et l’extrême droite extérieure à lui
Au cours de sa montée en puissance, le SVP a quasiment totalement marginalisé toutes les autres forces à droite du paysage politique. Le « parti des automobilistes » et les « Démocrates suisses » ont été quasiment réduits à néant, sur le plan électoral. Seul résiste à la poussée du SVP, à l’extérieur de ce parti, un parti issu d’une ancienne scission de la Nationale Aktion, la Eidgenössische Demokratische Union EDU (Union démocratique fédérale). Il s’agit d’un parti avant tout chrétien-fondamentaliste, opposé à l’avortement et à l’homosexualité, qui dispose actuellement de deux députés au conseil fédéral (parlement).
Le SVP a parfois su envoyer des signaux aux franges les plus extrémistes de la droite nationaliste, afin de pouvoir s’adresser à leurs militants et électeurs. En 1998, Christoph Blocher a soulevé un tollé en tenant des propos de soutien à Jürgen Graf, négationniste connu qui venait alors de publier un livre dans lequel il remet en cause la réalité historique de la Shoah. « Qu’est-ce qu’il a raison ! » s’exclama alors Blocher. Face au tollé que cela souleva alors, Blocher prétendait qu’il n’avait « pas lu le livre » et qu’il s’était donc trompé, n’étant pas au courant de son contenu. Christoph Blocher n’est pas antisémite ni négationniste convaincu, mais il semble au moins tolérer, et parfois soigner, une certaine frange aux marges de son parti. Un militant du SVP, Emil Rahm, basé à Hallau dans le nord de la Suisse, a ainsi été condamné à Schaffhausen en 1996 pour avoir diffusé (en 1995) un livre intitulé Geheimgesellschaften (Sociétés secrètes) et qui répand l’idée d’un complot juif mondial.
En même temps, le SVP a su s’implanter pour la première fois en Suisse francophone où il avait toujours été très faible, mais où il réalise dorénavant des résultats électoraux autour de 10 à 12 %. Le parti étant d’origine germanophone et protestante, il a su intégrer aussi des forces droitières francophones, et progresser sur les ruines de l’ancien mouvement « Vigilance ». Aux élections fédérales de 1999, le SVP (ou l’UDC selon son nom français) a présenté sur sa liste à Genève l’avocat Pascal Junod, proche du GRECE et de la Nouvelle Droite française, mais qui sera exclu du parti l’année suivante.
En 2000, Christoph Blocher déclare que « si les partis (conservateurs) se débrouillent bien, il ne doit pas y avoir de parti à leur droite », ce qui est en même temps interprété par l’extrême droite comme une invitation à rejoindre le SVP lui-même. L’année précédente, l’idéologue du parti à Zurich avait parlé de « personnes dont il faut capter l’héritage », semblant prôner lui aussi une absorption et intégration du public de l’extrême droite.
Le SVP et l’extrême droite française
A la différence de partis comme le FN français ou le FPÖ autrichien, le SVP suisse n’entretient pas des contacts internationaux suivis avec des partis qui pourraient apparaître comme ses semblables. Il refuse aussi d’être assimilé au Front national de Jean-Marie Le Pen. Cependant dans une revue française très proche du FN, Le Choc du mois, un article publié dans son numéro sur « Les populismes en Europe » (novembre 2006) chante les éloges de ce parti suisse. On y lit notamment : ...cette révolution politique n’a été possible que parce qu’un homme sorti droit du peuple (note : il s’agit de Blocher) a su convaincre, fédérer et garder ses convictions. (...) Renoncer à l’opposition permanente et accéder au pouvoir sans jamais renier ses principes, c’est peut-être cela le "modèle suisse". »
Déjà en 2000, dans un numéro spécial de Minute consacré au thème « Les droits populistes en Europe », trois pages avaient été consacrées à Blocher dont le succès électoral de 1999 était rappelé par les mots : « ...un nouveau tremblement de terre secouait l’Europe socialiste ». Bruno Mégret, le président du MNR, a évoqué les succès du parti suisse dans un discours de mars 2002 : « Ailleurs, ce sont les partis de la droite traditionnelle qui ont su faire évoluer leur discours en prenant en compte les réalités comme en Suisse ou en Autriche. »
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