L’heure est à l’allongement du temps de travail

dimanche 30 mars 2025.
 

L’heure est à l’allongement du temps de travail dans les discours de toutes les variétés de droite comme solution pour financer l’armement. C’est devenu un refrain au gouvernement. Ainsi pour Éric Lombard, ministre de l’Économie : « L’effort initial sur les finances publiques de 40 milliards d’euros par an jusqu’en 2029 devra être accru pour financer l’effort de défense. Il faudra s’engager plus et cela demande de revoir notre modèle ». Quel modèle  ? Devinez : « … Les Français travaillent moins que les autres pays européens, là on a un levier qui est important ». L’économie de guerre, c’est de la production d’armement pour stimuler la production industrielle atone et assurer des résultats aux investissements. Elle est à présent la trouvaille pour répondre à la crise d’accumulation du capital.

Dans Mediapart, Romaric Godin explique le phénomène. Il s’ajoute à la paralysie des gains de productivité :

« Dans les années 1960, la croissance mondiale calculée par la Banque mondiale était de 6,2 % par an en moyenne. Aujourd’hui, elle est autour de 3 %. En un demi-siècle, la croissance mondiale a été divisée par deux, selon la Banque mondiale. Ça veut dire très concrètement que le rythme d’accumulation capitaliste a été divisé par deux. Il faut souligner cet élément peu discuté, parce qu’à gauche on se focalise souvent sur l’accroissement des richesses de la classe capitaliste, et à droite on se rassure en considérant que la croissance se poursuit. Mais la dynamique de fond est celle d’un ralentissement de la croissance, dans les pays avancés et particulièrement en Europe occidentale. Dans cette dernière, elle se situe autour de 1 % (l’Espagne étant un cas particulier). Le rythme de la croissance a été divisé par 6, c’est un ralentissement extrêmement fort et continu. (…).

Il s’agit donc de niveaux de croissance historiquement faibles. Un pour cent de croissance pour une économie comme la France, c’est proche de la stagnation et c’est d’autant plus vrai qu’on ne voit pas de dynamique de reprise, même si on a pu y croire après la crise sanitaire. Mais dans la plupart des pays occidentaux et en Europe occidentale en particulier, le PIB réel est maintenant en dessous de la tendance d’avant la crise sanitaire et encore plus par rapport à la crise de 2008. Pour la France, on se retrouve à 14 % en dessous de la tendance d’avant 2008. Pour les pays de l’OCDE, le décalage est de 9,5 %. »

Dans ces conditions, l’attractivité de la dépense militaire est là pour attirer le capital et lui promettre une accumulation garantie. On parle déjà d’avantager le placement financier dans ce secteur. Et pour être certain de drainer l’épargne, surtout l’épargne populaire à contraindre, la question des retraites est centrale. Non pour les économies et les transferts de fonds publics exigé à son de trompes, mais pour constituer une masse financière immédiatement et durablement disponible. Gilbert Cette, patron du Conseil d’orientation des retraites a vendu la mèche : « Avec de la retraite par capitalisation collective, on ferait d’une pierre, deux coups : assurer sur le court terme le financement d’une activité clé pour notre souveraineté, l’industrie d’armement, et celui d’une partie des pensions sur le long terme ». Ici, la boucle est bouclée.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message