Exposition aux pesticides : pas d’indemnisation pour Emmy, décédée d’une leucémie

mercredi 19 mars 2025.
 

Emmy, une petite fille de 11 ans, est morte d’une leucémie suite à l’exposition de pesticides. La cour de Rennes a décidé de ne pas l’indemniser pour elle-même en tant que victime… Qu’est-il arrivé ? Pourquoi cette décision ? Est-ce vraiment à cause des pesticides ? Notre article.

Morte à 11 ans à cause des pesticides

Emmy est décédée à l’âge de 11 ans en 2022 suite à une exposition prénatale aux pesticides. Elle a alors développé une leucémie dont elle est décédée. Sa mère était fleuriste. Pendant sa grossesse, elle a été en contact avec des fleurs et plantes traitées aux pesticides en provenance des Pays-Bas et de pays d’Amérique du Sud. Le Fonds d’indemnisation des victimes de pesticides (FIVP) a établi le lien entre la leucémie d’Emmy et le contact avec les pesticides.

Pas d’indemnisation pour la victime ?

En première instance, les parents avaient obtenu 25 000 euros chacun pour l’indemnisation du préjudice subi. Mais ils avaient demandé une indemnisation pour la victime elle-même, car ce drame a causé des souffrances à l’ensemble de la famille. La cour d’appel de Rennes refuse cette demande. Un magistrat dans ses attendus a écrit « La cour ne peut que constater qu’aucune indemnisation n’est prévue pour la personne décédée, l’indemnisation ne visant qu’à compenser l’incidence des dommages corporels de l’enfant sur sa vie future »… Cette décision soulève une question. Pourquoi le préjudice ne concernerait que les parents et non l’enfant qui en est morte ?

Pour aller plus loin : Pesticides : un rapport dérangeant enterré par la macronie

Comment cela a pu arriver ?

Comment un tel drame a pu arriver, n’étions-nous pas au courant de l’impact des pesticides sur la santé ? Si. Nous savions, en 1962, le livre Silent Spring écrit par une biologiste, Rachel Carson, alertait sur ces questions. La diffusion de ce livre et la prise de conscience des dangers des pesticides contribua à l’interdiction du DDT aux États-Unis en 1972. On le sait depuis des décennies : ils ont des effets négatifs tant sur l’environnement que pour les êtres humains. Des effets qui peuvent se révéler mortels. Par conséquent, les fleuristes qui sont quotidiennement en contact avec un grand nombre de fleurs peuvent être exposés à des résidus de pesticides.

Cela a particulièrement été montré par une étude scientifique belge menée par Khaoula Toumi paru en 2018. Cette étude démontre que les fleuristes se retrouvent exposés à des niveaux de pesticides bien supérieurs aux niveaux considérés comme sûrs pour les travailleurs Le danger est tel que l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a été chargée d’une mission auprès des fleuristes afin d’évaluer leur exposition, ainsi que celle de leurs enfants en ce début d’année 2025.

Mais y a-t-il des réglementations ?

Contrairement aux fruits et légumes, il n’existe pas de réglementation européenne pour les fleurs, permettant de fixer des limites maximales de résidus. Ni d’ailleurs, de contrôle de ces résidus, notamment dans les fleurs importées. Pourtant, ces dernières peuvent contenir des pesticides interdits d’usage en Europe, et ce, en grande quantité. Pour rappel, 85 % des fleurs vendues en France sont produites à l’étranger, notamment en Afrique de l’Est et en Colombie. Par exemple, en février, ce n’est pas la saison des roses en France. Résultat, 85 % des roses vendues viennent de l’étranger. Principalement des Pays-Bas, d’Équateur, du Kenya et d’Ethiopie.

Elles sont alors transportées en avion après une culture aux pesticides dans des serres chauffées. UFC-Que choisir a effectué des tests sur un grand nombre de roses vendues en supermarchés ou chez des fleuristes, des résidus de pesticides ont été retrouvés dans l’ensemble des bouquets testés. Dans certains des tests, il y avait jusqu’à 46 substances différentes dont certaines interdites en Europe. Les réglementations européennes en vigueurs sur les produits phytosanitaires n’étant donc pas respectées par ces importations.

La fin des bouquets de fleurs ?

Beaucoup des fleurs sont grandement traitées par les pesticides et viennent souvent de très loin. Mais alors que faire ? Doit-on arrêter d’acheter des bouquets de fleurs ? Existe-t-il d’autres solutions ? Certains fleuristes favorisent les fleurs de saison On peut par exemple, en février, trouver des mimosas, des anémones, des magnolias, des narcisses en France… Mais aussi favoriser les fleurs issues de l’agriculture biologique ou non traitées. À plus long terme, il est nécessaire d’interdire les pesticides, comme le proposent les insoumis.


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