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On pensait tout savoir du caractère imprévisible de Donald Trump, de son absence de critères moraux et de son goût pour la provocation. On se trompait. Cette semaine, il a stupéfié la communauté internationale en annonçant vouloir annexer le Groenland, pour des raisons de sécurité intérieure, récupérer le canal de Panama, selon lui colonisé par la Chine, ce qui est faux. Dans le même élan, il souhaité que le Canada devienne le 51e état des États-Unis d’Amérique et il a même rebaptisé le golfe du Mexique en « golfe de l’Amérique » ! A propos du Groenland, un territoire autonome rattaché au Danemark, Trump a évoqué la coercition économique mais il a même refusé d’écarter l’hypothèse du recours à la force militaire ! Et il a dépêché sur place son fils, Donald Trump junior, lequel a affirmé sur la chaîne américaine ultra conservatrice Newsmax que « 100% des personnes rencontrées sur place veulent briser les chaînes du Danemark et rejoindre les Etats-Unis ».
A l’heure où les occidentaux aident l’Ukraine à résister contre l’invasion russe, Donald Trump relance l’impérialisme américain, sans égard pour les souverainetés nationales ni pour les alliés des Etats-Unis, comme le Groenland, qui fait partie du Danemark, membre de l’Union européenne. Comme le souligne le New York Times, « L’obsession de M. Trump pour le Groenland, le canal de Panama et même le Canada est une relance personnelle du débat sur les ambitions expansionnistes. Pour Trump, la Chine est une menace imminente, prête à s’emparer de territoires éloignés de ses propres frontières. Il a faussement accusé Pékin de contrôler le canal de Panama construit par les États-Unis. Il y a aussi le spectre, plus ancré dans la réalité, de la Chine et de son allié russe, cherchant à s’assurer le contrôle des routes maritimes de l’Arctique et de métaux précieux ».
Le ministre français des Affaires étrangères a mis en garde vendredi contre toute menace sur les « frontières souveraines » de l’Union européennes en référence au territoire danois du Groenland. « Nous sommes entrés dans une ère qui voit le retour de la loi du plus fort », a estimé Jean-Noël Barrot. Les alliés et les voisins de l’Amérique ne doivent plus s’attendre au moindre égard. Déjà lors de son premier mandat, Trump avait menacé de ne plus garantir la protection des pays de l’OTAN face à la Russie, si ceux-ci ne consacraient pas un budget suffisant à leur défense. A la veille de son second mandat, il renouvelé cette exigence en enjoignant les membres de l’OTAN à augmenter leur budget de défense à 5% du PIB contre 2% actuellement. Seulement 23 des 27 sont à 2%.
On présentait le trumpisme comme un isolationnisme. En fait, c’est aussi un retour de l’impérialisme américain et cela ne laisse rien présager de bon. Jean-Marcel Bouguereau
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