En Australie, la gauche remporte les législatives

mardi 6 mai 2025.
 

Le candidat travailliste Anthony Albanese a revendiqué la victoire. Le chef de file de l’opposition conservatrice, Peter Dutton, a perdu son siège et dit assumer l’entière responsabilité de la défaite de son camp.

Le premier ministre travailliste australien Anthony Albanese a décroché samedi une nouvelle victoire aux élections législatives, au terme d’une campagne centrée sur le pouvoir d’achat et l’environnement, et sur laquelle a plané l’ombre de Donald Trump.

« Merci au peuple australien de me donner la chance de continuer de servir la meilleure nation au monde », s’est réjoui le premier ministre face à ses partisan·es réuni·es à Sydney, qui ont scandé son surnom, « Albo », à l’annonce des résultats.

« Aujourd’hui, le peuple australien a voté pour les valeurs australiennes. Pour l’équité […] et pour des possibilités ouvertes à tous, s’est félicité le leader travailliste lors de son discours de victoire. En ces temps d’incertitude au niveau mondial, les Australiens ont choisi l’optimisme et la détermination. »

Le meneur de l’opposition conservatrice Peter Dutton, chef du Parti libéral et ancien policier de 54 ans, qui a perdu son siège au profit d’une travailliste, selon des estimations d’ABC, a reconnu la défaite de son camp : « Nous n’avons pas fait assez bien lors de cette campagne – cela est évident ce soir –, et j’en assume l’entière responsabilité. »

Le Parti travailliste est en tête dans 76 circonscriptions sur 150, selon la projection officielle de la Commission électorale australienne, soit le nombre nécessaire pour décrocher une majorité au sein de la chambre basse. Deuxième force annoncée, la coalition menée par Peter Dutton, elle, n’est en avance que dans 29 scrutins.

Les Australien·nes étaient appelé·es à choisir les 150 membres de la nouvelle chambre basse et à renouveler environ la moitié du Sénat.

Premier ministre depuis une victoire sur le fil aux législatives de 2022, Anthony Albanese, 62 ans, a promis de développer les énergies renouvelables, de lutter contre la crise du logement et de financer davantage le système de santé. Il était donné en légère avance dans les sondages sur Peter Dutton, ancien policier de la brigade des stupéfiants, âgé de 54 ans. Celui-ci proposait de réduire l’immigration, de s’attaquer à la délinquance, de se débarrasser d’une interdiction du nucléaire civil dans le pays ou de supprimer des milliers d’emploi dans la fonction publique.

Effet Trump

Le premier ministre britannique Keir Starmer, travailliste comme Anthony Albanese, a salué sur X la victoire de son homologue, louant les liens « plus étroits que jamais » entre les deux pays. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a réagi en saluant « le soutien indéfectible de l’Australie » à son pays. « Nous nous réjouissons à l’idée de renforcer davantage notre partenariat productif […] », a-t-il ajouté.

En février, Canberra avait indiqué avoir engagé plus de 1,5 milliard de dollars australiens (plus de 960 millions de dollars américains) pour aider l’Ukraine à se défendre.

Le secrétaire d’État américain Marco Rubio a également félicité M. Albanese pour sa victoire et appelé à « approfondir » les liens avec l’Australie. L’ombre de Donald Trump a plané sur la campagne électorale.

Selon certains sondages, le soutien aux conservateurs s’est amoindri en raison de l’offensive commerciale du président états-unien, qualifié de « grand penseur » par Peter Dutton au début de l’année – même si le chef de l’opposition a ensuite durci le ton face à la surtaxe de 10 % sur les marchandises australiennes.

Par ailleurs, Peter Dutton a proposé une version « allégée » du projet politique du président américain. « Si on veut comprendre pourquoi une bonne partie de l’électorat a changé [d’avis] durant la campagne électorale ces derniers mois, je pense que c’est la principale raison », analyse Henry Maher, professeur de sciences politiques à l’université de Sydney.

« Nous n’avons pas besoin de mendier, d’emprunter ou de copier [quoi que ce soit] d’ailleurs. Nous ne cherchons pas notre inspiration à l’étranger », a déclaré Anthony Albanese samedi soir.

L’économie a préoccupé l’électorat, de nombreux ménages australiens étant affectés par l’augmentation du prix des denrées alimentaires, de l’électricité ou encore du carburant. Les électeurs et électrices d’Australie, géant de la production de charbon, devaient aussi départager deux dirigeants aux visions contrastées sur la lutte contre le changement climatique.

Le gouvernement travailliste de M. Albanese a promis de faire de l’Australie une superpuissance des énergies renouvelables, même s’il a accordé des permis à de nouveaux projets miniers et des subventions à des industries polluantes.

Agence France-Presse et La rédaction de Mediapart


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