Gouvernement Netanyahou « une bande de suprémacistes, de fascistes, de fondamentalistes »Élie Barnavi, ancien ambassadeur d’Israël en France

lundi 9 juin 2025.
 

L’ ancien ambassadeur d’Israël en France dénonce le pouvoir de Netanyahou, « une bande de suprémacistes, de fascistes, de fondamentalistes » et des ministres qui « devraient être derrière les barreaux ». Et il demande avec force à à l’Europe de, enfin, se mobiliser.

Elie Barnavi – Historien, ancien ambassadeur d’Israël en France (2000-2002) – était ce lundi 26 mai l’invité de l’émission « C ce soir », sur France TV. Il a dit sa révolte et son indignation sur la situation en Israël et a lancé un vibrant appel à la mobilisation des mais d’IsraëL. Extrait :

« J’ai honte, je suis humilié d’être citoyen d’un pays gouverné par un tel gouvernement. C’est un sentiment difficile à exprimer. D’ordinaire, on n’est pas forcément d’accord avec tel ou tel gouvernement. C’était mon cas pendant longtemps, mais bon. Et là, on a changé d’échelle. On a affaire à des gens — il faut bien comprendre de quoi il s’agit — ce sont des ministres qui, en France, seraient derrière les barreaux.

Il s’agit d’ « une bande de suprémacistes, de fascistes, de fondamentalistes » et des ministres qui « devraient être derrière les barreaux ». Et il demande avec force à à l’Europe de, enfin, se mobiliser tous ensemble. Lors de l’année que nous avons passée, nous avons passé notre vie à manifester contre la réforme judiciaire. Avant même le 7 octobre. On nous menaçait de nous transformer en Hongrie. Ce n’est pas la Hongrie, c’est la Hongrie plus les fondamentalistes religieux. Vous vous rendez compte, on serait plus près de l’Iran que de la Hongrie. Donc voilà, il ne s’agit pas seulement de ce qu’ils disent, il s’agit de ce qu’ils font, de la manière dont ils justifient ce qu’ils font.

On est dans une espèce de bulle d’horreur qui, pour des citoyens comme moi, est absolument insupportable. Alors, beaucoup s’en vont. Nous avons perdu entre 60 000 et 80 000 Israéliens qui ont quitté le pays parce qu’ils n’ont pas supporté. Et ce ne sont pas n’importe quels Israéliens : ce sont des gens jeunes, des professionnels qui portent l’économie de ce pays sur leurs épaules, et ils ont décidé que ça suffisait comme ça.

Il y a une caricature « amusante » dans le journal Haaretz : nous sommes dans un avion de la compagnie El Al (israélienne) et l’hôtesse demande : « Y a-t-il un médecin dans l’avion ? » et tous les passagers lèvent la main ensemble. C’est une plaisanterie amère, mais tout à fait juste : les gens votent avec leurs pieds.

Q : Vous savez que ce que vous dites peut être récupéré par des gens qui détestent Israël depuis toujours ?

Oui, mais ils n’ont pas besoin de moi, vous savez. Ceux qui nous haïssent, ils nous haïssent. Ce n’est pas à eux que je parle. Ce n’est pas à eux, c’est à vous, c’est à des gens normaux, des amis, des gens qui n’ont jamais été anti-israéliens, qui ne sont certainement pas antisémites.

Et si je parle à ces gens-là, c’est pour leur dire : nous avons besoin de vous pour nous aider à nous en sortir. Et là, je dois dire que cela fait des années que je crie dans le désert, que je supplie les Français, les Européens, les gouvernants, de faire quelque chose, de sortir des rituels, des phrases entendues. Tout ça, ça n’a plus aucun sens. Et je le demande : mais il faut, si vous êtes amis d’Israël comme vous le prétendez, : aidez-nous et aidez Israël maintenant. Ce n’est pas aider Netanyahou ! La confusion stupide, criminelle, qui ne cesse d’être faite entre le peuple d’Israël et son gouvernement est absolument insupportable et nous mène à la ruine.

Nous aider aujourd’hui ? Cela veut dire mettre le gouvernement d’Israël et le peuple d’Israël devant leurs responsabilités, et dire : voilà ce qui risque de vous arriver si vous continuez comme ça. Et nous ne sommes pas… vous savez, les Israéliens ne sont pas la Corée du Nord. On ne peut pas vivre seuls. Sans l’Europe — sans même parler de l’Amérique — l’Europe pourrait être un acteur de poids. C’est notre principal partenaire commercial, le principal partenaire scientifique, touristique, tout ce que vous voulez. C’est notre hinterland. L’Amérique est loin, l’Europe est à côté. Si l’Europe avait voulu… Mais il faudrait pour cela que l’Europe existe d’abord. »


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