« La valeur travail, à quel prix ? » – Introduction de Jean-Luc Mélenchon

dimanche 8 juin 2025.
 

Jean-Luc Mélenchon est intervenu à l’occasion d’un colloque exceptionnel « La valeur travail, à quel prix ? » de l’Institut La Boétie, le 24 mai 2025.

Samedi se tenait le colloque de clôture du cycle de l’Institut La Boétie sur le travail. J’ai reçu la mission d’introduire cette journée. Mais je ne prétendais pas introduire le thème lui-même. Je n’en ai pas les compétences académiques. Celles-ci étaient bien représentées dans les tables rondes qui se sont succédé. Cependant j’ai pensé que mon introduction me permettait de formaliser mes idées sur quelques aspects du sujet. J’en ai donc tiré le texte qui suit à partir de mon intervention prononcée et de celle que j’avais d’abord rédigée. Puis j’y suis revenu pour compléter et préciser. Je décide à présent de publier le résultat de ce travail sur mon blog dans les contributions que j’y dépose après une séance de l’Institut à laquelle je participe. Avec le souhait qu’il puisse être utile à mes lecteurs.

ACTUALITÉ

Le thème du travail a été choisi par le conseil scientifique de notre Institut La Boétie il y a un an. Il a été porté par la chaire du département de sociologie que madame Danièle Linhart a accepté de prendre en charge. Des milliers de personnes ont alors assisté à ses cours en salle ou en ligne, que ce soit en direct ou en rediffusion sur internet. Ces interventions ont été particulièrement suivies puisqu’elles ont réuni 51 000 télé-auditeurs. Ce succès signale aussi le retour du thème dans l’actualité des séquences politiques en France.

En effet, la droite politique et même certains secteurs de la gauche l’ont ramené sur le devant de la scène. Cela dans une forme culpabilisante assez traditionnelle. Sous prétexte de combattre ce qu’ils ont osé appeler « l’assistanat », présenté comme un refus de l’effort au travail, les uns et les autres ont exalté ce qu’ils appellent « la valeur travail ». Tout le monde a immédiatement bien compris qu’il ne s’agissait pas de la valeur du travail reconnue par son prix c’est-à-dire le salaire. Le travail dans leur optique est une valeur morale. Un comportement social nécessaire à la bonne santé mentale de la société. C’est ici le retour à la forme la plus archaïque du discours sur le sujet.

Un point de vue que résume bien l’opposition mise en scène à ce moment-là entre le devoir de travailler et « le droit à la paresse ». Car Paul Lafargue, et son livre ainsi intitulé, était alors convoqué comme le symbole de l’aveu de fainéantise. Ce tableau se résume alors vite par une équation simple où les lointains ancrages bibliques sur le sujet rejoignent les impératifs de profit du présent.

Le travail est la punition du péché originel et de l’expulsion du jardin d’Eden. Le chômage est le résultat du refus de travailler par ceux qui préfèreraient « être assistés » que de traverser la rue pour prendre leur part du travail nécessaire.

LE TRAVAIL INVISIBILISÉ

Bien entendu, il n’est question ici que du travail salarié. Toutes les autres formes de travail n’ont pas de place dans les discours simplistes de la « valeur travail ». C’est le cas par exemple pour le travail domestique, le travail artistique, et toutes les formes de travail non salariées.

Cette vision du travail, concentrée bien sûr sur le travail salarié bien fait et en silence, et si possible sans syndicalisation, c’est-à-dire le travail comme valeur morale, est une des innombrables manières de le déshumaniser.

Déshumanisation ici signifie faire comme si le travail mis en œuvre était séparable de celui qui l’effectue – un être humain – et du contexte qui le rend possible. Cette vision déshumanisée du travail humain, je l’ai vue à l’œuvre lors du débat sur les 35 heures au Sénat. Les adversaires des 35 heures voulaient prouver que le temps de travail salarié à réduire devait lui-même être déjà diminué de tout ce qu’ils appelaient les « temps morts » de la production. Il s’agissait de savoir combien de temps était « réellement productif » dans le temps passé sur le poste de travail. Ce temps, finalement, dans ce type de comptabilisation, c’était celui du seul geste productif lui-même.

Ainsi voulaient-ils soustraire du temps de travail des ouvriers de la construction du métro Éole et Meteor le temps passé à marcher sous terre en bottes de travail pour rejoindre le front de taille. Il fallait aussi retirer du temps de travail des ouvriers de la boucherie de Rungis le temps pendant lequel ceux-ci devaient s’habiller ou se déshabiller pour entrer ou sortir des congélateurs. Ce temps représentait jusqu’à une demi-heure de travail qu’on nous demandait de ne pas compter comme du « travail productif ». Mais quel travail productif était-il possible sans être au front de taille et comment y aller sinon sous terre et à pied ? Quel travail pouvait-il être fait par des températures largement inférieures à zéro avant de passer a bien au-delà ? La question était toujours la même quand commençait le « geste productif » ? Comme si ce geste était fait par une machine !

Or, une machine n’aura jamais la compétence qu’a un être humain de corriger le process de travail à mesure où il se déroule. Cette déshumanisation du travail correspond à un objectif : augmenter la part de travail gratuit en diminuant la part de travail payé.

CONDITIONS SOCIALES DU TRAVAIL

Mais s’il faut analyser le travail à partir de ce qui le rend possible pour le travailleur, alors les coûts doivent prendre en compte une large palette de conditions à réunir. On peut même dire qu’ils incluent toutes les tâches de la reproduction sociale qui sont alors imputables au coût réel du travail et donc à son prix.

C’est ce qu’a illustré Nancy Fraser dans ses exposés sur le travail de reproduction sociale, que nos étudiants peuvent retrouver sur le site de l’institut. Nous savons que ces idées font leur chemin. Au Mexique, la présidente, notre camarade Claudia Sheinbaum, l’a pris en compte. Ainsi a-t-elle fait adopter un principe de retraite anticipée pour les femmes qui ont éduqué des enfants.

Le prix du travail est à la racine de la crise de notre époque. Il est à l’origine de la délocalisation généralisée depuis les années 90, de la réorganisation de la production dans le monde, et de la hiérarchie des puissances. Il est à la base de la crise de notre société en France quand la répartition entre le capital et le travail a permis une prise d’avantage de dix points en faveur du capital depuis 1981. Il est la réponse du capitalisme à la baisse de l’accumulation et à celle de la productivité. Il sous-évalue en permanence les besoins humains des salariés, comme si le travail pouvait s’évaluer dans une autre référence que celle-ci.

Le prix du travail peut-il être un prix libre ? Oui répond la logique de l’Union européenne, le prix du travail est déterminé par la loi du marché. Mais dans notre logique, celle du programme « L’Avenir en commun », il ne peut pas y avoir de travail payé moins que ce qu’il coûte à produire et aussi à reproduire.

L’évaluation sociale du prix du travail ne s’arrête pas là. Car chaque fois que l’on exige du temps de travail salarié supplémentaire pour en tirer du travail gratuit et produire de l’accumulation, c’est autant de travail que l’on retire à la production globale nécessaire pour que la société soit humaine. Autrement dit, le travail capté sur l’âge de la retraite, c’est du travail confisqué à la disponibilité qu’il avait auparavant pour le reste de la société. Car je ne vous apprends rien en rappelant cette statistique éloquente : les personnes de plus de 60 ans constituent plus de 80 % des maires et des conseillers généraux qui animent la démocratie de base de ce pays, et plus de 90 % de certaines catégories de travail bénévole. Le travail soustrait au travail domestique doit être remplacé par du travail salarié qui ne produit aucune quantité de travail supplémentaire. Et ainsi de suite.

Tout temps capté abusivement par le travail salarié, est un temps volé à sa disponibilité en général. Pourtant c’est toujours la même affaire. Le travail est analysé comme si son prix avait une référence extérieure au prix de sa production globale. Et cette référence, on nous propose que ce soit celle du prix qu’il coûte ailleurs. Quand il coûte moins cher bien sûr. Jusqu’à considérer que rien ne vaudrait mieux qu’un travailleur payé avec une tartine beurrée ?

TRAVAIL ET QUALIFICATION

La discussion du prix du travail en croise une autre tout aussi décisive : celle de la qualification. Qualification n’est pas « compétence ». Pourtant une bataille internationale vise à remplacer la notion de qualification par celle de compétences. Ainsi celle-ci est-elle fragmentée, déshumanisant une fois de plus le travail réel. Et aussi soit dit à passage pour empêcher un travailleur de contrôler une chaîne trop longue de la production.

Dans notre approche, la qualification est attachée à la personne du travailleur. C’est elle qu’on évalue, c’est elle qu’il faut rémunérer. Autrement dit, ce n’est certainement pas le poste de travail qui fonde la rémunération.

C’est ce que j’ai vu à l’entreprise M.A France, où les travailleurs refusaient d’être payés selon les postes changeants. Car disaient-ils « nous, on est nous-mêmes tout le temps. Nous ne sommes pas des personnes différentes selon la machine, ici ou là ». La qualification, qui est le cœur de la rémunération dans la lutte de classe, ne peut être payée moins que ce qu’elle coûte à la société pour produire et reproduire ce travailleur qualifié.

Le système actuel rémunérant les compétences tend à découper les qualifications en petits bouts pour les transformer en gestes de travail isolés. Non, la qualification ne peut pas être réduite à des gestes ou des compétences isolées. Le travail sans qualification n’existe pratiquement plus. Même les salariés du nettoyage manient des produits et les appliquent dans des normes strictes, faute desquelles toute une production peut être mise au rebut, comme on le voit dans l’alimentation artisanale ou industrielle. À mesure que le contenu technique du travail s’accroît, les métiers tendent à devenir des sciences pratiques. La qualification consiste à acquérir les savoirs nécessaires à la production. Mais aussi à les développer en fonction des changements de machines. Au demeurant celles-ci se renouvellent tous les cinq à dix ans. Maitriser l’évolution des techniques de production suppose d’en connaitre les conditions initiales autrement que par des routines gestuelles. Dès qu’on change de machine, les gestes ne suffisent plus. Il faut de nouveaux savoirs. Essayer de passer d’une machine à commande manuelle à une machine à commande numérique : ce n’est pas en donnant une banane au travailleur pour avoir appuyé sur le bon bouton qu’il saura la faire fonctionner.

Je l’ai vu encore en visitant une entreprise à Turin occupée par ses salariés : on leur avait divisé par deux le nombre de travailleurs sur la chaîne de production en disant « on vous met des machines, elles vont produire le double ». Mais cela oubliait que ces machines nécessitent une commande numérique, et que derrière la commande numérique, il faut des gens. Adieu la réduction des postes de travail productifs. De plus, lorsque la tôle s’engageait mal et que la machine se bloquait, seul un ouvrier pouvait intervenir efficacement. Un ouvrier a même découvert que les pannes survenaient tous les jours à la même heure parce qu’un rayon de soleil passait par un trou dans le toit et aveuglait les capteurs. Aucun ingénieur n’avait identifié cela. Seul quelqu’un qui connaissait réellement le process du travail pouvait l’identifier.

Le capital a toujours intérêt à sous-évaluer cette acquisition de savoirs généraux, à faire croire qu’elle est inutile. On devine pourquoi. J’ai vu des jeunes en bac professionnel « chaudronnerie » faire des carlingues d’avions ou de bateaux, réglées au micron près. Et pourtant, à la sortie, ils n’étaient pas payés comme les diplômés des grandes écoles qui faisaient exactement la même chose.

Cela démontre que la machine ne remplacera pas l’homme, mais que le capitalisme tentera toujours de faire ressembler l’homme à la machine, dans le seul but de ne payer que l’acte productif.

QUALIFICATION ET POSTE DE TRAVAIL

C’est pourquoi la définition des qualifications et l’attribution du prix du travail à la qualification du salarié plutôt qu’au poste de travail qu’il actionne sont au cœur d’une politique salariale « réaliste ».

Car le modèle déqualifiant produit aussi la baisse de la productivité du travail. De fait, la productivité réelle n’est pas obtenue en exploitant des gens non qualifiés, mais en valorisant les savoirs et les qualifications globales des travailleurs. Le système de l’apprentissage tel qu’il est conçu aujourd’hui illustre bien cette impasse. On a mis des milliers de jeunes en apprentissage sans maître d’apprentissage. Et même quand il y en a un, le rôle d’un salarié et sa qualification n’est pas forcément de former les autres. Pour finir, ce que peut faire l’apprentissage dans ces conditions, c’est juste reproduire les mêmes gestes à l’intérieur d’un process de travail invariant.

Le résultat est désastreux ! Parce que lorsque vous collez un million de jeunes en apprentissage dans les entreprises sans formation suffisante, vous ne pouvez pas espérer qu’ils aient la productivité des gens formés. Et ensuite, on s’étonne de voir la productivité du travail baisser. Mais on a choisi délétèrement de mettre des gens avec des niveaux de qualification limités pour pouvoir les exploiter et baisser les coûts de production.

Cette logique enchaîne les erreurs. J’en donne un exemple. Au Mexique, il y avait – et il y a toujours – un système où, quand un travailleur arrive dans une usine, on lui dit « vous savez faire construire cette voiture ? », il répond « non ». On lui dit alors « il y a une école pour cela. Vous payez votre formation et ensuite vous revenez avec un certificat d’aptitude ». Ce papier a une valeur de cinq ans. Et comme la durée de vie d’une voiture est de sept ans, au bout de sept ans votre papier ne vaut plus rien. Il faut alors retourner à l’école acheter un autre certificat d’aptitude. C’est une forme de servitude moderne où une compétence fonctionne comme une laisse autour du cou du salarié.

VALEUR DU TRAVAIL ET BAISSE DE LA PRODUCTIVITÉ

C’est toute la logique du capitalisme financiarisé : découper le travail en tâches simples, transformables en marchandises. Mais cette logique atteint sa limite. Tous les pays sont aujourd’hui touchés par une même crise interne de baisse de productivité. Elle s’ajoute à la conséquence de la baisse du pouvoir d’achat du travail sous-payé. Car pour que l’accumulation se fasse, il faut encore que quelqu’un achète ce qui est produit. Parce que le capital n’est pas une chose, c’est un processus. Et si vous construisez une voiture, mais que personne ne peut l’acheter, ce n’est qu’un tas de ferraille. Le flux marchandise / argent / marchandise est la base du processus d’accumulation capitaliste.

A présent cette logique est poussée à l’absurde. Dans l’industrie textile par exemple, 30 % des tee-shirts produits dans le monde sont détruits sans jamais être portés. Cette surproduction n’a donc aucune valeur d’usage et donc pas de valeur d’échange. Elle ne sert qu’à saturer les marchés pour en contrôler les prix. Voilà le niveau de gaspillage d’une économie fondée sur l’idéologie du « pas cher ».

La question du prix du travail, de sa qualification, de la valeur réelle de ce qui est produit, est une question anthropologique, pas seulement une question économique. Elle renvoie à l’organisation générale de la société et de ses rapports sociaux de reproduction.

DÉFINIR LE PRIX DU TRAVAIL

Il existe aujourd’hui deux systèmes en Europe pour définir le prix du travail. Le premier, celui de la vieille social-démocratie du nord de l’Europe. Elle fonctionne sur le modèle de l’accord de branche. Si vous êtes employé d’une entreprise où un accord de branche a été signé, vous bénéficiez des avantages de cet accord si vous êtes vous-même syndiqué et si votre patron l’est. C’est un système cohérent. Il s’effondre à l’instant où le patron est un fonds de pension ou un financier qui refuse de négocier et qui dispose de la possibilité de se soustraire.

Le second modèle, celui de la République sociale française, repose sur le principe de faveur : aucun accord ne peut être inférieur à la loi. Et la convention signée est applicable à toutes les entreprises et salariés de la branche. C’est ce principe « de faveur » que M. Macron a détruit en premier, en renversant la hiérarchie des normes. Il a d’ailleurs tué aussi de l’intérieur la possibilité de ce type de négociation. Il a supprimé des milliers de postes de délégués syndicaux. Et il a passé son temps à s’en prendre aux corps intermédiaires. Dès le début de son mandat, son action annoncée comme une « révolution » par son livre pour l’élection présidentielle de 2017, a été « contre-révolution » par rapport à 1936 et 1945.

Cette situation appelle une réponse politique forte. Nous devons rétablir le principe de faveur : la loi prime sur l’accord de branche, qui prime sur l’accord d’entreprise. Nous devons défendre les corps intermédiaires, syndicats en tête, garants du rapport de force et de la conquête des droits sociaux.

C’est entre ces deux systèmes qu’il faut choisir. Et nous faisons notre choix : celui de la République sociale.

Non, le prix du travail ne peut pas être un prix libre. Nous devons établir à quoi il est attaché. Ce ne peut pas être une simple comparaison des prix. Il faut qu’il soit basé sur le coût de production de la qualification, sur sa transmission, sur l’investissement social qu’elle représente. Un bon salaire fait ensuite germer des carnets de commande plein et des emplois à la hausse parce que le salaire sera de la dépense.

Le « pas cher », ça n’existe pas : il n’y a que du coût caché et nié, social et environnemental. Il faut que cette réalité soit comprise, intégrée, imposée dans le débat public et dans la loi.

La crise de la gauche traditionnelle mondiale et la baisse de la part du travail par rapport au capital trouvent une source unique : la mutation du capitalisme contemporain en capitalisme financier transnational, dominé par l’oligarchie des fonds de pension et des fonds de placement. Ce capitalisme a développé une stratégie basée sur la délocalisation, la déshumanisation, la fragmentation des qualifications et la mise en concurrence généralisée des travailleurs, jusqu’à vouloir délocaliser même le travailleur lui-même, via les contrats de « travailleurs détachés ».

L’Union européenne s’est organisée pour annexer dix pays à la sortie de l’URSS, leur imposant une mode d’accumulation capitaliste sans harmonisation des normes sociales. Le prix du travail, dans cette logique, devient une variable d’ajustement soumise uniquement à la loi de l’offre et de la demande. C’est ce qui a conduit aux grandes vagues de délocalisation et à la guerre commerciale actuelle, dans laquelle les États tentent de reprendre le contrôle du prix via les droits de douane, après l’avoir abandonné pendant 40 ans.

EN RÉSUMÉ, LES DEUX MODÈLES

Face à cela, les deux modèles s’opposent. Le modèle du moins cher, qui nie la valeur humaine du travail et produit toujours plus de précarité. Et celui d’une République sociale, dans lequel le bon salaire génère des carnets de commandes pleins, et des emplois qualifiés à la hausse.

Dans ce second modèle, le salariat est fondé sur la qualification de la personne, et non sur la tâche exécutée ou le poste de travail occupé. C’est pourquoi nous défendons l’évaluation du travail sur la base de la qualification. Et celle-ci intègre toujours l’éducation, les savoirs généraux, les capacités artistiques ou littéraires, la maîtrise du débat, et la capacité d’adaptation aux évolutions techniques de ce fait.

On ne peut pas avoir de prix du travail inférieur à ce qu’il en coûte pour produire un être humain qualifié, formé, éduqué, en bonne santé, entouré, capable de répondre à des normes techniques, scientifiques, sociales et écologiques. C’est cela le socle de la République sociale.

C’est pourquoi nous devons rejeter les écoles de production, les dispositifs d’apprentissage sous-formés, et les certifications éclatées, qui ne visent qu’à déqualifier. Cette déqualification, systémique, entraîne une baisse de la productivité du travail, car des tâches mal accompagnées, mal évaluées, nuisent à la qualité et au sens même du travail.

Mais c’est entre ces deux modèles qu’il faut choisir : entre l’accumulation capitaliste par la concurrence libre et non faussée et le libre-échangisme mondial, et la République sociale.

Je terminerai en disant ceci : le travail est une question anthropologique. Ce n’est pas une marchandise ordinaire. Il ne peut pas être évalué comme un coût, comme un prix extérieur aux productions. Il doit être conçu comme une composante essentielle de la vie humaine, de la citoyenneté, de la dignité, de la culture, de la création, de la transmission.

Et c’est en ce sens que nous devons défendre un prix du travail juste, qualifié, socialement défini, et politiquement organisé.


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