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Préalablement, je peux t’assurer que je ne te dénie pas ta qualité d’homme de gauche, résolument anticapitaliste, mais après avoir lu plusieurs de tes commentaires, j’en tire la conclusion que ta critique de la manière de fonctionner de LFI et de ses membres revient à dire que nous devrions nous auto-dissoudre.
Je me suis dit et si je faisais, si tous les membres de LFI faisaient comme Antoine Berger. Ils auraient les meilleures idées du monde, chacun dans leur coin. Pas une parole ne dépasserait. Ils se tiendraient à distance de tous les partis, au nom du fameux adage : « Ni dieu, ni maître ». Évidemment, personne d’entre nous n’apparaîtrait dans les médias. Qui devraient-ils inviter pour porter notre parole ?
L’avantage de cette manière de faire de la politique, c’est que notre famille de pensée n’aurait à subir aucune campagne de dénigrement de la part de nos adversaires politiques et de leurs médias. Qui dénigrer ? Quelle idée dénoncer ? Quel comportement supposé déviant vilipender ? L’atmosphère serait enfin respirable.
Mais là viennent aussitôt les inconvénients, d’autant plus que les tenants, dans notre famille de pensée, de l’action individuelle, hors de toute organisation, supposée sectaire, militaire, dictatoriale, au service d’un gourou, ne vont pas jusqu’à exercer la même vigilance, les mêmes exigences, à l’encontre de celles et ceux auxquels ils sont censés être opposés à leur politique.
Pas d’organisation politique, des candidatures uniquement individuelles aux élections, uniquement connues de leurs très proches (voisins, familles). Autant de programmes qu’il y a de candidat. Du moins dans notre famille de pensée, puisque les contempteurs de gauche de LFI n’ont pas les mêmes exigences vis-à-vis du fonctionnement et des manières de se comporter des organisations de droite et d’extrême droite et de leurs représentants, comme vis-à-vis, aussi, des autres partis supposés de gauche et de leurs représentants. Pour tous ces gens, pour tous ces médias, haro seulement contre LFI et ses dirigeants. Bon, j’arrête là la plaisanterie.
Les électeurs de la gauche anticapitaliste ont impérativement besoin d’une organisation qui les fédère et les représente. Mais, qui dit organisation, dit respect d’un minimum de discipline de la part de ceux qui choisissent de se fédérer. Le Parti de gauche, dans un premier temps, remplacé par LFI, a joué et joue ce rôle aujourd’hui.
La plupart des membres du PG et de LFI ont milité plus ou moins longtemps au PCF, ou au PS, voire dans les deux partis (c’est mon cas). D’emblée, nous avons collectivement décidé, qu’il n’était pas question de refaire un PCF bis, ou un PS bis, mais que nous tirerions parti de nos expériences pour ne pas reproduire ce qui, entre autres, nous en avait éloigné.
Du PCF (du temps de sa puissance –aujourd’hui, ce n’est plus qu’un groupuscule qui se débat pour exister), nous ne voulions pas reproduire son mode de fonctionnement : le centralisme démocratique. Du PS, nous ne voulions pas reproduire son mode de fonctionnement en de multiples tendances.
Le centralisme démocratique se caractérise par une organisation des strates territoriales du parti, fonctionnant verticalement, dont les choix politiques ne circulent que du haut vers les bas, de la direction vers la base. Les rapports horizontaux entre strates de même niveau territorial n’étant possible qu’avec l’assentiment de la strate suprême, la strate nationale. Ce mode d’organisation offre une certaine efficacité et surtout une grande lisibilité pour le public extérieur au PCF. La ligne politique publique est unique, mais la démocratie interne est bridée.
L’organisation en tendances présente les apparences d’une plus grande démocratie, puisque les membres du PS peuvent se reconnaître dans la tendance de leur choix. Ils peuvent même en changer à tout moment. Chaque tendance défendant une ligne politique différente, voire très différente, d’une ou de plusieurs des tendances concurrentes. Chaque tendance élisant son champion, pratiquement toujours mu par une ambition de carrière personnelle. La direction du PS est constituée à la proportionnelle des votes obtenus par chaque tendance, à l’issue de chaque congrès. Mais, l’élection passée, chaque tendance conserve la liberté de défendre publiquement ses thèses, voire d’en changer au gré de ses calculs électoraux internes comme externes. Si bien qu’il n’existe en fait aucune ligne politique du PS. C’est très pratique pour trahir ses engagements électoraux. Mais c’est détestable pour le respect du vote de ses électeurs.
Le mode de fonctionnement de LFI est plus proche de celui du PCF (du temps de sa puissance) que de celui du PS. Nous tenons, comme à la prunelle de nos yeux, à ce que sa ligne politique publique soit unique. Elle est concrétisée par son programme, constamment mis à jour, l’Avenir en commun. Nous refusons donc l’existence et, a fortiori, l’émergence de la moindre tendance en notre sein.
Qu’est-ce qui nous différencie du PCF ? Nous sommes organisés en le plus possible de groupes d’action (un peu l’équivalent des cellules du PCF). Donc en petites structures locales. Chaque groupe d’action peut entreprendre des relations d’action avec un ou plusieurs groupes d’action géographiquement voisin, sans avoir à en référer au national. Nous avons donc une libre capacité d’initiative purement locale et/ou horizontale avec les groupes d’action voisins. La condition étant, qu’évidemment, nous défendions tous notre programme national l’Avenir en commun.
D’autant plus que tous les militants ont été sollicités pour le construire, ou l’amender, ou le mettre à jour et l’ont enfin voté, via internet. Le vote majoritaire s’imposant à tous.
Autre particularité de LFI, dès lors qu’un militant est porteur d’un mandat populaire, ou est choisi pour en obtenir un : député, sénateur, conseiller départemental, maire, adjoint au maire, conseiller municipal, d’autant plus s’il s’agit d’un mandat financièrement indemnisé par l’État, ses obligations de respecter les engagements électoraux de LFI, sur la base desquels iel est élu(e), sont bien plus grandes que celles des militants sans mandat électoral, comme moi.
Selon ces règles, connues de nous tous, au sein de LFI, nous n’acceptons pas de dire que les Corbière, Garrido, Simonnet,…… ont été purgés par LFI. Avant même que nous sachions qu’allaient avoir lieu des élections législatives en juin et juillet 2024, ils avaient déposé les statuts d’Après. Ce n’était ni plus ni moins que l’introduction d’une tendance organisée dans LFI. Le sachant à temps, les dirigeants de LFI ont donc très normalement décidé de ne pas leur accorder l’étiquette LFI en juin 2024. Pour Autain et Ruffin, ce fut pire. LFI les a réinvestis dans leur circonscription, mais dès leur réélection obtenue, ils se sont inscrits dans un autre groupe de l’AN, Les Verts, en l’espèce. Ruffin a même poussé le vice jusqu’à dire que, durant sa campagne électorale, LFI l’a poussé à faire des tracts différenciés selon les particularités ethniques de la population des quartiers de sa circonscription. Alors qu’il n’en fut rien. De tous les candidats LFI de France, il est le seul à avoir choisi de procéder ainsi. Tous ces gens se sont donc auto-purgés. Et maintenant, les voilà qui chialent sur leur sort, auprès de ceux qu’il y a quelques mois seulement ils considéraient comme leurs adversaires.
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