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Si Trump est là, c’est parce que les démocrates américains ont désarmé la capacité de résistance des Nord-Américains. Depuis Clinton et le grand tournant de toute la social-démocratie mondiale (voir mon livre « En quête de gauche »), dont Hollande a été le chef d’orchestre dans notre pays, tout n’est en eux qu’abandons et faux-semblants. En atteste, en France, la groupusculisation du PS après celle de tous les autres partis de la gauche atlantiste directement liés aux « Démocrates ».
L’écroulement progressif de la toute-puissante social-démocratie allemande montre le caractère irréversible de la pente prise. En 1972, le SPD rassemblait 45,82 % des voix. En 1998, encore 40,9 % des voix. Et en 2005, il y a vingt ans, le PS allemand (SPD) obtenait encore 34,25 % des voix. La pente s’accélère en 2021. Le SPD perd neuf points : 25,74 %. Aux dernières élections de 2025, il ne recueille plus que 16,4 % ! Encore 9 points de moins ! Certes la CDU remonte à 28,5 % (+4). Mais surtout, l’extrême droite AFD passe de 10,3 à 20,8 %. Le processus de transfert des voix à la française est en marche. Bien sûr, en 2025, Die Linke adopte une stratégie frontale, sur le mode des insoumis. Le parti passe alors de 4,9 à 8,8. Alors on voit bien se mettre en place la possibilité d’une tripartition, comme en France. Alliés de nouveau à la droite dans le prochain gouvernement, le PS allemand va continuer à se dissoudre. Tandis que l’AFD rongera la coalition. Et Die Linke croîtra, jusqu’à entrer dans le trio de tête, s’il maintient la ligne de gauche radicale.
Si les PS du monde entier en sont là, ce n’est pas le seul fait de la nullité arrogante de leurs dirigeants. Est en cause l’obsolescence de leur logiciel : la croissance n’est plus le moteur possible du rééquilibrage de la répartition de la richesse produite. Non seulement parce que la croissance est radicalement en panne comme résultat des contradictions du capitalisme lui-même, mais parce qu’elle est écologiquement suicidaire. Dès lors, les classes moyennes ascendantes et leurs enfants sont bloqués dans l’ascenseur d’hier. Socialement, elles reculent et se radicalisent. Les millions de personnes rejetées dans l’abstention par les frères jumeaux du néolibéralisme se réveillent. Tel est le bilan de l’entrée dans l’âge du « capitalisme transnational tributaire ». C’est l’angle mort de la vision des PS. Le prochain congrès du PS, en mode de lutte de personnes pour contrôler la machine à distribuer des prébendes, ne changera rien aux déterminismes de cette saison de l’Histoire. Ce qu’il reste d’espace – s’il en reste un – pour le PS se répartira entre Glucksmann et les insoumis, comme autant de réponses clairement délimitées et lisibles. Pendant ce temps continuera dans le vide la mélopée des récitants du « ni-ni » avant la synthèse en « oui-mais-si-on-verra ».
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