Dette : NE PAS SUCCOMBER À LA PROPAGANDE GOUVERNEMENTALE

lundi 5 mai 2025.
 

Je ne suis pas un économiste, mais je fus longtemps un journaliste économique et, avant d’exercer cette profession, je fus, pendant les dix premières années de ma vie professionnelle un comptable chanceux, parce que je fus un comptable vraiment mêlé à la gestion complète d’une entreprise d’une centaine de salariés, dans le secteur du transport routier. C’était dans les années 60.

Fort de ces expériences, je ne me suis jamais affolé à l’annonce, chaque mois, de la dette publique de la France par rapport au PIB. Fin 2024, elle est annoncée à 113 % du PIB. Ce chiffre n’a rien d’effrayant. Il correspond, effectivement, au PIB d’une seule année. Sauf que la durée moyenne de remboursement de la dette publique française est de l’ordre de 8 ans et 225 jours, le 31 mars 2025 : https://www.aft.gouv.fr/. Conséquence, le montant réel de la dette publique de la France n’est que de 113/8,6 = 13,1 %. On respire mieux. Ce taux d’endettement de la France est à rapprocher de celui d’une famille française ayant contracté un emprunt sur 20 ans pour acheter sa maison. Le taux d’endettement maximum consenti par les banques aux particuliers est aujourd’hui de 35 % des revenus familiaux, pendant 20 ans. Si la dette de cette famille était calculée comme l’est la dette publique de la France (113 % sur le PIB d’une seule année), la dette maximale de cette famille serait de 35 x 20 = 700 % de ses revenus d’une année. De quoi empêcher la plupart des transactions immobilières.

La dette publique de la France est donc artificiellement gonflée à des fins d’acceptation par le peuple français de sacrifices.

Mais ce n’est pas tout, l’artificialité de notre dette publique tient à une autre raison, que Rocard, pourtant loin d’être un révolutionnaire, a magistralement démontrée le 22 décembre 2012, dans une émission sur Europe 1 : https://www.youtube.com/watch?v=PH7...

Rocard y dénonce les effets de la loi bancaire adoptée le 3 janvier 1973 sous Pompidou, à l’instigation de Giscard d’Estaing, alors son ministre des finances. À partir de cette loi, la France n’a plus pu se financer gratuitement, comme elle le faisait jusque-là, auprès de la Banque de France. Elle a été contrainte de contracter ses emprunts auprès des banques privées, avec des intérêts élevés.

À votre différence, Guillaume, j’ai une autre raison de considérer qu’en avril 2025, les Françaises et Français n’ont aucune raison de se serrer la ceinture. C’est la fameuse fable de la charge de la dette, à laquelle vous semblez accorder une importance démesurée.

En évaluant le poids de la dette publique de cette manière, c’est comme si, pour un particulier, on évaluait le poids de sa dette par rapport à ses revenus d’une seule année. Prenons, par exemple, un couple qui gagne 4 000 € par mois, soit 48 000 € par an et qui achète sa maison 250 000 €, avec un apport de 50 000 €. Il lui faut donc contracter un crédit de 200 000 €, payable en 20 ans au taux fixe de 3 % et selon des mensualités fixes. Au bout de 20 ans, ce couple aura remboursé (capital + intérêts) 332 758,56 €.

Si l’on calcule le poids de la dette totale de ce couple par rapport à ses revenus d’une année, comme cela est fait pour la dette de la France, la dette de ce couple s’élève à 693 %. Un chiffre évidemment astronomique et impossible à rembourser. Alors que si on calcule le poids de la dette par rapport à 20 années de revenus et de crédit, le poids de la dette ne sera plus que de 34,66 %. Notre couple respire mieux. Et encore, je ne tiens pas compte qu’en 20 ans, ses revenus augmenteront probablement, allégeant ainsi le poids de sa dette.

Mon analyse sur la charge de la dette publique est exactement la même ! Une dette ne s’analyse pas par rapport à son montant, mais par rapport à sa proportion vis-à-vis des revenus du ménage ou de l’État. Aujourd’hui, la charge de la dette des ménages, qui remboursent leur crédit maison, peut aller jusqu’à 35 %, à taux fixe, de leurs revenus sur 20 ans. Encore que l’inflation leur soit profitable. Et en plus, les particuliers remboursent capital et intérêts.

Par quelque chiffre que je prenne la charge de la dette de la France, elle est soit très inférieure à la charge de la dette des ménages, soit elle est carrément insignifiante.

Si je la calcule par rapport aux seules recettes fiscales de la France (255,7 milliards d’euros en octobre 2024 https://www.budget.gouv.fr/budget-e.... . ), elle n’est que de 19,5 %. Si je la calcule par rapport au PIB (référence bien plus juste), notre charge n’est que de 1,5 %. Alors, c’est vrai, l’État ne rembourse que les intérêts, pas le capital. Mais là, l’État jouit d’un privilège que ni les particuliers, ni les entreprises ont, à l’échéance, il fait rouler le capital de cette dette. Si bien que cette dette-là peut être perpétuelle.

Enfin, outre le PIB, l’État est fort d’un grand nombre de richesses patrimoniales et même de l’épargne privée.

Et puis il y a dette et dette. Il y a les bonnes et il y a les mauvaises. Un emprunt pour investir rapporte plus qu’il ne coûte. Un emprunt pour fonctionner est plus coûteux. Encore que, même là, il faut y regarder à deux fois. Exemple, emprunter pour payer des fonctionnaires, est-ce que ça coûte ou est-ce que ça rapporte ? Pour moi, payer un enseignant et même, plus largement, un fonctionnaire (même pas très vaillant) ça rapporte. Au pire, ça ne coûte rien. Premièrement, l’enseignant forme de futurs sachants. C’est donc un investissement. Secondement, il consomme la quasi-totalité de son salaire. Il fait donc vivre les commerçants. Il fait tourner la machine économique.

En conclusion, donc, j’affirme que le programme du NFP et même celui de LFI ne sont pas des programmes de type Père Noël. Mais évidemment, ces programmes nécessitent de ne pas se laisser berner par la propagande des adversaires du peuple et, surtout, d’avoir la volonté politique d’affronter les instances de l’UE et le MEDEF.

Si crise il y a, c’est une crise de la répartition et non une crise parce que les Françaises et Français vivraient au-dessus des moyens de la France.


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