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Le jeudi 27 février, s’est tenue la première réunion du « conclave » convoqué par Bayrou sur la réforme Borne des retraites. Ni suspension ni abrogation et respect de la trajectoire financière. Dans un courrier adressé la veille au soir aux partenaires sociaux, le Premier ministre précise encore le rôle dévolu à ce qu’il appelle désormais la « délégation paritaire permanente » : « Rétablir l’équilibre de notre système de retraites à un horizon proche, l’année 2030, sans dégrader la trajectoire du reste de nos finances publiques ».
La mission des cardinaux du conclave devient donc non seulement de confirmer la « trajectoire » de la réforme Borne mais de l’aggraver encore. La lettre de Bayrou qui « ne confond pas la démocratie sociale et la démocratie parlementaire » mais organise néanmoins « l’association du Parlement à vos travaux », établit dans le détail toutes les règles de fonctionnement de la « délégation paritaire permanente ». Un document annexé donne le programme de travail et le calendrier jusqu’en juin 2025, avec les horaires des réunions.
Non content de refuser toute abrogation de la réforme des retraites, Emmanuel Macron exige désormais une nouvelle série de sacrifices sociaux pour se diriger vers une économie de guerre. Pas de hausse de salaires mais une hausse des commandes d’armements qui, mécaniquement, fera le profit des industriels nord-américains vers qui se tournent déjà les Européens pour acheter leur matériel. Notre brève.
La « DPP » sera assistée de la Mission animation retraite, la MAR, qui animera un comité de pilotage inter-administrations et siègera dans des locaux dédiés à disposition où chaque organisation disposera d’un bureau.
Derrière l’apparence d’une usine à gaz, se met donc en place une structure corporatiste intégrant les organisations syndicales à la machinerie de l’Etat et du Parlement pour la mise en œuvre d’une politique d’agression frontale des salariés qui exigent l’abrogation pure et simple de la réforme des retraites et ont confié ce mandat aux organisations syndicales. Moyennant quoi, rien n’est tabou : ni l’âge de départ, ni le nombre d’annuités de cotisations, ni le montant des retraites, ni la réforme à points, ni la capitalisation ! Et pour cause, pour le Medef (disposant de facto d’un droit de veto dans ce conclave) comme pour le gouvernement, « la réforme de 2023 ne suffit pas ».
Réaffirmant sa revendication d’abrogation de la réforme des retraites de 2023, la confédération Force ouvrière a dénoncé une mascarade et refusé le « carcan » imposé par le gouvernement. FO ne siégera pas : « Nous ne participerons ni à l’instrumentalisation, ni à l’intégration des organisations syndicales de salariés dans un processus gouvernemental. » Cette annonce a provoqué l’inquiétude des sommets et des commentateurs sur l’avenir du conclave.
Pour sa part, la CGT, qui participe au conclave, estime avoir « mis un pied dans la porte » et « appelle à la mobilisation pour gagner l’abrogation de la réforme ». Est-ce compatible ? Peut-on appeler à mobiliser, qui plus est par des « journées d’action » – dont l’inefficacité n’est plus à démontrer – pour exiger l’abrogation de la réforme des retraites, en siégeant tous les jeudis pendant treize semaines – jusqu’en juin ! – avec ceux-là mêmes qui s’expriment tous les jours pour mettre fin à notre système de retraite ?
L’appel lancé le 13 février par 1 200 citoyens, travailleurs, militants, démocrates reste d’actualité : « Nous estimons que ce n’est ni la place ni le rôle des dirigeants syndicaux d’appeler à la stabilité du pouvoir et d’y contribuer en participant à ce conclave… Il s’agit d’associer les organisations syndicales aux manœuvres d’un président et d’un gouvernement rejetés par près de 70 % de la population, pour les aider à se maintenir au pouvoir et à poursuivre leur politique de désagrégation sociale et de répression. »
Macron et Bayrou annoncent désormais que des choix budgétaires sont indispensables pour passer à une économie de guerre : « Il faut réviser la loi de programmation militaire à la hausse ». Le journal Les Echos donne des chiffres : il faudrait tripler la hausse prévue du budget de la défense (c’est-à-dire gonfler chaque année les crédits d’environ 10 milliards d’euros au lieu de 3) pour atteindre 100 milliards de crédits en 2029 (60 aujourd’hui). La présidente de la Commission européenne vient d’annoncer un plan de 800 milliards d’euros pour « réarmer l’Europe » et financer la guerre en Ukraine.
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