Trump/Poutine : Et soudain, le RN devint définitivement atlantiste

mercredi 12 mars 2025.
 

« Ceux qui disent que les États-Unis ne sont pas des alliés ne sont pas raisonnables ». Une phrase de Gabriel Attal, d’Édouard Philippe ou d’un autre macroniste atlantiste (un pléonasme, certes) ? Aucunement : cette déclaration est signée… Marine Le Pen, cheffe de file de l’extrême droite. Qui l’eut crû ? En ces premiers mois de 2025, le Rassemblement National est devenu définitivement… atlantiste. Le tout, à l’encontre de l’opinion de ses sympathisants. Selon un sondage Odoxa/BlackBone, 59 % des sympathisants du RN ne perçoivent plus les États-Unis comme un allié de la France et de l’Europe. De même pour 60 % des Français. Que s’est-il passé ? Notre brève.

Trump / Poutine : face à la nouvelle donne géopolitique, le non-alignement prôné de LFI plus que jamais d’actualité

En reprenant la tête du parti familial dans les années 2010, Marine Le Pen a voulu s’éloigner de son père, grand admirateur du néolibéral américain Ronald Reagan. Jean-Marie Le Pen fanfaronnait du fait d’un de ses surnoms : le « Reagan français ». Marine Le Pen, elle, fustigeait la « toute puissance » américaine et prônait, en 2011, 2017 et 2022, la sortie de l’OTAN. En 2011 également, la fille de Jean-Marie Le Pen expliquait préférer que la France se « tourne vers la Russie » tout en « tournant le dos aux États-Unis ».

Plus fort qu’un anti-américanisme, les élections européennes de 2024 avaient permis de rappeler l’admiration du régime poutinien par le RN et ses membres. En effet, le parti d’extrême droite a fait imprimer des tracts avec une photo du président russe et bénéficié de prêts de banques inféodées au Kremlin. « Moi, mes amis en Russie, sont soit en prison, soit en exil. Vous, M. Chenu, vos amis en Russie sont au pouvoir », avait tancé Manuel Bompard face à Sébastien Chenu, vice-président du RN.

À son retour au Parlement européen en 2024, Jordan Bardella a rapidement pris la tête du groupe parlementaire des « Patriotes pour l’Europe », fondé à l’initiative du hongrois Viktor Orban. Il rassemble notamment le FPÖ autrichien, la Ligue italienne ou le Vox espagnol. Bref, une alliance affichée du RN avec d’autres partis d’extrême droite, profondément d’extrême droite et anti-atlantistes, entre autres.

Alors, que s’est-il passé ? Le RN a démontré une nouvelle fois son inconstance idéologique. Après avoir prôné l’anti-américanisme et avoir défendu un rapprochement avec la Russie, le parti d’extrême droite se découvre un nouvel altantisme… parce que la Maison Blanche s’est alignée avec Moscou. Un nouvel atlantisme pro-russe tel, que Marine Le Pen n’a pas défendu Zelensky, à la suite de l’altercation avec Trump à la Maison Blanche. « Le Pen prise entre ses allégeances envers Poutine et Trump incapable de défendre une Ukraine que l’un et l’autre veulent dépecer », a dénoncé le député insoumis Antoine Léaument.

Une chose est claire, quoique s’imagine Marine Le Pen : Donald Trump se fiche de l’Europe, sauf pour les minerais ukrainiens qu’il convoite. Son ennemi principal, contre lequel il veut pouvoir mobiliser toute la force de son pays : la Chine. Son objectif est double : endiguer le rapprochement Russie-Chine et s’assurer que l’UE reste vassale de son pays.

« Les atlantistes européens sont sidérés, réduits à des gesticulations verbales incohérentes et aussitôt démenties par les faits. Il y a urgence à tirer toutes les conclusions des immenses manœuvres à l’œuvre et à sortir du logiciel atlantiste », analyse le député LFI Arnaud Le Gall. Face à une nouvelle donne géopolitique, le non-alignement prôné par les insoumis de longue date est plus que jamais d’actualité.


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